Depuis le départ de Shakur, tout semblait avoir rétréci ; le groupe ; leur amitié ; leur joie ; leurs rires.
Hana voyait ce rétrécissement dans le cœur de ses camarades mais ne savait que faire pour leur venir en aide. Se contentant de vivre de leur amour et d'eau fraîche, la petite fleur coulait des jours sans queue ni tête, triste et mono-terne routine.
Un peu de pétillant et de brillance n'auraient pas été de refus, si seulement les quatre jeunes s'étaient repris en main. Les vacances d'hiver arrivaient à grande vitesse, dans leur molle torpeur et si Idriss n'avait pas agi, le gang aurait bien vite fini englué.
Un soir où la mère d'Aya était de nuit, Idriss, Priya et Cass étaient venus à la maison. Pyjamas étaient de sortie, gâteaux et chips jusqu'au bout de la nuit, et même si à six heures pétantes ils devraient repartir, la petite joie de dormir ensemble les maintenait fébriles.
− Aya... Chante pour nous.
La noire était à la fenêtre se baignant dans l'air nocturne. Seuls Idriss et Hana connaissaient sa voix enchanteresse, et elle le fusilla du regard, irritée qu'il ait vendu la mèche.
− Je... Non pas ce soir.
− Tu chantes Aya ? Allez vas-y ! Je t'ai jamais entendue...
Aya n'arrivait pas à soutenir le regard de Cass, elle voulait l'impressionner oui,
mais chanter... ?
La voix douce de l'Indienne s'éleva alors dans la pièce, douce symphonie aux souvenirs de miel.
− On est là pour toi, tu sais ?
Et là, comme un déclic Aya chanta.
Elle chanta sous la lumière grésillante du salon, elle chanta sous la lumière phosphorescente des étoiles, elle chanta pour son cœur naufragé sur les rivages amoureux et elle chanta pour ses amis aux cœurs enfiévrés. Elle chanta pour Shakur tout seul dans son tandis et pour toutes ces familles meurtries.
Elle chanta, et laissa sa voix voyager.
Quand elle eut fini, la seule chose qu'Hana remarqua fut les larmes de joie qui roulaient sur les joues sombres de la jeune femme.
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LE GANG DES CŒURS BRISÉS
Short Story━━━━━━━━━━━━━━━ Où des jeunes aux âmes en loques, se rencontrent sous la pluie, se pansent leurs blessures, pour finalement mourir un peu plus. Où des jeunes aux histoires hétéroclites, sont les souffre-douleurs d'une société en faillite, vivant des...
