7. Regards

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Hey !

Voilà ma septième nouvelle, je te souhaite une bonne lecture ! 

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Anaïs. 23 ans. Sourde de naissance. 

Elle, elle voyait, elle sentait, elle touchait et elle goûtait. Mais entendre, ça lui était impossible, elle ne savait même pas ce que cela signifiait.

Seulement, ça ne l'affectait pas particulièrement. Bien sûr elle se reconnaissait différente mais ça ne lui semblait pas être un handicap dans sa vie. Elle avait toujours vécu dans le silence. 

Se référant aux autres sens pour se réguler, elle se servait de ces derniers en les affûtant. Cela lui permettant de lire sur les lèvres, de sentir très précisément les sensations sur sa peau. Au fil du temps, elle parvient à presque déchiffrer les pensées des gens par leur comportement, leur langage corporel comme ils l'appelaient, leurs mimiques du visage et par dessus tout, les regards.

Ces regards tellement expressifs, profonds, exprimant des milliers de paroles en plus de celles prononcées. Ils dévoilaient l'âme, les yeux sont son miroir, c'est bien connu. Ces regards que beaucoup croyaient silencieux et invisibles mais qui hurlaient si fort pour elle. 

Ces pupilles, fussent-elles grises, bleues, brunes, vertes ou noires, dévoilaient chacune à des moments changeant, des dizaines d'émotions différentes, la tristesse ou l'abattement, la joie liée à l'amour et l'amitié, la haine, la jalousie, la moquerie et la mesquinerie, la peur comme la hantise... ces ressentis qui faisaient de leurs propriétaires, des personnes vivantes et bien humaines.

Tout ça lui permettait, d'anticiper, de comprendre plus vite son interlocuteur, de régir ses actions en fonction. Elle passait son temps à analyser les autres, elle observait, sondait en un long coup d'œil. 

La jeune femme avait aussi apprit à se camoufler, au cas où. 

Un jour, elle rencontra Éden. Exubérant au possible, parlant sans cesse, très énergique. Pas plus intriguée que ça, elle le survola rapidement puis passa à autre chose.

Quelques mois plus tard, il reçu un appel téléphonique en sa compagnie et au fur et à mesure que la conversation avançait, elle voyait apparaître un nouveau visage sous son masque de joie qui se dissolvait progressivement. Profondément surprise, elle se remit à l'examiner durant plusieurs jours et à son plus grand étonnement, elle s'était effectivement parfaitement trompée en lui attribuant sans pousser plus loin, l'image qu'il affichait presque en permanence. 

Elle décida alors d'essayer de le comprendre, elle se rapprocha de lui, durant des semaines, puis des mois. Passa un an, une année de longues discutions, de rires et de larmes, douze mois d'interrogations et de réponses partielles, cinquante-deux semaines d'amitié puis d'amour.

Ils étaient devenus très proches et il lui avait alors révélé que de la même façon qu'elle, il avait apprit à décrypter les réflexions des gens et avait décidé de s'en protéger en se construisant une sorte de façade. Ils s'étaient peu à peu dévoilés, osant se montrer ce qu'ils avaient toujours cachés.

Ils s'aimèrent à en crever les yeux, même bien plus tard dans leur existence. Et ça, tout le monde pouvaient le voir. 

Pour elle, c'était leurs yeux qui devenaient ses oreilles. 

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Voici la citation imposée:

« J'entendrai les regards que vous croirez muets » de Jean Racine

J'espère vraiment que tu as apprécié,

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Merci !

Amélie_lys

Défilé de nouvelles / OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant