Chapitre six

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Sa mère lui avait demandé comment s'était passé son rendez-vous et il avait jeté un :

« Trop cool, j'suis sourd ! »

Regrettant son ton, il lança l'ordonnance sur le fouillis de son bureau. Ainsi que l'adresse d'une association étudiante que lui avait donnée le doc. Il ne descendit pas plus tard quand il entendit la voix de sa tante dans la maison. Pas besoin d'être désagréable avec Charline alors qu'elle ne lui avait rien fait.

Il vit qu'Adrien l'avait contacté et il n'y répondit pas. Ethan plongea le visage dans son lit. Son téléphone vibra à nouveau.

Adrien : Ho, tu réponds ou quoi ? C'est qui la fille que t'as rajoutée en ami ? Elle est grave bonne.

Toute la délicatesse de son ami résumé en deux phrases. Ethan fronça les sourcils.

Ethan : Ma correspondante américaine. Oublie, tu l'auras jamais en physique.

Adrien : M'en fous. Tu crois que tu peux avoir des nudes ?

Le brun soupira. Non, mais sans déconner, et le respect ? Est-ce que quelqu'un s'était chargé d'inculquer le respect à ce mec ?

Ethan : Putain, grandis ! Ou achète-toi un cerveau !

Adrien : Sors-toi le balai que t'as dans le cul ! Ou alors t'as fini par trop aimer ça ? C'est donc ça ton problème, qu'on peut jamais rigoler sur les filles ? Toi, tu préfères te faire mettre, hein ! Enculé !

C'était la première fois que les insultes tombaient de façon aussi haineuse. Et ce dernier mot, il avait déjà été dit en passant comme connard ou enfoiré dans le feu d'une partie, pour rigoler alors qu'Ethan savait que ce n'était pas un mot comme les autres.

Là, ce mot eut un tout autre écho. Adrien ne se comportait plus en ami depuis longtemps, ne prenant plus son parti quand ils jouaient, et sortant des insultes régulièrement, soi-disant pour rigoler. Des insultes qui n'avaient rien de drôle.

D'autant que ces derniers mois, les fantasmes d'Ethan s'étaient tournés de plus en plus vers... tout autre chose et il sentit une tension quand il repensa au film qu'il s'était joué dans sa tête la veille au soir.

Bon, tout était une question d'hormones. Il pouvait bien se retrouver à bander devant un catalogue de bétonneuses ou de motoculteurs quoi !

S'il y a des beaux mecs pour les conduire, absolument, lui souffla son cerveau perfide. Il l'insulta copieusement.

Il jeta son téléphone loin de lui. Adrien devenait juste un connard, un gros connard. Ça résolvait magnifiquement l'équation, non ? Son regard tomba sur la feuille qui avait glissé de son bordel jusqu'au sol.

« Appareillage bilatéral »

Il se demanda soudain combien ça coûtait ces trucs-là. Il avait vu sa mère tiquer au prix des lunettes de Mathieu et payer en plusieurs fois. Son père ne participait jamais pour ce genre de choses. Donner des billets à chaque fois qu'il les déposait chez leur mère, ça, il savait faire. Mais prendre en charge plus que ce qui était défini dans le jugement de divorce, non.

Ethan avait du mal à se dire qu'il avait besoin de ces appareils, mais par curiosité, il fit une recherche. Il se perdit dans le jargon administratif, ne comprit pas grand-chose hormis le prix : près de mille-deux-cents euros pour des appareils de base. Et ça, seulement pour une oreille !

« Ah ouais, quand même ! marmonna-t-il. »

Il avait une bonne idée du salaire de sa mère, et s'ils n'étaient pas à la rue, les extras ou les sorties ne faisaient pas partie de leurs habitudes. Pour eux, faire un repas élaboré avec un film à la maison relevait déjà d'une bonne soirée et ils appréciaient énormément.

Dans le silence (Edité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant