Et les réponses

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Je n'hésite plus et m'approche un peu plus près de lui.

Je ne sens pas sa respiration chaude tout près de moi mais je sais qu'il respire.

Mon cœur bat fort. Il bat la chamade, il veut se barrer, sauter et twerker tout partout sans jamais s'arrêter.

Je ferme alors les yeux pour calmer l'émotion, ou pour mieux la ressentir peut-être, et je me penche lentement vers lui.

J'ai le souffle essoufflé et à bout de souffle.

Je m'approche encore, je le frôle même !

Je ne ressens plus pour cet être que de l'immense douceur.

-Ouvre les yeux maintenant, me murmure-t-il d'une voix rauque.

J'obéis et croise ses yeux verts. Mais soudain je me fige.

Les larmes me submergent et noient mes cils.

-Ça y est, tu te dévoiles à moi...

J'approche ma main pour le toucher. Mes doigts se lèvent et effleurent sa peau froide comme le marbre. Froide... si froide.

Je regarde la faux qu'il tient comme un bâton de pèlerin dans sa main gauche et qui vient d'y apparaître comme par magie. Ou peut-être qu'elle a toujours été là mais que je n'y ai jamais fait attention... Trop aveuglé et préoccupé par le reste de son apparence, que je ne trouvais pas assez belle.

-À ta question es-tu réel, je répondrai oui. Aussi réel que toi.

Ses yeux d'un vert extraordinaires perforent mes pupilles et me révèlent toute la profondeur du personnage  : ce sont toutes les belles âmes qui s'y agglutinent et se font voir.

-À ta question où sommes-nous, je te dirais que nous sommes dans l'inconscience mais aussi dans la conscience des gens. Nous sommes là... Nous sommes partout.

Il reprend son souffle un instant, comme à bout d'air, à bout de mots face à tant de révélations et de confessions.

-À ta question, pourquoi es-tu triste, je répondrai à cause du fait que les gens ne me comprennent pas. Pourquoi les gens sont tristes à cause de moi ? Parce que je les enlève et ne les rend pas.

Je n'ose rien dire, je l'écoute dans un silence des plus dignes.

-Vas-tu y échapper ? Vas-tu m'échapper ? il baisse un instant la tête pour contempler le sol. La plupart du temps je suis une fatalité mais... Qui sait, peut-être ?

Son odeur m'englobe complètement et je comprends maintenant, que ce n'est pas l'odeur d'un douteux déodorant. J'ai eu tout faux, sans m'en rendre compte.

-Et enfin, à ta question, qui es-tu, je... Je répondrai la Mort.

La Mort touche ma joue dans une caresse de douceur glacée, effleurant une de mes mèches de cheveux au passage.

Dans son sillage, c'est le froid qui m'embrasse.

-Et la Mort vient de toucher la Vie.

Autour d'eux, c'est le monde qui s'arrête de fonctionner et qui se sent choqué face à tant de vérité.

Ça y est alors, l'ignorance est tombée, l'innocence s'est vue ébréchée !

La Vie attrape la main baladeuse de la Mort et comme une connexion qui s'unie, tout devient compréhensible.

La Vie murmure :

-Et la Vie s'est retrouvée à apprécier la compagnie de la Mort. À ne plus pouvoir vivre sans elle.

-Es-tu déçue ?

La Vie hausse les épaules, faignant d'être sans avis.

-Je suis déçue, la Mort n'a pas beaucoup d'humour.

La Mort sourit face à cette ironie qu'elle connaît si bien à présent.

-Moi aussi je suis déçue, la Vie est trop impulsive.

Les deux allégories se prennent alors dans les bras et enlacent l'existence.

Cette fois-ci, la Vie et la Mort ne partirent pas chacune de leur côté en croyant toutes deux que leur monde était réalité. Non. Elles firent route ensemble, main dans la main.

Et à ce qu'il paraît, elles ne se quittèrent plus jamais.

Mes Mouchoirs de PapierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant