Quelque part dans le Sud - Il y a environ 13 ans.
« Tous les élèves sont priés de quitter l'établissement avant la fermeture des portes. Veillez à ranger le matériel et éteindre derrière vous. Rentrez bien et bonne soirée. »
J'ai tellement froid, mon coeur tambourine violemment dans ma poitrine. Le clignotement de cette lampe et le bruit des gouttes d'eau dans la douche m'empêchent de trébucher vers les ténèbres. Je refuse d'anticiper le moment où mon esprit retrouvera mon corps, je préfère me concentrer sur cette lampe défectueuse que de revenir dans cette morbide réalité. L'humidité sur mes joues et entre mes cuisses commencent à se faire de plus en plus présent même si je lutte contre mes sens. Le froid s'empare de plus en plus de moi, est-ce que c'est vraiment fini ? Alors, pourquoi est-ce que je les entends encore et je peux encore ressentir leur corps en contact avec le mien. Il est évident que je perds la bataille, que ce que j'ai fui en me réfugiant loin de ma chair va m'éclater en pleine face. Et la fatigue en est le premier signe. Si seulement, je pouvais ne plus jamais me réveiller.
"Dernier appel avant la fermeture des portes. Les retardataires sont priés de sortir."
Le concierge risque de débarquer d'une minute à l'autre dans cette pièce où l'odeur de transpiration et d'humidité fait quasiment suffoquer. Et je suis là, allongée à moitié nue. Qu'est-ce qu'il va penser ? Est-ce qu'il rajoutera de l'huile sur le brasier de ma réputation en imaginant un scénario où je continuerai à être la "suceuse" du bahut ? Et pourtant, je n'ai jamais baissé les yeux face à leurs remarques malgré l'humiliation que cela représentait mais là.. . Je me sens tellement... qu'est-ce que je ressens exactement ? Humiliée, sale, faible... morte ? Je tente de me relever mais mon dos me fait tellement mal d'être resté si longtemps sur le sol dur et d'y avoir lutté contre ces sportifs, contre le garçon que j'avais accordé ma confiance. Toutes mes forces dépensées pourquoi exactement ? Ils ont eu tout ce qu'ils voulaient de moi, tout ce qu'ils fantasmaient depuis des mois. Je retiens une nausée, il faut que je parte d'ici au plus vite.
Je marche d'une manière tremblante, mon entrejambe me fait tellement souffrir à chaque pas dans ces couloirs que j'ai toujours méprisé de tout mon être. Je vais dans mon casier récupéré mes affaires, mes mains peinant à faire mon code. Des bouts de papiers tombent par terre. Je n'ai pas besoin de les ouvrir pour savoir de quoi il s'agit. Des filles me crachant leur haine d'avoir soi-disant couché avec leur mec ou des propositions pour faire des fellations ou pratiquer la sodomie. Et dire que je pensais, il y a encore quelques heures que je n'en pouvais plus de tout ce harcèlement mais au final... . Au final, j'aurais pu supporter leurs mots devenus tellement répétitifs et manquant d'originalité. Du bruit de pas résonnent et je suis en alerte craignant qu'ils ne soient pas tous partis. Je tente de marcher le plus vite possible hors du bâtiment avec la crainte de les croiser dans les couloirs.
"Mademoiselle Esperanto, quel est cet accoutrement ? La fin des cours ne signifie pas que vous devez vous exposer de cette manière ! Mademoiselle Esperanto, je vous parle ! Vos excellentes notes ne vous donnent aucuns privilèges. Donnez-moi immédiatement votre carnet de liaison !"
Je sens mes poings se serrer le long de mes jambes pendant que le proviseur a déjà une main tendue. Cette peur que je ressens en permanence dans cette école, se transforme en une telle rage. Tous ces responsables n'ont jamais rien fait pour m'aider, ils les ont laissés me faire cela. Ils sont aussi coupables qu'eux. Pourquoi est-ce que ce stupide proviseur ne voit que mes vêtements déchirés par les animaux se trouvant dans son bahut ? Comme si quelqu'un aurait envie de se balader, complètement souillée et en serait fière ! Triple connard ! Oui, mon chemisier expose mon soutien-gorge à cause des boutons que tes superstars m'ont arrachés, que ma jupe est tâchée par le sang coulant d'entre mes cuisses parce qu'ils m'ont... . Alors votre tenue réglementaire, si vous saviez ce que j'en pense ! Mon uniforme est foutu mais moi, je suis... détruite. Comme unique réponse, je lui balance mon doigt d'honneur avec violence tout en poussant la porte de l'école menant vers l'extérieur. Ce connard va sûrement cafter directement à mon père mais qu'est-ce que cela peut me faire qu'il appelle mon père pour mon geste ? Est-ce que ce connard a téléphoné à mon père à chaque remarque déplacée que j'ai pu recevoir par ses élèves ou par ses enseignants dans ses classes ou dans ses couloirs ? Non ! Qu'il aille cramer en Enfer. Qu'ils pourrissent tous !
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Dessine-moi un ange ! (suite de Dessine-moi le diable) [gxg]
RomanceOn ne peut pas éternellement fuir, il faut un jour faire un choix. J'ai été incapable de le faire entre ses deux femmes si différentes. Celle qui m'a aimée détruite opposée à celle qui m'a aidée à m'en sortir. Mon surnom de Diable a pris tout son se...