Chapitre 2 : Phil

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Dans le petit village au bord de la forêt, Phil franchissait la porte de sa maison, son arc sur une épaule, son carquois sur l'autre. Il avait donné rendez-vous à Kaitla dans la deuxième clairière de la forêt pour une leçon d'arc. Il pénétra dans la forêt dense au pas de course. Le jeune homme aurait pu prendre le sentier pour mieux se diriger, mais il préférait se fier à son sens de l'orientation.

Dès qu'il pénétra sous les arbres, un calme profond l'avahi. Il s'arrêta pour humer l'air. Cet air pur, un air qui l'avait toujours apaisé.

Les arbres défilaient tout autour de lui. Le Soleil transperçait l'épais feuillage. Ce dernier obscurcissait les bois ici et là, lui procura en la même occasion une atmosphère mystérieuse. Certain avait peur de s'y enfoncer. Avec ses arbres centenaires, son dense feuillage qui ne laissait pas passer les rayons du Soleil partout et ses nombreux animaux qui les parcouraient on aurait dit qu'elle sortait tout droit d'un conte.

Plus il s'approchait du point de rendez-vous, plus l'atmosphère était lourde. Le temps semblait suspendu, plus la moindre trace de vent, le chant des oiseaux avaient disparu, pas un bruit, le temps était figé. Il s'arrêta. C'était tellement étrange. Ses sens étaient en alerte. Ce n'était pas normal. Il tendit lentement la main derrière son dos. Son expérience lui disait que le moindre geste brusque pourrait alarmer un potentiel prédateur. Il enfila une flèche dans son arme. Son coeur accéléra. Sa respiration était saccadée.

C'est alors qu'il sentit un poid sur son pied. Il baissa son arc, mais avant de tirer, le jeune homme regarda ce que c'était. Une chance, c'était un renard aubrun, Luko. Phil se détendit, abaissa son arc. Le renard donna un coup de tête vers la droite pour lui montrer quelque chose. Il était habitué au réflexe de Phil. Ce dernier avait bien failli lui tirer dessus une couple de fois. Luko savait pertinemment que pour éviter un accident, il ne devait pas lui bondir dessus. Le jeune homme se tourna et comprit l'étrange atmosphère.

C'était une scène étrange à contempler, Kaitla agenouillée devant une jeune louve grise, au milieu de la clairière, son pelage nuançait entre le noir sur le dos et le blanc sur le ventre. Un lien invisible se tissait par leur regard plongé l'un dans l'autre. Silencieusement, il fit un pas en arrière. Sachant ce qu'elle était en train de vivre, il ne voulait pas briser cet instant sacré. Il fit un signe de tête à Luko, lui signifiant qu'il rentrait. Le renard trottinait à côté de lui, mais son ami ne lui prêtait guère attention, ainsi perdu dans ses pensées en marchant. Il leva la tête quelques secondes, avant de rependre sa marche. Au lieu de continuer tout droit pour rentrer chez lui, il bifurqua à gauche.

Le temps était doux, pas trop chaud, ni trop froid. Bientôt, le roucoulement d'un ruisseau lui parvint aux oreilles. Une petite pente abrupte le séparait de l'eau. En ayant nullement le goût de se retrouver trempé, il l'a descendit avec précaution. Précaution n'était pas synonyme de prendre son temps pour lui. Son instinct était comme celui d'un renard, un seul regard lui suffisait pour analyser une situation, peu de détails de cette dernière lui échappait. Agilement, il atteignit le bord en se servant de certains arbres pour se soutenir, en s'agrippant sur une racine ici, en s'appuyant sur une autre là. Luko le suivait sans le moindre effort, ses griffes lui étaient bien pratiques. Quand ils atteignirent le bas, Phil enjamba le ruisseau suivi de Luko. Ils marchèrent un peu sur le bord.

Le jeune homme s'assit sur un rocher plat chevauchant l'eau. Les jambes repliées sur lui même, il releva la tête. D'ici, on pouvait voir une tranche de bleu. La journée était belle, le ciel d'un bleu clair, opaque, ne laissait voir aucun nuage à l'horizon. Luko s'assit à ses côtés, en appuyant sa tête sur son ami. Au dessus d'eux, les branches formaient un dôme les protégeant des rayons du Soleil.

Enfin, Phil le regarda. Il se souvenait très bien de l'instant où leur lien s'était soudé.
Il venait alors d'avoir sept ans. Il était encore une fois dans la forêt, un peu plus loin de l'endroit où il se situait en ce moment même. Son père voulait lui montrer comment chasser.

Nature liée -tome 1 - le lien -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant