Chapitre 3 Le prédateur

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Le dormeur rêvait d'un agréable souvenir.

« Adrian contemplait en silence sa compagne. Elle affichait sans détour la joie d'être en sa compagnie. Comme si Adrian était son tout premier rendez-vous ! Elle profitait du moment présent sans se poser de question inutile. Louna lui accordait une totale confiance. Mais, était-ce partagé à sa juste mesure ? Le soldat vivait l'instant présent, il ne s'imaginait pas dans le futur. La vie était courte, pourrait s'arrêter à tout moment. Il en était conscient. Il n'avait confiance qu'en lui-même, contrairement à la devise de son contingent, un pour tous, tous pour un. Il cachait à tous son ego démesuré, il emploierait tous les moyens nécessaires pour terminer à la première place. La seconde place était un échec. Pareil pour les rencontres amoureuses ! Il comptabilisait déjà une centaine de femmes à son palmarès. Mais là, c'était différent, il avait une affection toute particulière pour Louna.

Il adorait le petit plissement se formant dans le coin des lèvres lorsqu'elle commençait à sourire. Elle était craquante quand elle rougissait. La situation le dérangeait, il détestait dépendre de quelqu'un, mais elle était d'une beauté incomparable.

C'était leur premier rendez-vous. Il avait proposé de faire découvrir les alentours de Soulac sur mer à Louna. Il avait loué une moto-cross afin de longer l'océan jusqu'à Verdon-sur-Mer. Le paysage éblouissant de beauté se prêtait à cette histoire d'amour naissante. Il adorait juste le fait d'être en sa compagnie, de la sentir prés de lui. »

Quand il reprit conscience, il resta les paupières fermées pour écouter une discussion lointaine, passant probablement sous une porte. Aucun bruit ne trahissait de présence proche. Il ressentit la fraîcheur de l'acier aux poignets, on l'avait menotté. Le sol et l'odeur ambiante présumaient l'intérieur d'une voiture, probablement l'arrière d'un véhicule utilitaire ! Adrian ouvrit lentement les yeux pour découvrir grâce aux rayons lunaires traversant la vitre arrière qu'il était étendu dans un fourgon de transport. Il approcha la main de sa tête pour retirer du bout des doigts une tige du lobe de son oreille gauche. Deux secondes plus tard, il était libéré de ses menottes ! Il retira la longue chaîne pour l'enrouler autour de son poignet, sa main gauche. Quelle bande d'amateurs !

Il tenta un regard furtif par la fenêtre de la portière coulissante pour découvrir deux silhouettes portant chacun une combinaison haute technologie en kevlar avec casque, gant, bottes ignifugés. Il reconnut les optiques de la visière, capable de s'adapter à toute visibilité sans intermédiaire humain. Chacun possédait les micros pouvant relier une douzaine de personnes en privé. Il aperçut un fusil mitrailleur avec silencieux. Ce n'était pas des amateurs, mais des professionnels ! Ils avaient commis une erreur en ne sécurisant pas convenablement son emprisonnement. Erreur névralgique.

Il attendit que l'un des hommes s'éloigne pour passer à l'action. Il se positionna sur le dos, posa un pied sur chaque porte en laissant un espace de vingt centimètres avec l'ouverture au centre. Il recula d'un pas, puis plia les jambes sur le torse pour subitement les tendre afin de percuter la tôle. Le déverrouillage claqua subitement en ouvrant les portes. Adrian analysa immédiatement la situation, un mercenaire lui tournait le dos à une vingtaine de pas, le second levait son arme à seulement deux mètres de lui. Il exécuta une roulade pour se relever afin de le percuter au niveau du menton. L'impact du poing recouvert de la chaîne brisa le bas de l'armature du casque en le projetant violemment en arrière. Il l'accompagna dans sa chute en maintenant le fusil mitrailleur en direction de l'autre homme arrivant au pas de course. Il tira une rafale dans les jambes pour le faire trébucher. Des bruits de pas lui firent faire demi-tour, deux autres arrivaient à la rescousse. Il enfonça profondément son coude dans le bas ventre de son prisonnier pour pointer l'arme sur les arrivants. La lanière de l'arme bloquée du mercenaire ne lui permettait que peu de mouvements. Il retira le pistolet de l'étui à la hanche pour l'enfoncer sur la membrane recouvrant la gorge.

L'un des arrivants leva les mains en signe de rémission. Adrian pressa la détente pour libérer une rafale de balles au niveau du torse, du ventre, des jambes. Il aperçut à son grand désarroi les rebonds de chaque côté. Quelle combinaison pouvait proposer une protection aussi efficace en déviant les impacts ?

— Ne tirez pas. Hurla l'inconnu à ses équipiers.

— Jetez vos armes. Ordonna Adrian en concentrant son attention à cent quatre vingt degrés.

Il aperçut un geste de la main de celui à son extrémité gauche.

— N'essaie même pas ! lui conseilla-t-il en reconnaissant une demande de confirmation pour attaquer.

— Nous ne sommes pas partis sur de bonnes bases. Annonça l'interlocuteur. Nous vous croyions au service du comte.

— Qui vous certifie que cela n'est pas le cas ?

— Vous ne resteriez pas sous la protection de cette arme.

La remarque n'était pas sotte, sans fondement, mais ils avaient accepté de déposer les armes à leurs pieds !

— Écartez-vous pour vous aligner face à moi.

Son interlocuteur leur fit signe d'accepter. Ils s'alignèrent bientôt devant lui.

— La zone est incertaine, nous devrions parlementer ailleurs.

— Enlevez le casque, j'évaluerai si je discute ou non.

L'inconnu ferma le poing pour le faire pivoter sur son torse en observant ses équipiers.

— OK. Confirma-t-il en déverrouillant la sécurité du casque.

Adrian aperçut bientôt un black au crâne rasé.

— Et alors, ça change quoi. Ironisa-t-il en visant son visage.

— Vous êtes soit un soldat en service, soit un mercenaire.

— Et vous ?

— L'unité fantôme.

— C'est quoi, un titre de roman, un blockbuster ou une farce ?

— La zone n'est pas sécurisée. Rejoignons notre point de fuite Oméga.

Adrian retira la lanière pour prendre le fusil mitrailleur puis s'écarta pour les tenir en joug.

— Passez devant.

Les cinq hommes ouvrirent le passage devant le mercenaire n'ayant aucune confiance.

L'Unité FantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant