OS #4 (Callie) - Liberté volée

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Coucou!

Comment vous allez? Bien? Super!

Je vous propose aujourd'hui un petit OS bien chelou, qui concerne un petit personnage qui nous a quittés.ées!

 *mouchoirs*

On se situe en octobre 1985, au beau milieu de la plus belle saison: L'automne!

Sur ce, bonne lecture!

Callie Williamsღ

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Haut d'à peine un mètre, les oreilles pointues, vêtu d'une taie d'oreiller qui commençait à devenir noire, debout sur une chaise; l'elfe observait le décor d'automne derrière la fenêtre. Les feuilles humides d'une pluie récente, éparpillées sur le sol , rouges, oranges, marrons, jaunes se mélangeaient et donnait au paysage quelque chose de magique. Ce qui était bien le cas, car les couleurs étaient un peu trop flamboyantes pour être naturelles.

Un sentier bien net se dessinait entre les feuilles, trop parfait, trop droit encore une fois pour être naturel. L'elfe écarquillait les yeux, ébloui par ce paysage aux couleurs vives. Il était sûr qu'en entrouvrant à peine la fenêtre, il sentirait le vent empreint de l'odeur de la terre mouillée. Il avait l'impression que s'il posait ses pieds sur les parterres de feuilles, il sentirait la fraîcheur de l'automne affluer partout dans son corps. Il était persuadé que s'il pouvait grimper dans un des arbres qui surplombait le dehors, il verrait tout ce qu'il n'avait jamais pu voir.

Mais il ne pouvait pas. C'était interdit.

Dobby posa sa main dotée de longs doigts fins sur la vitre, comme s'il espérait la traverser afin de goûter à la saveur du vent, rêver au contact des feuilles multicolores, embrasser l'horizon qu'il ne voyait jamais. Afin de goûter, ne serait-ce qu'un instant à cette notion de liberté qui lui était totalement inconnue et surtout, interdite.

Il approcha son visage pour se retrouver à quelques millimètres de la vitre, créant de la buée à chaque respiration. Il leva brièvement les yeux et les posa sur la poignée ouvragée de la fenêtre qui imitait une gueule de serpent. Que se passerait-il s'il l'ouvrait? Rien qu'une seconde. Le temps de sentir le vent.

Oui.

Il allait ouvrir la fenêtre. Après tout, personne ne pourrait jamais le savoir, et même si quelqu'un le surprenait, qu'y avait-il de mal? Il leva le bras, et posa un doigt sur la poignée de la fenêtre. Pendant un instant, il craignit que le serpent d'argent sculpté  ne referme ses crocs empoisonnés sur lui, mais il ne se passa rien. Alors doucement, il la fit pivoter, et enfin, put ouvrir la fenêtre.

Comme il s'y attendait, un vent frais s'engouffra dans la mince ouverture de la fenêtre et vint lui caresser le visage. L'odeur de terre mouillée parvint à ses narines, plus délicieuse encore qu'il n'avait pu l'imaginer. Il ferma les yeux et inspira, humant à plein poumons cette odeur qu'il associait au dehors, à la nature, à la vie.

A la liberté.

L'envie de bondir par la fenêtre et de courir, de sentir, de toucher, de grimper était quasiment irrépressible. L'odeur de la terre comme fraichement retournée lui chatouillant les narines et le remplissant d'euphorie; il rouvrit les yeux et se pencha un peu plus par la fenêtre pour pouvoir mieux contempler le décor d'automne.

Il lui était impossible de résister. Il voulait rester ici, continuer de humer le parfum automnal, ou mieux encore sortir du manoir, et courir sur les feuilles. Sentir l'écorce du vieux peuplier sous ses doigts. Entendre les feuilles craquer, ou glisser sous ses pieds.

Être libre. Rien qu'un instant.

Il referma lentement la fenêtre, coupant le vent et son arôme, le laissant dans l'atmosphère qu'il trouvait à présent étouffante du manoir. Il descendit de la chaise, et se sentit minuscule, seul, apeuré face à l'immensité de la pièce sombre dans laquelle il se trouvait. Il sortit prestement de la salle, ses pieds nus claquant sur le sol de marbre glacé.

