(...) le jeune cordonnier a 25 ans quand il est subitement frappé, et ce pour la première fois, par une révélation surnaturelle et divine. Celle-ci survient à la vue d'un jeu de lumière « jovial » sur un vase d'étain. À cet instant Böhme a le sentiment d'être transporté au cœur même de la réalité, il saisit subitement la notion de « centre » duquel émane toute vie. À l'instar de Paracelse, le théosophe affirme que la nature porte le sceau de l'empreinte de Dieu sous formes de « signatures » apposées par le créateur à l'intention de ses créatures, traces que seules les personnes éveillées sont aptes à déchiffrer. Il suffit de réveiller cette faculté innée que possède tout être humain au plus profond de son être. Cette vision et les enjeux que Böhme en a tiré sera le fil conducteur de toute son œuvre : elle aboutit douze années plus tard, c'est-à-dire entre janvier et mai 1612 à la rédaction de son premier manuscrit : L'Aurore naissante, ou la racine de la philosophie, de l'astrologie et de la théologie. Cet ouvrage écrit comme un mémorial relate la « naissance » de Dieu, celle de la Nature Éternelle véritable corps spirituel divin, ainsi que la création du monde terrestre et de toutes les créatures du ciel et de la terre. Le pasteur de Görlitz Grégor Richter ayant vent de cet écrit mystique en 1613, condamne l'ouvrage et son auteur. Le manuscrit est confisqué et Böhme passe quelques jours en prison.
(...) Notre société, française surtout, a tendance à rejeter par orgueil cette dimension irrationnelle (ou plutôt qui échappe au rationnel) du monde et de l'être humain au nom d'une supériorité et d'une suprématie exacerbées de la raison raisonnante et de la science. Nous sommes tellement conditionnés par cet état d'esprit que beaucoup de parents obligent encore leurs enfants à suivre un cursus scientifique au lycée pensant qu'ils réussiront mieux dans la vie. C'est un tort et cela revient à s'illusionner, à nier un aspect crucial de la réalité. D'où le paradoxe d'un retour en arrière indispensable afin d'aller de l'avant c'est-à-dire dans le but de renouer le lien brisé entre la science, la philosophie et la magie. Ainsi armé l'homme serait à nouveau capable de s'élever au dessus de sa condition devenue par trop matérialiste et superficielle.
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Jacob Böhme, le divin parleur
Non-FictionLe théosophe allemand Jacob Böhme, un pur génie, est toujours méconnu en France. Il a pourtant joué un rôle capital dans les milieux artistiques, littéraires, philosophiques et autres en Europe et en Russie où il fut immédiatement adulé comme un sai...