La pluie tombait à forte averse, dégoulinant dans les rues et sur les routes, teintant le paysage d'un gris morne à s'enfermer chez soi sous des tonnes de couverture. Pourtant, une jeune fille se tenait là, insensible à l'eau qui coulait autour d'elle, alors que son parapluie ne la protégeait que le minimum. Elle semblait attendre. Attendre quoi ? Telle était la question. On aurait pu penser qu'elle se lasserait, à rester là dans le froid et l'humidité, mais non. Ce qu'elle attendait était bien plus important que quelques gouttes d'eau. En parlant du loup.... Le voilà qui arrive.
La jeune fille aux cheveux bruns tourna la tête en entendant les bruits de pas, pourtant difficilement discernables dans cette tempête. Son regard s'illumina, et elle se hâta à la rencontre de celui qu'elle attendait. Pas depuis toujours, mais pas loin. De son côté, le jeune homme avait lui aussi aperçu celle qu'il venait voir, et son visage s'éclaira, pour de nouveau s'assombrir. À la pensée de ce qu'il avait à lui révéler, sa bouche se remplissait d'un goût amer. Pourtant, il essaya de faire bonne figure lorsque la jeune brune arriva à sa hauteur.
- Erik ! Je suis contente de te voir.
- Moi aussi, Silvia. Tu n'as pas attendu trop longtemps ?
- Non, ne t'inquiète pas. Alors ? Qu'avais-tu à m'annoncer de si important pour me donner rendez-vous en plein milieu du mondial ?
- Il y a t-il forcément besoin d'une raison pour voir une amie ? répondit le garçon avec un clin d'œil.
Silvia étouffa un rire, puis se mit à marcher sans se soucier de l'eau qui coulait partout, le brun à ses côtés.
- Je te connais, tu sais. Tu n'est pas du genre à vouloir voir les gens sans raison. Et puis, tu avais l'air préoccupé au téléphone. J'ai pensé que ce que tu avais à me dire était important. Avais-je tort ?
- Rien qui ne soit urgent, répliqua-t-il avec un aplomb impressionnant pour un mensonge.
- Ne me dis pas que tu souhaitais me voir pour me soutirer des informations sur Inazuma Japon ? plaisanta la jeune fille.
- Moi ? Comment peux-tu penser une chose pareille ? s'offensa faussement Erik.
- Je voulais seulement te dire que quels que soit les liens que nous avons, je suis fidèle à mon équipe. Alors n'essaie pas de n'embobiner avec tes sourires innocents, ajoute-t-elle en souriant.
- Tu sais bien que ce n'est pas mon genre. Et si on parlait plutôt des liens qui nous unissent ?
Le sourire du jeune homme se fit taquin, et Silvia s'empourpra. Consciente de s'avancer sur un terrain glissant, elle préféra changer de sujet.
- Dis-moi plutôt ce qui te tracasses.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- Ne viens-je pas de dire à l'instant que je te connais par cœur ? Tu auras beau essayer de me le cacher, je sais très bien que quelque chose ne va pas. D'où ton appel urgent. Alors ne tourne pas autour du pot, et parle-moi franchement. C'est à ça que servent les amis.
Erik s'arrêta de marcher. Il avait beau la connaître depuis toujours (ou presque), il était toujours surpris par sa rapidité d'esprit et sa perspicacité. La bonne humeur qui l'avait jusque-là envahie s'en alla comme elle était venu, et il soupira. Il était venu l'heure des aveux, et il n'était pas sûr d'être prêt. Non. Il n'était pas du tout prêt. Mais il n'avait pas le choix. Où était la différence ? Sans doute partout. Mais il était trop tard pour reculer.
- Allons nous mettre à l'abri. Ce sera plus simple pour discuter.
La brune le suivit sans poser de questions, essayant de masquer l'anxiété croissante qui montait en elle. Ils s'abritèrent sous l'auvent d'un bar-restaurant, fermé à cette heure. Alors que Silvia étendait leurs parapluies pour qu'ils sèchent, son compagnon préparait mentalement son discours. Et il avait beau retourner ses idées dans tous les sens, il n'arrivait pas à trouver le bon moyen pour lui annoncer la douloureuse vérité. Alors qu'elle se tournait vers lui, il s'apprêtait à trouver une excuse pour se désister, lorsqu'il croisa son regard. Un regard vert forêt qu'il connaissait depuis longtemps. Un regard qui le dissuadait de lui mentir. Au nom du lien qu'il y avait entre eux. Alors, il prit une grande inspiration, et commença :