Il courait, dans la frénésie qu'était la vie.
Il souriait, dans la morosité qu'était sa vie.
Il connaissait le chemin par cœur, comme la poche trouée d'usure de sa veste préférée, celle qu'il portait à chaque journée.
Droite, gauche, de nouveau à droite, une fois à gauche, et il y était, dans cette rue où se situe son habitat.
Un tout petit, qu'il lui convenait bien, dont il devait se contenter.Mais il n'allait pas se plaindre, loin de là, alors il souriait, qu'il pleuve, qu'il vente, que le soleil soit resplendissant.
Il leva son regard vers le ciel assombri, juste pour croiser, entre lui et bleu, une autre paire d'yeux.
Celle de l'homme à la cigarette, à l'air trop sombre pour être réel.
Et peut-être que cet homme ne le savait pas, mais à chacun de ses regards, son mensonge n'en devenait plus un. Mais une belle vérité à laquelle il voulait se laisser tomber.
Le temps changeait. Il ne pleuvait plus.
Mais la froideur de l'extérieur venait à présent lui coller au visage.Il se demandait alors, est-ce que du haut de sa fenêtre, l'homme à la cigarette les ressentait ?Ses vagues frigorifiantes le faisant trembler de toute part.
Sans jamais être assez forte pour faire tomber son sourire, surtout quand il croisa son regard.
Comme toujours il était froid, distant, un poil méprisant.
Mais qu'il était beau, qu'il était beau de là-haut.
Depuis ces quelques temps, depuis la première fois, celle où sa tête se leva et le rencontra, cette pensée ne le quittait. Non, jamais, toujours là, à chaque fois.
Cet homme à la cigarette était beau, ses cheveux bougeant légèrement au rythme du vent.
Son regard resta posé sur lui, un certain temps qu'il ne pouvait dire.
Trop pour les autres, pas assez pour lui.
Et lui ? En haut ? Avec sa cigarette finie depuis quelques secondes, dans quel camp était-il ? Trop ou peu ? Assez ou non ? Suffisant ou maudissant ?
Il ne le saurait, la porte se fermait, son regard le quittait.
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Là, où l'on ne m'aime pas.
General FictionUne cigarette entre les lèvres, il l'observait de sa fenêtre. Cet homme d'en face, au sourire et regard menteurs. Comme tous les soirs, leurs yeux se rencontraient. Puis, accompagnant les bruit de la rue, une porte claqua, une fenêtre se ferma. Et...