Fils de la Lune

Chapitre 4 : Dîner

Je lâche un cri de surprise et pas viril pour un sou, plutôt semblable au couinement d'un jouet pour chien. Aigu. Tordu. Plein de choses en "u" pour simplifier la tâche. Je relève un regard innocent vers Greg, derrière sa palissade avec un arrosoir à la main. Pourquoi il fallait qu'il choisisse ce jour, ce seul jour ou je fais mon curieux, ce moment précis pour arroser son jardin? D'ailleurs, qui arrose encore son jardin avec les automates qui le font à notre place? Le destin s'acharne sur moi, je vous le répète.

-Alors? Zayn, c'est ça? Pourquoi tu nous observes encore? Répète-t-il.

J'ouvre la bouche, la referme. Comment je vais aborder ça? Pire, est-ce que c'est une bonne idée de lui en parler? Au pire, il saura peut être ce que ce jeune faisait dans le jardin cette nuit. Je relève le regard vers lui avec une innocence des plus pures. Ou plutôt, j'ai l'air complètement stupide avec mon sourire d'idiot, mais c'est un détail.

-En fait, je voulais savoir si, par le plus pur des hasards, y aurait pas une troisième personne ici...?

Je le vois froncer les sourcils et se raidir légèrement. Visiblement j'ai fais mouche. Je n'aurais peut être pas du. Je me tortille sur place, gêné, avant qu'il ne daigne me répondre après un long temps de malaise.

-Pourquoi cette question?

Je déteste ça. Les personnes répondant à une question par une autre question. C'est ennuyeux.

-Parce que j'ai vu quelqu'un dans le jardin cette nuit. Et j'ai envie de savoir si c'était pas un voleur ou autre.

Il lâche un rire. En plus il se fiche de moi maintenant. Magnifique, vous dis-je! Je fais la moue, je partirais bien mais je veux au moins réussir à lui soutirer une réponse. Juste une. Après je retourne m'enterrer et pleurer contre ma discrétion inexistante.

-C'est pas un voleur, c'est juste mon petit frère. Finit-il par annoncer, un fin sourire aux lèvres.

-Ah... Eh bien... Merci?

Je file sans demander mon reste. J'ai l'impression d'avoir cinq ans et demi. Une bonne douche s'impose. Froide de préférence. Comme ça non seulement je pourrais faire des vocalises monumentales en me prenant l'eau glacée sur la nuque, mais en plus je pourrais réfléchir, bouder, et pleurnicher tout mon saoul. Qui ne réfléchit pas sous la douche, sérieusement? Je suis le seul? Autant vous dire que la facture d'eau de fin du mois ressemble à un code binaire. Trop de un et de zéro partout. J'exagère à peine. Bref, sans grande surprise, le hurlement que je lâche en me recevant la vague d'eau froide entraîne une baisse extrême de ma virilité. Le premier qui m'entends peut rire de moi tout le restant de sa vie. Ce qui me surprends plus, c'est d'entendre sonner à la porte quelques minutes après. Deux peut être. Bien sur, c'est pile au moment ou je suis couvert de savon, quand ma mère et ma soeur sont absente, que ça arrive. Ça ne peut jamais être à un autre moment. J'ai beau retourner la situation dans tout les sens, je ne vois pas d'autre option. Horreur. Je déboule comme un furieux dans le couloir, ma mère va me tuer en rentrant si je ne sèche pas le carrelage, mais ce n'est qu'un détail. J'ai l'air fin quand j'ouvre la porte, en serviette -rose, ma mère me hait vraiment par moment, à croire qu'elle cherche les pires choses au monde pour m'embarrasser-, couvert de savon, devant ta mère. Elle va vraiment finir par me prendre pour un retardé. Toujours est-il que je l'accueille avec un sourire innocent, complètement faux. Intérieurement j'aimerais crier pour ma douche fichue.

-Oh... Excuse moi, je vois que je te dérange. Bafouille-t-elle, visiblement gênée.

-Mais vous ne dérangez pas du tout madame!

Bon, d'accord, j'ai peut être un petit peu forcé sur le ton de lèche bottines.

-C'était juste pour savoir si vous aimeriez dîner à la maison ce soir? Ta mère me semble être une personne aimable, et comme le...