Dans le silence (Edité)

Chapitre deux

Ils avaient la chance que collège et lycée soient à côté, dans la même direction que le boulot de leur mère et avec des horaires compatibles. Ethan, lui, devait attraper un tram pour continuer jusqu'à la fac.

Christen déposa d'abord Mathieu puis continua une centaine de mètres plus loin pour gagner le lycée. La petite moue attristée sur la bouille du benjamin n'échappa pas à Ethan.

« Hé, dit-il en tapant son frère Lucas qui s'était arrogé la place passager à l'avant. Ça va pour Math ?

– Qu'est-ce que j'en sais ? répondit le cadet, sans lever la tête de son téléphone.

– Oh mec, on parle de Math là ! »

Chris s'arrêta en double file et retint Lucas.

« Quelque chose à me dire, mes escargots ? demanda-t-elle. »

Ethan haussa les épaules.

« J'ai un mauvais pressentiment, dit-il. Pour Math. Avec sa grande gueule et tout...

– Le collège, c'est pas évident, fit Lucas avec platitude.

– Dixit Monsieur Populaire sans même se donner la peine d'être aimable ! »

Son cadet sourit avec élégance et commença à sortir de la voiture. Ethan fit de même et leur mère se pencha vers l'extérieur, les apostrophant par la fenêtre ouverte.

« Hop, hop, hop, les gars, vous pouvez pas lâcher le spectre du harcèlement et vous en aller comme ça ! Y'a l'accord de complicité parent-enfant qui l'interdit ! Donc, on en est à sortir l'artillerie lourde ou pas ? On va péter des dents, des genoux ? Il me faut juste une adresse. »

Ethan pouffa.

« T'exagères, maman. C'est juste... une impression, quoi ! Alors si l'autre frérot de mes deux voulait bien se sortir les doigts et faire marcher son réseau pour avoir des infos, ça simplifierait grandement l'équation. »

Lucas était en première et encore proche de quelques gars de collège, il devait pouvoir avoir une idée de ce qui se passait rapidement. Ethan fit les gros yeux à son frère qui lui, les leva au ciel tout en fermant la portière.

« Ok, ok, je déploie les grands moyens ! accepta-t-il en pianotant sur son téléphone. Voilà, satisfait ?

– Quand t'auras des réponses, je le serai.

– Vous me tenez au courant, les chouquettes ! Et vous ne faites rien d'inconsidéré ! menaça-t-elle.

– Comme quoi ? demanda Lucas avec un sourire.

– Comme aller péter la gueule à des collégiens s'ils embêtent votre frère.

– Pfff... rabat-joie ! marmonna Lucas.

– J'veux participer aussi ! rétorqua Chris avec un sourire de psychopathe. »

Mais qui a une mère pareille, sérieux ? pensa l'aîné furtivement avant de laisser tomber, habitué à pire.

Les deux frères se séparèrent un peu plus loin, sans un mot et Ethan continua en longeant la voie de tram. Pas qu'ils aient honte l'un de l'autre. Ils se ressemblaient fortement, n'importe qui pouvait voir le lien de fraternité entre eux, Lucas étant une version améliorée, comme le chef-d'œuvre après un brouillon. Ethan accéléra pour attraper le tram qui arrivait. Il sauta dedans et s'installa. Une main lui tapa dans le dos alors qu'il regardait défiler le paysage.

« Ben alors, ça fait deux minutes que je t'appelle ! commença Adrien. T'es con d'avoir déco hier, on a super bien joué, tu aurais dû me voir, j'ai chopé trois mecs avec un seul C4, c'était d'enfer !