Chapitre 19 Erreur de parcours ?

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L'unité fantôme suivait un poids lourd depuis son passage au château du comte. L'équipe alternait la filature avec une demi-douzaine de véhicules de toutes marques, allant de la moto, la berline, la citadine au fourgon. Il avait choisi son équipe dans la section Élite, les meilleurs des meilleurs ! Les deux tiers avaient appartenu à la Légion étrangère. Afin d'assurer une sécurité optimale, Adrian avait interdit tout appareillage de conversation. Chacun devait se concentrer au maximum, ne jamais quitter des yeux l'équipier roulant devant.

Adrian aperçut à deux cents mètres l'équipe trois venant de quitter l'autoroute pour une aire de repos. Il se rabattit sur la voie de décélération pour faire de même. Il avait une citadine Twingo classique affichant une puissance de 65 ch, mais il en était tout autre, elle possédait un moteur de 135 chevaux. Il aperçut la Clio break de ses équipiers stationnant devant les w.c.. Le semi-remorque était garé dans la partie poids lourd. Le mercenaire descendit de voiture pour la contourner d'ouvrir le coffre pour prendre une glacière. Il se dirigea vers une table pour s'asseoir sur un banc, puis déposa la salade, la boisson pour manger. Le chauffeur du poids lourd discutait avec un italien transportant de la nourriture réfrigérée.

Lorsque le chauffeur reprit la route, Adrian jeta les restes de son repas dans le container bio déchets, puis fit signe à l'équipe trois qu'il prenait la suite.

La cible quitta l'autoroute pour une route nationale. Le mercenaire fut dans l'obligation de le suivre à distance, car il respectait la limitation imposée au plus de trois tonnes cinq étant quatre-vingts kilomètres à l'heure. Il mit bientôt le clignotant pour pénétrer dans un complexe de déchargement privé, Adrian continua de rouler pour se garer plus loin.

Il patienta en retrait de la route pour attendre tous ses équipiers.

La zone comprenait une entrée, une sortie. Adrian divisa son groupe en trois équipes, l'une devant s'occuper de l'entrée, la seconde, la sortie, la sienne pénétrerait sur les lieux par l'est. Il donna une oreillette à chaque chef de groupe avant leur départ.

Il longea bientôt un muret en compagnie de Solange, Shadow, un chauve tatoué, Pollux, un lourdaud à barbe épaisse. Le barbu libéra une zone d'escalade à l'aide d'un dispositif électronique. Le mercenaire prit appui sur les mains du robuste écossais, ses épaules, puis observa l'absence de toute personne avant de tendre la main à Solange.

Une fois de l'autre côté, Adrian vérifia une caméra sur un coin de ses lunettes pour évaluer leur parcours à l'aide d'un drone survolant la zone en silence. Les groupes Bêta, Oméga étaient en position. Il balaya le côté gauche pour Solange, le côté droit pour Shadow, puis montra un container à Pollux devant assurer la sécurité depuis les hauteurs.

Adrian se faufila entre des véhicules accidentés pour approcher du quai de chargement ou l'arrière de la remorque disparaissait. Le mercenaire approcha d'un fumeur par son dos, il lui pressa la nuque pour lui faire perdre connaissance, puis le camoufla dans un coffre. Il brancha les caméras de ses lunettes pour enregistrer le déchargement. Il longea des caisses pour approcher des manutentionnaires, il découvrirait bientôt ce que transportait le comte.

Il aperçut des caissons métalliques d'environ deux mètres sur cinquante centimètres de large, et autant de hauteur. Que pouvaient-ils contenir ? Un cariste les entassait sur une large palette par tranche de trois sur trois étages. Le mercenaire perdit subitement le contact avec le drone. Panne occasionnelle ou détection ? Il prévint immédiatement chaque chef de groupe.

— Bêta, Oméga, état drone, sécurité ?

Aucun ne répondit. Il chercha vainement du regard Pollux n'étant plus dans son champ de vision. Il dégaina son arme avec silencieux. Une fusillade résonna côté sortie, ils étaient repérés. Des rafales déchiquetèrent du bois dans le périmètre de l'entrée. Il abandonna sa position pour ressortir au-dehors. Des hommes armés occupaient chaque position stratégique! Où étaient-ils cachés jusqu'à maintenant ? Apercevant une menace dans son coin gauche, il exécuta un roulé pour viser un homme le menaçant de son fusil mitrailleur. Le mercenaire pressa la détente pour lui perforer le crâne entre les deux yeux. Il roula sur lui-même pour tirer sur un second qui tomba à la renverse suite à l'impact d'une balle dans la gorge. Adrian courut à demi voûter en direction de la position de Pollux qui lui faisait signe de le rejoindre.

— Zone compromise. Annonça Adrian. Fuite caucasienne.

Les deux hommes se faufilèrent entre les carcasses de plusieurs véhicules accidentés. La zone avait été au préalable vérifiée voilà deux jours, trois points de fuite avaient été prévus. Celle-ci était la plus hasardeuse. Ils traversèrent une citadine par les portières avant, puis s'engouffrèrent dans un camion pour ensuite longer une remorque. Adrian leva subitement les yeux pour apercevoir un homme abaissant son fusil. Il repoussa son acolyte pour tuer l'inconnu d'une balle en plein cœur.

— Merci, sergent...

Adrian aperçut des griffes traversant le torse de son allié. Il retira une grenade de son ceinturon pour l'enfouir dans la chair de son équipier avant de basculer entre deux véhicules. Il ressortait derrière un fourgon que l'explosion projetait dans les airs des débris de métal, de chair. Il escalada un camion pour courir sur la remorque en direction d'un arbre. Un choc sourd dans son dos l'avertit d'une présence. On lui balaya sauvagement les jambes pour le faire trébucher.

Détournant le regard, il aperçut Raghnar le dévisageant en souriant. À peine était-il levé que des griffes labouraient son torse. Le mercenaire regarda avec effroi le gilet pare-balle entaillé. Il leva son arme pour tirer. La balle traversa la joue de son agresseur qui ne ralentit pas. Le serviteur du comte le repoussa violemment pour le désarmer. Adrian retomba lourdement sur le dos pour glisser sur plusieurs mètres. Raghnar bondit pour retomber sur les mains afin de grogner au visage de sa cible. Il abaissa les yeux pour apercevoir la lame du légionnaire lui perforant le ventre. Adrian le fit basculer afin de se libérer puis se leva pour prendre de l'élan avant de sauter dans un arbre. Raghnar découvrit trop tard qu'une grenade avait été placée dans la blessure béante. Les morceaux de chairs tapissèrent le dos du mercenaire en le catapultant plus loin que prévu, il retomba sur la route. La connexion entre lunettes de chaque chef d'équipe s'enclencha, il put assister à une conversation.

— Alors chère Solange, la responsabilité du décès de votre unité ne vous émeut-elle pas ? questionna le comte.

— La vie est courte, vous servir est plus sensé.

La déflagration d'un fusil résonna sur la route, les cartouches lui déchirèrent la peau en brisant les lunettes. Adrian courut en zigzaguant pour rapidement lacérer la gorge de son agresseur. Il ramassa le fusil pour l'armer puis prit la direction d'un bosquet. Il le contourna pour récupérer une moto-cross. Il enfonça difficilement le casque à cause de la blessure, mais cela pourrait temporairement ralentir la perte de sang en faisant pression. Il démarra pour prendre la fuite par les collines.

Le mercenaire traversa plusieurs routes avant de perdre le contrôle de son véhicule dans le village de Savignac proche de Langon. Un couple de retraités possédant un élevage de mouton s'occupa de lui.

L'Unité FantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant