Narnia [NCT] [EN PAUSE]

Chapitre 2

Valises à la main, les sept garçons regardent le train repartir après les avoir déposés à la gare, qui n'en est pas réellement une en vérité. Ce n'est qu'un morceau de bois sur lequel un panneau est visible indiquant que la ville la plus proche se trouve à plus de cent kilomètres.

Après tout, c'est un endroit vraiment isolé, il n'y a que de la végétation à perte de vue et une route pleine de cailloux et d'herbes sauvages qui s'enfoncent dans une clairière abritant de nombreux épis de blé.

Chenle a pris place sur le dos d'Hendery pour pouvoir finir sa sieste qu'il n'a pas pu terminer plus tôt. Les deux démons s'amusent avec des bâtons qu'ils ont trouvés sur le bord de la route, faisant comme s'ils étaient des soldats du Moyen-Âge dans une grande arène. Le gagnant reçoit le cœur de la princesse tandis que le perdant est humilié à jamais. À la fin, personne ne gagne réellement, car les princesses n'intéressent ni Renjun, ni YangYang. Après tout, ce n'est qu'un jeu qui est amusant à faire quand on s'ennuie, ça permet de passer le temps et de se concentrer sur autre chose que la guerre.

Winwin est assis sur les marches de la gare, la radio sur ses genoux, tournant les nombreux boutons pour essayer de capter un signal et de comprendre distinctement les renseignements donnés. Malheureusement, il ne capte rien, le lieu où il se trouve est beaucoup trop éloigné pour avoir une once de réseau. Ils vont devoir se faire à l'idée qu'à partir de maintenant, ils n'ont plus accès à rien, ne peuvent plus suivre l'actualité, ni communiquer avec leur mère.

Winwin soupire, il se sent comme un prisonnier qui s'est échappé de sa prison et qui est recherché par une horde de policiers, il est considéré comme le tueur à gage, celui a abattre, celui qui se fera probablement tué s'il est retrouvé.

Alors qu'en réalité, il n'est rien d'autre qu'un innocent, l'agneau au milieu des loups, la personne qui doit se cacher si elle veut survivre. Dix-huit ans, c'est trop tôt pour mourir, Winwin n'a pas l'intention de se rendre et de finir comme ces milliers de Chinois tués de sang-froid. Si rester en vie implique de vivre dans un lieu inconnu du monde, caché pendant des jours, peut-être même des mois où des années, alors il n'hésitera pas.

Kun et Xiaojun guettent l'arrivée de la Marâtre qui doit venir les chercher. Le train avait un peu d'avance, et ne sachant pas dans quelle direction aller, ils ont décidé d'attendre. Après tout, dix minutes de plus ou de moins, ça ne change pas grand chose à la situation.

Un bruit se fait entendre au loin, une calèche semble se diriger vers eux puisque des hennissements de chevaux résonnent accompagner du son que font les roues lorsque celles-ci avancent sur des gravillons.

Kun descend de son perchoir accompagné de ses frères et se place au milieu de la route pour pouvoir apercevoir la jeune femme arriver. Mais Winwin accroche subitement le tee-shirt de son grand frère en ordonnant à tout le monde de se cacher sous les hautes herbes à la lisière de la clairière.

Les autres garçons le regardent avec des yeux interrogateurs et le Chinois leur fait simplement signe de se taire en pointant du doigt la route. Personne ne parle, après tout, Winwin n'est pas le genre de personne à faire des farces en les obligeant à se cacher. Il ne s'appelle ni Renjun, ni YangYang, c'est une personne intelligente qui observe sans cesse autour de lui et qui écoute les autres parler en gardant toutes les informations qu'il juge importantes dans un coin de sa tête.

C'est après quelques secondes d'attente qu'une calèche traverse la route sans les voir, avec à sa tête un homme vêtu de l'uniforme des soldats japonais. Kun écarquille les yeux et jette un regard à Xiaojun qui semble tout aussi anxieux que lui.

Après être sûr que le danger soit passé, ils quittent tous leur cachette en soufflant.

— Nous sommes vraiment envahi de tous les côtés, même cet endroit n'est pas sûr. Comment t'as fait pour savoir que ce n'était pas la Marâtre, Winwin ? Questionne YangYang en se tournant vers lui suivi par tout le monde.