Chapitre 18

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Des bruits qui semblent être lointain attire la curiosité de Mahiza. Elle ne sait plus depuis combien de temps elle n'a pas plus entendu du bruit mais cela lui soulage, mais quelque chose l'attire de plus en plus et les sons deviennent  plus claires. Une odeur de désinfectant lui titille les narines et elle ouvre les yeux en papillonnant des paupières afin de s'habituer à la luminosité. Elle fait face à un mur blanc puis entend ce fameux « bip » régulier. Son regard se promène sur ses bras où sont branchés plusieurs fils de différentes couleurs.

Les derniers souvenirs passent dans sa tête. Idas, la mort d'Hector, la balle qu'elle s'est prise, la noyade...

Comment ça se fait qu'elle se retrouve ici ?

Avec la tête lourde, elle se redresse mais plusieurs douleurs lui fait grimacer et elle abandonne.

Tout à coup, une porte s'ouvre, puis des pas lourds s'approchent d'elle. Elle croise ce regard qui étrangement, l'a manqué.

Alec se poste près de Mahiza et l'observe avec amertume. Il remercie aux dieux d'avoir épargné la vie de la jeune femme, mais la retrouver ici, branchés par plusieurs fils lui procure une sensation étrange. La même sensation lorsqu'il a vu sa mère qui était autrefois dans le même état que Mahiza.

— Je...

— Tu as survécu, Mahiza. Tu t'en souviens de ce qu'il s'est passé ? demande le mafieux.

Elle fronce les sourcils et hoche lentement la tête.

— Idas t'a tiré une balle et tu t'es ensuite noyée. Heureusement que tu n'a pas eu trop de séquelle, en particulier sur sa mémoire, il me semble.

— Et... Hec...Hector il...

— Il n'a pas survécu.

Un silence règne dans la pièce et attristée, Mahiza prend le temps d'assimiler les informations.

Même si Hector était dans le mauvais camp, il l'a voulu aider et malheureusement, Mahiza n'a pas eu le temps de lui remercier. Il a péri dans ses propres manigances. 

Elle repense à sa sœur et regrette d'être têtue. Manuela avait raison. Venir à Mykonos était trop dangereux pour elle. En un mois et demi elle a eu l'impression de vivre dans un cauchemar mais aussi dans un rêve grâce à la présence du mafieux. Durant ce mois, elle a pu apprendre sur Alec pour savoir suffisamment que cet homme n'est pas celui qu'il essaie de se faire passer.

Mahiza baisse sa tête et laisse entendre un rire... un rire chagriné. À cause d'elle, Hector est mort. Il est mort pour elle, pour sa vie. Il s'est sacrifié comme un ami.

— Et pour Idas ? Quant est-il pour lui ? s'enquiert-elle, inquiète.

Alec plante son regard orageux dans le sien et Mahiza se met à frisonner d'effroi.

— Je l'ai tué au moment où il t'a tiré une balle. Désormais, tu es tranquille, il n'est plus là pour t'embêter.

Ce jour-là, Alec est arrivé quelques minutes après Idas et était spectateur de la scène où Mahiza s'est pris une balle. Son inquiétude s'est transformée en une rage dévastatrice et Idas a regretté suffisamment son acte. Une fois le monstre abattu, Alec a plongé dans cet eau rouge pour récupérer Mahiza qui perdait trop de sang. Lorsqu'il a porté Mahiza entre ses bras, il a cru qu'il failli tout perdre une seconde fois. Cette femme domine ses pensées et elle est la seule personne qui peut le pousser à saccager une ville toute entière pour la retrouver.

Cependant, Alec est obligé de s'éloigner de Mahiza, pour elle. Son monde ne lui appartiendra jamais et elle sera sans cesse en danger.

— Maintenant, tu peux repartir au Brésil et retrouver ta famille. Derek t'a acheté un billet d'avion pour Rio. J'espère que tu vivras heureuse. Ne cherches plus de problème maintenant, ajoute-il d'une voix grave.

Il croise le regard de biche de Mahiza et regrette aussi ses mots.

— Alec, je---

— J'éprouve des sentiments pour toi et je n'arrive pas à les contrôler, Mahiza. Tu ne veux pas de moi, tu ne veux pas faire partie de mon monde et tu as raison. Je préfère te laisser partir et rejoindre ton père et ta sœur. Ils ont besoin de toi.

Mahiza serre le drap entre ses mains et soutient son regard malgré cette tristesse qui ravage en elle. Elle peut déceler une lueur sombre dans les yeux brun du mafieux et elle sait que la laisser partir lui fera du mal.

Elle pince les lèvres en réfléchissant quels mots utiliser.

— Nous sommes sûrement deux âmes à s'aimer, soupire-t-elle. Malheureusement, les circonstances nous empêchent à nous aimer, Alec. Je... je te remercie pour tout. Tu as fait tellement de sacrifices pour moi.

- Et je recommencerai, pour toi, chuchote Alec, le regard noir.

Et je me forcerai à t'oublier, pense-t-il.

Alec acquiesce et s'approche d'elle pour poser un baiser doux et délicat sur sa joue. Surprise, Mahiza n'ose pas bouger et évite son regard. Alec soupire et tourne les talons avant de la laisser seule dans sa grande chambre d'hôpital.

Le Parrain de la NuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant