La nuit était là, enveloppant l'horizon comme un manteau de velours bleu marine. La seule source de lumière était le ciel, les étoiles brillantes telles de minuscules pierres précieuses. La lune n'était pas encore visible, et malgré le paysage étoilé, voir dans cette obscurité semi-complète était compliqué. C'est pour cela qu'il mit du temps à la trouver. Elle était pourtant là, regardant le paysage sans vraiment le voir, assise dans l'herbe, sans paraître gênée par la fraîcheur du soir et l'humidité du sol.
Il poussa un léger soupir. Bien sûr, elle n'aurait pas pu se manifester pour lui éviter des recherches longues et inutiles. Il se morigéna mentalement. Non, bien sûr. Lui faciliter la tâche n'était pas son genre. Loin de là. Cela restait tout de même vexant, car il était persuadé qu'elle s'était aperçu de sa présence. Et persuadé qu'elle savait qu'il savait. Et pourtant, elle ne faisait pas mine de bouger. Pire, elle ne lui accordait pas la moindre attention, comme s'il faisait tout simplement parti du décor.
Être considéré comme un simple ornement ne faisait pas vraiment plaisir au jeune homme. Mais, au fond de lui, une petite voix lui chuchotait qu'il l'avait bien mérité. Repoussant cette voix au fond de sa conscience, il ignora les avertissements silencieux qui émanait de la jeune fille, et s'assit à côté d'elle. Sans tourner la tête vers lui, sa voix retentit. Froide, vide d'émotion et d'état d'âme :
- Il ne me semble pas t'avoir invité à t'asseoir ici.
- C'est vrai, mais sachant pertinemment que je n'obtiendrais jamais cette permission, j'ai préféré m'en passer, répliqua le garçon sans se démonter.
- En plus d'être toujours en retard, tu as un sacré culot.
La voix s'était teinté d'une ironie mordante, blessante, mais il n'en tint pas compte.
- Venant de la part de quelqu'un qui a beaucoup de mal avec l'autorité, le compliment me touche.
La remarque fit mouche, et sa voisine daigna enfin tourner la tête. Il en profita pour la détailler avec attention. La taille fine, sans pour autant avoir des courbes affolantes, elle dégageait un je-ne-sais-quoi de grâce et de sauvagerie à la fois. Ses cheveux, d'un noir d'ébène, entourait un visage aux traits qui auraient pu être séduisants sans les yeux en son centre. Composés de plusieurs nuances de bleus allant du bleu azur au bleu roi, ils donnaient l'impression de vous transpercer et de pouvoir lire jusqu'à votre âme. Des yeux qui montraient une grande force de caractère, mais déconseillaient quiconque d'approcher. Sous peine d'en payer le prix.
Et lorsque ces yeux se plongèrent dans les siens, il en oublia jusqu'à son nom. Il oublia tout, plus rien n'avait d'importance, hormis ce regard qui le maintenait aussi solidement que des chaînes. Le prix n'avait aucun intérêt pour lui. Mais celle qui lui faisait perdre ses moyens décida de rompre cet instant magique.
- Si tu es venu jusqu'ici juste pour me provoquer, tu me faire perdre mon temps.
Elle commença à se lever, mais une main lui attrapa le poignet.
- Attends !
La jeune fille haussa un sourcil, mais ne rassit pas pour autant. Mais elle ne fit pas mine de décrocher son bras.
- Je sais que tu es en colère contre moi. Et tu en as parfaitement le droit. Je veux juste t'expliquer pourquoi j'ai agis ainsi.
- Je sais très bien pourquoi.
La voix avait claquée. Sèche, mais pas autant qu'elle l'aurait voulu.
- J'étais là quand la coach l'a expliqué. J'étais là quand elle a dit que ces foutus extraterrestres ont menacés ta sœur pour te forcer à les rejoindre. Je sais que tu l'as pas eu le choix et pourtant....
Sa voix se fêla, et s'agenouilla lentement. Il la regarda, voulut parler, mais elle continua :
- Tu ne peux pas imaginer la douleur que j'ai ressenti quand la coach a dit que tu devais partir. J'avais l'impression que le monde s'écroulait autour de moi. Et je me détestais pour ça. Je me détestais d'être faible au point de te supplier de ne pas t'en aller. Mais ça n'a pas marché.
Son ton était devenu amer, et sa gorge se comprimait avec douleur. Elle leva la tête vers lui, et repris d'une voix froide, à peu près contrôlée :
- Si tu étais resté, on aurait pu trouver une solution. Ensemble. Mais tu m'as abandonné. Tu es parti, et j'ai mis des mois à me reconstruire. Et tu crois pouvoir revenir comme une fleur et faire comme si de rien n'était ?
La colère qu'elle avait ressenti pendant longtemps revenait, alors qu'elle pensait l'avoir maîtrisée. En fait, elle était toujours là, enfouie tel un volcan sur le point d'exploser. Il fallait qu'elle s'éloigne. Sinon, elle allait faire un geste qu'elle allait regretter. Elle se leva pour partir, où plutôt essaya. Un bras l'attrapa, et la fit basculer. Elle se retrouva dans les bras du jeune blond, qui la serrait avec force. Elle allait se débattre, lorsqu'il parla :
- Je te demande pardon.
Elle se figea, et dut lutter pour retenir le sanglot qui envahissait sa gorge.
- Je n'ai pas pensé que mon départ te ferait autant souffrir. Je voulais simplement protéger ma sœur, nos coéquipiers.... Et je voulais te protéger toi. Je ne voulais pas te mêler à mes affaires qui te mettrait en danger.
- Imbécile. En décidant d'affronter ces envahisseurs, on était déjà dans le même bateau.
- Je l'ai compris maintenant. Et je suis désolé. Du fond du cœur. Je n'ai jamais voulu te faire de mal. Car tu comptes beaucoup pour moi.
Ces mots agirent comme une clé qui ouvrit le verrou de son cœur. Les larmes qu'elle retenait depuis si longtemps coulèrent sur les joues de la jeune fille, qui laissa enfin sortir sa tristesse. Le jeune homme la serra encore plus fort, la laissant épancher ses larmes qu'elle gardait en elle depuis trop longtemps. Lorsque ses pleurs se tarirent, elle murmura d'une voix faible, presque hésitante :
- Tu... tu comptes beaucoup pour moi aussi.
Le garçon eut toute la peine du monde à retenir un sourire éblouissant.
- C'est....bien.
Ils restèrent longtemps enlacés, sans parler. Puis il ajouta :
- Je te le promets. Plus jamais je ne te quitterais.
- Promis ?
- Promis.
La jeune fille sentit un poids invisible quitter ses épaules. Puis s'abandonna à son étreinte. Au dessus d'eux, la lune, enfin apparue sur le plafond étoilé, semblait sourire. Garante d'une promesse éternelle.
Voilà pour le dernier OS ! Plus court que les autres, mais je trouve qu'il est bien pour conclure cette shiptober. Même si je n'ai mis aucun nom, vous avez sans doute reconnu l'un des personnages, enfin j'espère XD Pour l'autre, il s'agit d'un OC que je présenterai dans ma prochaine fic sur Inazuma Eleven, donc je n'en dit pas plus pour le moment. Il me reste la conclusion, et je clôturerais ce recueil, en espérant qu'il vous aura plu x)