Chapitre un

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Ethan se fit violence pour ne pas arracher son casque et le jeter sur son bureau. Sa mère ne lui en rachèterait pas un autre. Et il ne voulait pas demander à son père qui lui aurait acheté le nec plus ultra rien que pour faire rager son ex-femme.

Il expira profondément. Sur le PC tournait son dernier jeu et il pouvait voir qu'il s'était fait descendre comme un noob.

Tout ça parce qu'il n'avait pas entendu Adrien, son coop, le prévenir qu'un ennemi arrivait à sa gauche. Ça lui valut les moqueries de Quarty34, un gars avec qui ils jouaient depuis plusieurs mois.

« Et allez, encore Dyaketh qui se fait shooter comme une gonzesse, rigola-t-il.

– Mais va te faire foutre ! répliqua Ethan, passablement énervé. Tu m'emmerdes à bouffer au milieu des parties ! J'entends rien avec tes bruits de vache. »

Pour toute réponse, il y avait eu les craquements caractéristiques des céréales que mangeait régulièrement Quarty en jouant.

« Étouffe-toi avec tes Chocapics et crève ! »

Il se déconnecta du serveur, gérant comme il pouvait la colère qu'il ressentait. Il posa délicatement son casque devant l'écran. Ça faisait plusieurs fois qu'il demandait à ce type de ne plus manger en partie ou alors de couper son micro. Mais Quarty s'en foutait, il ne voyait pas le problème. Adrien, au milieu, essayait de calmer le jeu, mais il le faisait sans réelle conviction, car il ne comprenait pas ce qui stressait tant Ethan.

Il avait fini par lui dire d'améliorer son équipement au lieu d'engueuler ses coéquipiers. Ethan n'avait pas pu répliquer qu'il avait déjà un casque de bonne qualité et que ce n'était pas ce qui lui causait souci.

Il secoua la tête, pinça son nez et souffla pour tenter de se débarrasser de cette sensation d'oreilles bouchées, mais rien n'y fit. À chaque fois qu'il jouait trop longtemps, et avec en prime cet abruti de Quarty, il avait cette douleur sourde aux tympans qui finissait par lui coller une migraine.

Il attrapa un Doliprane dans son sac. Il en avait déjà pris ces derniers jours et la boite diminuait drastiquement, il risquait d'être à court lors d'une journée de classe et de devoir endurer l'agression permanente des autres, leur présence.

Il alla farfouiller dans le gros carton qui faisait office de pharmacie dans la chambre de sa mère. Il trouva une boite entamée dans laquelle restaient trois comprimés.

Quarty était un bon joueur et il était souvent disponible. Mais c'était un vrai con. Sorti de ses commentaires sur les femmes, de ses propos pas toujours très fins sur les gays, lesbiennes ou toute autre personne qui ne rentrait pas dans son monde étriqué et de ses avis politiques dignes du bar du coin, il n'y avait rien. Aucune réflexion, aucune pensée construite. Juste un amas de conneries.

Ethan se considérait comme assez basique, loin d'être super intelligent ou quoi que ce soit. Il ne possédait pas une sensibilité accrue, mais il se savait honnête et respectueux des gens. Avec les efforts déployés par sa mère pour qu'il le soit, c'était un minimum.

Ethan se laissa tomber sur son lit, fit valser ses baskets, son jean et se recouvrit de la couette. Il profita du silence. Il aimait le mardi après-midi, quand il n'avait pas cours, pour avoir la maison pour lui seul.

Il fit glisser son boxer le long de ses cuisses, il ne ressentait pas à tout prix l'envie de se masturber, mais il savait que ça le ferait dormir en plus de soulager son mal de tête.

Depuis de longues semaines, il ne pouvait s'empêcher de fantasmer sur des situations particulières. Il se faisait son propre film porno dans sa tête, choisissant ses acteurs, les mettant en scène, sans s'y inclure.

Dans le silence (Edité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant