2 - Le sorcier reclus

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Perdu au milieu d'un océan en furie, loin vers le nord, plus loin que la dernière île d'Ecosse, une lande de terre oubliée par tous faisait face aux flots et aux vagues violentes. Au milieu d'un brouillard qui cachait ce lopin de terre, une étrange chaumière y siégeait. Autour d'un toit en chaume, des portes, des fenêtres et des morceaux de pierres ou de bois volaient. La maison semblait tranquille, comme protégé du temps violent, offrant de belle ouvertures de toutes formes. La porte d'entrée, noir et à la poignet en forme de tête d'oiseau, s'ouvrit et un chat s'étira, roux et blanc, avec une petite queue. Il s'élança alors à la suite d'une étrange petite créatures qui volait illuminant son passage d'une douce lumière, en cette journée.

La porte grinça et se referma sur un couloir sombre avec une dizaine de portes collée les unes contre les autres. Une douce odeur embaumait la maison, et une femme fredonnait un petit air.

Derrière la porte du fond, un homme était avachi dans un fauteuil, dans un immense salon, au plafond haut et voûté, avec de belle poutre apparente où une demi-douzaine de corbeaux se tenaient, dormant ou regardant l'homme en bas.

Cela faisait bien longtemps que Reynard Lestrange n'était plus appelé, qu'on ne le voyait plus ou même qu'on pensait à lui. Alors lorsque pendant son apéritif matinale, en pleine lecture de son journal, il entendit sa cheminée faire un étrange bruit et vit les flammes vertes, il ne cacha pas son étonnement.

Faisant semblant de ne rien remarqué du visage qui se formait dans ses cendres, il continua à siroter son verre de whisky tout en continuant sa lecture, et fumant une cigarette dont la cendre tombait dans sa barbe noire.

Très intéressé par la publicité sur les chapeaux, il fit comme s'il n'entendit pas le toussotement émis par le visage suspendu dans la cheminée. Ce fut la voix alors un peu rocailleuse de la tête qui l'obligea à redresser sa tête. Il poussa un long soupir, faisant tressaillir sa barbe de deux ans maintenant, longue et noire et surtout malodorante et emmêlée. Ses cheveux étaient aussi sale que sa barbe, long et crasseux.

La tête fit une légère grimace. Le visage était celui d'un homme de presque quarante ans, cheveux en épis, brun. Ce qui marquait le plus étaient les yeux d'un vert émeraude et sur le front une légère cicatrice en forme d'éclair. Reynard n'avait pas besoin de demander qui venait l'embêter si tôt le matin. Ce n'était que Harry Potter, sauveur de la communauté magique de Grande-Bretagne. D'une voix brutale Reynard l'invita à expliquer sa venue et le pourquoi du dérangement. Ce fut un balbutiement qui lui répondit, le poussant à soupirer devant autant de gène. Reynard avait perdu rapidement l'habitude de parler à des êtres humains. Il n'acceptait que la présence d'une vieille dame chez lui, et encore, il n'avait plus vraiment le choix que de la supporter. Elle s'était un peu imposer chez lui, environ un an plus tôt. Saoul, il n'avait pas tenté de la renvoyer et s'en mordait les doigts maintenant.

« Pardon, dit doucement Reynard, mais je crois que je deviens sourd... ou alors à force de se prendre des sorts, Potter, tu en as perdu l'usage de la parole ?

La tête dans les flammes grogna, et Harry Potter toussa avant de reprendre plus clair :

« Heu... pardon..., dit-il, je... j'ai besoin de toi. J'ai rencontré Miss Martins. Elle a dû t'en parler, c'était ce matin. Enfin, bref. J'ai un service à te demander. Pourrais tu me rejoindre, je.. je n'arrive pas à entrer chez toi, juste... ma tête.

Reynard fit une grimace. Il laissa tomber le journal par terre et toussa pour éclaircir sa voix.

« MISS MARTINS !

Un bruit de verre brisée se fit entendre depuis une porte entrouverte. La voix de la petite sorcière s'éleva dans un petit « oui, j'arrive ! » aiguë. Reynard poussa un soupir et se tourna vers son invité non désiré.

Le Dernier Corbeau & le Fils du MangemortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant