(la musique est à écouter pendant la lecture afin de créer une ambiance plus apte à ressentir tout ce que texte peut faire naître)
Je ferme les yeux et le noir m'aspire instantanément. J'erre dans un océan hostile, sans but précis. Qu'est-ce que je vois? Rien. Non, attend. Si, il y a une faible lueur au fond du tunnel sombre et détérioré dans lequel je viens d'atterrir. Je peux l'apercevoir, elle est réconfortante, comme une amie de longue date qui me tend la main. Elle m'appelle. Hypnotisée, je m'élance vers elle en abandonnant tout derrière moi, usant de mes dernières forces pour atteindre le bout. Je n'ai plus que son image, son éclat gravé dans mon esprit. Je ne pense plus qu'à elle, plus qu'à la sensation indescriptible que va procurer mon épiderme frappé de ses rayons de douceur. Mes jambes bougent d'elles-mêmes, comme animées par leur propre volonté. Je ne peux plus m'arrêter, et je ne le souhaite pas. Je veux juste franchir l'arrivée, je veux qu'elles me portent jusqu'au bout. « Vite, plus vite, cours plus vite, cours pour ta vie! », j'ai besoin que cette lumière prenne possession de mon corps, je le sens, cette vérité me prend par les tripes et me serre le cœur. C'est vital. Je le sais. Pourtant, plus j'avance, plus j'ai l'impression que je suis à des kilometres d'elle. Plus j'avance et plus j'ai l'impression que la source de toutes mes envies s'éloigne de moi. Reviens... REVIENS! Je sens que mon propre corps ne va pas tarder à me lâcher et mes forces m'abandonner et me faire trébucher au sol. Non. Tiens encore un peu. Encore. Encore, ENCORE! Soudain, une trappe s'ouvre sous mes pieds et c'est tout mon être qui chute inévitablement vers le sol situé en dessous. Encore 50m? 10? 1? Ce n'est plus qu'une question de temps. Pourtant, ce n'est pas l'impact qui va faire de moi de la chair à pâtée qui m'importe à ce moment précis. Non, les yeux levés vers le plafond, mon regard s'accroche désespérément aux derniers rayons de lumière que dégage la source d'étincellement dans laquelle j'allais me baigner il y a seulement quelques secondes. J'y étais presque, presque....Pourquoi? La vie est injuste. Trop injuste. Mon corps continue sa course folle vers le sol, se faisant emporté sans ne rien pouvoir faire par la gravité. Je ne veux pas tomber, je veux toucher cet entité, cette matière, m'y plonger tout entière. Pitié. Pitié. Tout à coup, mes yeux s'ouvrent brusquement sur un bloc chirurgical d'hôpital. Je suis alors aveuglée par les lampes suspendues au dessus de moi qui émettent une lumière blanche forte. Des perfusions me parcourent le corps et un masque est posé sur mon nez. Mon crâne me lance d'une douleur atroce. Je pose mes yeux sur les 3 docteurs vêtus de blouses chirurgicales qui m'entourent, des teasers professionnels et toutes sortes de pincettes et tuyaux ensanglantés entre les mains. Ils ont l'air soulagé. Je me rend alors compte que mon torse est recouvert d'une bâche bleue et est ouvert profondément au niveau de mon cœur qui bat difficilement. Je peux le voir se soulever et s'affaisser à un rythme de plus en plus régulier. A côté de moi, me caressant la main, se trouve ma mère, les larmes aux yeux me regardant intensément.
-Ma chérie, bravo. Tu as survécu à l'impensable. Tu as survécu à la mort.
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25 Août
10h09-11h28

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𝔪𝔦𝔡𝔫𝔦𝔤𝔥𝔱 𝔱𝔥𝔬𝔲𝔤𝔥𝔱𝔰
Não FicçãoJe vous dévoile quelques uns de mes textes écrits musique dans les oreilles au plein milieu de la nuit sur un coup de tête. Ils sont courts (600 mots environ) et décrivent par le biais du regard des victimes des accidents et des facettes de la vie r...