Courcelette (France), 1916, Bataille de la Somme
Ludwig était un jeune soldat, à peine 25 ans. Pourtant, il ne s'était jamais senti aussi vieux. 2 ans qu'il se battait dans ces tranchées boueuses et il était à présent considéré comme un vétéran. Il avait vu tomber tellement de ses camarades, abattus par les balles françaises ou anglaises, mortellement touchés par des éclats d'obus ou asphyxiés par des gaz. A force, l'allemand avait l'impression de ne plus rien ressentir, comme si tous ses sentiments s'étaient évanouis, partis en fumée dans les cendres des bombardements.
Son dernier rayon de soleil dans cet enfer c'était Feliciana, sa fiancée. La jeune femme lui écrivait des lettres régulières, lui demandait des ses nouvelles et lui en donnait de ses parents. La lecture de ses lettres, la vision de l'écriture maladroite de l'italienne, pleine de fantaisies et de petits dessins qu'elle rajoutait, était le seul échappatoire de l'allemand. Il oubliait pendant un temps les horreurs du quotidien et ne pensait plus qu'au souvenir du sourire de Feliciana, de sa voix pleine d'entrain, de ses magnifiques cheveux, de son accent italien chantant. Un mince sourire étirait alors les lèvres du soldat, le seul dans ces jours sombres.15 septembre 1916
C'était un jour aussi gris que tous les autres. Encore une fois, le soleil ne se montrerait pas. Ludwig était réveillé depuis l'aube et attendait, son fusil en main, le regard fixé sur les tranchées d'en face. Pour l'instant, tout était calme. C'était comme ça parfois, mais ça ne durait jamais bien longtemps. Le calme avant la tempête.
L'allemand et plusieurs de ses camarades se tenaient côte à côte. Le commandement ne leur avait pas ordonné de partir à l'assaut pour l'instant. Le dernier assaut, 3 jours auparavant, s'était soldé par une « importante victoire » selon les mots de l'état major : 8 m gagnés, et 10 fois plus d'hommes qui ne s'étaient pas couchés ce soir là. Ludwig se sentait amère et furieux en y repensant. A force, il ne savait même plus pourquoi ils se battaient tous, coincés dans leurs tranchées. Si cette guerre avait un jour eut un sens, il était perdu depuis longtemps.
Soudain le blond sentit comme un changement dans l'air.
« Vous entendez ce bruit ? » demanda un jeune soldat tremblant près de Ludwig.
« Oui. » répondit sobrement le plus grand.
Il entendait bien quelque chose, un grondement sourd et diffus qui grandissait. Quelque chose approchait.
« Qu'est-ce que c'est Capitaine ? » s'effraya le jeune.
Ludwig le regarda avec pitié. Il avait à peine 18 ans. Des cheveux bruns en bataille, de grands yeux sombres écarquillés, un visage encore à mi-chemin entre la bouille ronde d'un enfant et les traits assurés d'un adulte. C'était un gosse qu'on avait précipité dans les pires enfers que l'humanité pouvait créer.
« Je ne sais pas. Tiens toi sur tes gardes, garde la main sur ton fusil et tout ira bien. »
Ludwig ne pouvait rien lui dire de plus. Il n'avait aucune idée de ce que pouvait être ce grondement. Un véhicule peut-être ? Ça ne ressemblait en rien au bruit d'une arme. Mais quel véhicule ferait un bruit comme ça ? Et surtout, qui amènerait un véhicule en plein sur le front, là où les combats font rage ? Ludwig n'y comprenait rien, il n'avait d'autre choix que d'attendre, le ventre noué. Quelque soit l'origine de ce bruit, ce n'était pas bon signe.« Capitaine là ! »
Le cri d'effroi poussé par le jeune le fit sursauter. Le plus petit pointait du doigt les tranchées d'en face, où quelque chose était en train de bouger. Une immense masse métallique. Ludwig sentit une sueur froide couler dans son dos tandis que les battements de son cœur s'affolaient. Qu'est-ce que c'était que ça ? Il garda son calme extérieurement. Inutile d'affoler ses hommes davantage.« Ça... ça vient vers nous ! »
Plusieurs soldats poussèrent des cris de peur.
« Restez à vos postes. » les enjoignit Ludwig d'une voix qu'il espérait ferme et calme. « Quelle que soit cette chose, elle ne doit pas s'approcher. »
« Il y en a d'autres ! »
Le cri avait retentit dans la tranchée, rempli d'horreur. Des dizaines d'autres masses sombres sortaient des tranchées ennemies, escaladant les monticules de boue.
« Tous à vos postes ! » hurla Ludwig. « Ne les laissez pas approcher ! Feu à volonté ! »
Les soldats terrifiés obéirent sans discuter. Bientôt le vacarme de la mitraille couvrit le grondement de tonnerre des monstres de fer. Ceux-ci avançaient, imperturbables aux obus et aux balles, s'engageant dans le no man's land qui s'étendait entre les deux tranchées. Ludwig hurlait de toutes ses forces pour encourager les soldats mais les monstres métalliques ne s'arrêtaient pas.
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RECUEIL D'OS HETALIA
FanfictionDes histoires courtes avec des personnages d'Hetalia inspirées de faits historiques, ou juste sorties de mon imagination. De la Guerre de 30 ans à la 1ère Guerre mondiale, de l'Ecosse au Japon, de simples civils à de hauts gradés, l'histoire de diz...