Il passa devant la porte d'entrée, majestueuse, immense et intimidante. Il n'eut pas vraiment conscience de ses gestes qui suivirent. Il sut simplement qu'un instant plus tard, il était sur le perron dans l'ombre du manoir, devant le décor d'automne frais et plein de vie. Il s'avança, une voix dans sa tête qui lui répétait de rentrer et de se punir de son comportement. Mais son euphorie ne tarda pas à la faire taire. Il posa enfin un pied sur le parterre de feuilles, et il sentit aussitôt un minuscule parfum, presque infime s'élever alors qu'il écrasait une feuille. Il fit un pas, puis deux, se délectant du parfum qu'il sentait, du contact de ses pieds avec chaque feuille mouillée, des frissons qui le parcouraient dû à l'humidité, à l'excitation et au plaisir.

Il se pencha et posa ses mains sur le sol humide et recouvert de feuilles. Il ramassa une feuille d'une teinte rouge vif sur les bords, qui se dégradait au centre pour devenir jaune en passant par un délicat orange qui rappelait un soleil couchant qu'il n'avait jamais pu contempler. Ca n'était pas une feuille séchée qui s'écrase et se réduit en miette sur une simple pression de doigts. Non, c'était une feuille comme on en cueillait sur un arbre en début de printemps, avant que le soleil ne vienne dessécher la nature verdoyante pour la transformer en un désert de plante anhydres. C'était une feuille humide, fluide, qui glissait entre les doigts.

Dobby la pressa contre son nez et inspira à plein poumons son arôme. Il allait la ranger dans ce qui lui servait de poche quand il entendit des pas précipités derrière lui. Il fit volte-face, et découvrit un petit garçon, blond et peigné à la perfection, avec un pardessus taillé sur-mesure courir en direction du manoir. Drago Malefoy, le fils de ses maitres, et donc accessoirement, son maitre également.

Son euphorie s'évapora soudain en un claquement de doigts pendant que Drago trottinait dans sa direction. Sa feuille entre les mains, il resta pétrifié devant le petit garçon qui s'était arrêté à sa hauteur. Et s'il racontait tout à ses parents? Son coeur se mit à battre frénétiquement dans sa poitrine, l'horreur de ses actes le frappant soudain, le devoir de s'infliger les blessures qui compenserait son comportement rebelle devenant inné, obligatoire.

-Qu'est-ce que tu fais?

Le ton clair et joyeux du garçonnet le poussa à relever les yeux.

-Je... je voulais ramasser une feuille.

Drago s'approcha et lui prit la feuille. Il la fit tourner entre ses doigts, puis sourit.

-C'est vrai que c'est une jolie feuille. Tu devrais la garder.

-Je ne pourrais pas, Monsieur. Dobby n'a pas le droit de s'approprier les feuilles de ses maitres, aussi jolies soient-elles.

-C'est dommage. C'était une jolie feuille.

Il la tendit à l'elfe, mais voyant que celui-ci restait pétrifié, il laissa tomber la feuille qui tourbillonna faiblement avant de se poser sur le sol.

-Père et Mère ne vont pas tarder. Tu devrais rentrer.

Puis il se remit à courir vers le manoir.

Dobby resta là pendant quelques secondes, les yeux toujours fixés sur sa feuille qui se fondait parmi les autres. Il sursauta en entendant le bruit des talons de Narcissa Malefoy qui tapaient le sol au loin. Il s'apprêtait à rentrer dans le manoir, mais au dernier instant, il se baissa et ramassa la feuille aux diverses couleurs. Il la fourra dans sa poche tout en continuant de courir, laissant ses maitres dans l'ignorance de ses actes rebelles.

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Il avait goûté à la liberté avant même de comprendre ce que c'était. Chaque jour, devant chaque tâche qu'on lui imposait, chaque blessure qu'on lui infligeait, il se rappelait de ce moment où il avait été libre.

Dobby n'avait pas été conçu pour être comme les autres elfes.

Depuis sa naissance, Dobby était né pour être un elfe libre.


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La Gazette des SpammeusesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant