Shadow like me

chapitre 9: je suis un homme

-Mmmmh.. Il est excellent.
Le thé presque brûlant coulait le long de mon oesophage, me réchauffant tout l'intérieur de mon corps.
Malgré tout, le petit vent glacial se levait dans la nuit et traversait mes habits mouillés, me faisant grelotter davantage.

-Je n'ai pas d'habits à te prêter alors...
Il vint vers moi et me prit dans ses bras, me carressant le dos pour sécher mon pull. Je profitai de l'instant pour me coller à lui et le serrer fort.

-Ça va mieux maintenant ?

-Ouiiii !
Un petit rire tendre sortit de sa bouche et il me carressa les cheveux, y déposant quelques doux baisers.
Nous étions si bien tous les deux, blottis l'un contre l'autre, protégés de ce monde si barbare.

-Taehyung, je peux te poser une question ?
-Bien sûr je t'écoute.
-Tu étais quoi avant ?
-Qu-quoi ?
-Tu m'as dit que tu n'as pas toujours été un vampire, alors tu étais quoi avant ?
...
-Et bien... J'étais comme toi avant, un humain tout à fait normal.
-Mais alors... Comment ?
Il réfléchit longuement avant de me tout me dire.

-Très bien, je pense que tu es bien la seule qui a le droit de savoir... Tout s'est passé il y a au moins une centaine d'années.
Avant, je te l'ai dit, j'étais un petit garçon exactement comme toi.
De mon temps, le monde était bien différent. Les gens se comportaient normalement, se montraient chaleureux et vivaient ensemble dans la joie et la bonne humeur.
J'aurais pu devenir quelqu'un de bien, avoir une vie normale et bâtir mon avenir.

Mais tout ne s'est pas passé comme prévu.

La souffrance me pesait déjà.
J'avais une famille tout comme la tienne. Je vivais étant le souffre douleur. Mes parents, mes frères et soeurs me martyrisaient. Ils y prenaient un plaisir considérable, certainement pour déverser leur haine. Je pouvais passer au dessus, mais cela devenait vraiment difficile au fil des années...

Malgré que tout allait bien dans le village, je me sentais horriblement mal et seul. Je n'avais aucun ami, à par l'école, je ne sortais pas, j'ai énormément souffert en cette période.
Toutes ces horreurs subies, ma folie ne pouvait qu'accroître et se développer avec une rapidité extrême.

Jusqu'à commettre l'irréparable....

Un soir, j'ai craqué. Toute cette souffrance ce supplice qui me privait de mon enfance avait assez duré.
Ma famille, mes bourreaux qui me torturaient à longueur de journée allaient payer.

*moi* ces mots me firent frissonner. Je ne pouvais que m'attendre au pire.

-Alors je suis descendu dans la cuisine, j'ai pris le pistolet de mon père, policier à l'époque et...

*silence profond*

-Je les ai tous tués... Un à un...
Mon coeur loupa un battement.
Ce calme incommensurable dans le grain de sa voix me choqua presque.

-Je les ai tous tué...
Une certaine mélancolie s'était installée en lui, accompagné d'une once de remord.

-Ils me manquent tant... *tête baissée*
J'en fus impressionnée.
Malgré la haine qu'il ressentait, cette colère profonde et si destructrice qui l'avait poussé à commettre un homicide !!

Et malgré toute cette haine, il aime encore sa famille...

-Tous les voisins ont été alertés par le bruit. Alors ils sont venus et m'ont vu, le pistolet à la main et ma chemise de nuit fraîchement tâché par le sang de ma mère.

Ils l'ont vu, et depuis tout a changé.
Un enfant, petit, innocent, avec le sang de celle qui l'a mise au monde, voilà ce qu'ils ont retenu de ce meurtre. Sans même savoir que cette mère, qui est censée représenter l'amour, frappait, torturait et humiliait son petit. Ils ont vu le père, symbole de paix et de protection, une balle dans la tête avec son sang dégoulinant sur le tapis brodé de soie.
Ce même père qui a failli tué son enfant tellement ses coups étaient violents.
Et le frères, qui sont les modèles, les meilleurs amis, les liens de chair, tous endormis pour l'éternité. Ces mêmes frères qui avaient jadis tenté de noyer le petit dernier...

Ils ont tout vu, mais n'ont rien su.
Ils m'ont traité de monstre, sans savoir qui étaient les vrais monstres dans l'histoire.
Ils m'ont tous détesté, alors que je ne voulais qu'être aimé.
Puis, à partir de ce jour, le village fut plongé dans un désespoir profond.
Après avoir vu les horreurs qu'a pu faire le plus innocent des petits enfants, il n'avaient plus confiance en personne, pas même leur propre progéniture.
C'est ainsi que le village n'est plus jamais remonté à la surface, et ne brasse plus que du noir.

-Et toi ?
-Moi... Je ne vivais que dans la souffrance et la haine. Celle-ci a peu à peu envahit mon coeur, le vidant de tout bon sentiment qu'un homme peut avoir.

Puis je suis mort, mort de l'intérieur.
J'avais fini par tuer l'ancien Kim Taehyung, à force de me laisser contrôler par mon désir de vengeance.
Mes parents m'avaient détruit, et je me suis détruit moi même.
Je ne ressentais plus rien, ni l'amour, ni la joie, ni même le plaisir. Tout est devenu fade, les aliments, les autres, la vie.
Je suis devenue quelqu'un d'autre, une créature sans cesse assoiffée de vengeance, qui a perdu son âme à tout jamais.
Depuis, je ne me nourris que du sang de mes victimes, même si celui ci n'a aucun goût. Je ne vis que pour détester, tuer, survivre. Je ne suis plus rien, je ne suis qu'un corps désséché à la recherche de la paix éternelle.
Je ne veux que mourir, mettre fin à cette survie atroce qui ne me conduit qu'au désespoir...

Je ne pus retenir mes larmes tellement c'était poignant. Taehyung n'avait rien d'un tueur en série. Enfaite, il n'avait rien d'une mauvaise personne. Ce qu'il a fait est terrible Certes, mais comment le détester ?
Ce n'est qu'un pauvre enfant à l'intérieur, un enfant en quête désespérée d'amour et de tendresse. Un petit oiseau tombé du nid qui veut voler de ses ailes. Il veut juste se retrouver, retrouver l'amour et la joie qui l'emplissait auparavant. Il a fini par se laisser envahir, se faire voler son coeur alors qu'il n'avait rien demander.

-Taehyung, tu es incroyable...

Je le serrai de toutes mes forces.
-Si tu veux savoir, j'ai failli perdre le contrôle moi aussi. Comme toi, mais heureusement tu es là, tu m'aides, tu me remets sur le droit chemin. Tu es le meilleur... *pleure*

-Écoute moi Audrey. *me relève le menton*
Ne laisse jamais la haine des autres voler la pureté de ton coeur.
Il sécha mes larmes.
-Je suis peut être perdu, mais toi non.
Tu as encore une chance. Jamais je ne te laisserai vivre la même vie que moi.

Il m'enlaça fort et me caressa le dos.
-Je serai toujours là pour toi.

Ces mots doux me bercèrent et m'emenèrent vers le pays des rêves.

-Je t'aime Taehyung *dans un dernier soupir*

PDV TAEHYUNG :

Ces derniers mots me rendirent tout bizarre. Personne ne m'avait jamais dit ça. Je restai figé, un petit sourire au coin des lèvres.
Puis je revis la lueur dans ma poitrine. Elle était chaude et scintillait plus que la dernière fois. Je-je sentais quelque chose de différent en moi. Comme... Comme... De l'a-a...
Amour ?
Ce mot fit briller encore plus la lumière. Un tout nouveau sentiment s'installa, agréable qui ne me faisait pas souffrir cette fois.
Des petits papillons remuaient dans mon ventre et je sentais la chaleur provenant de ma poitrine.
Alors... C'est ça d'aimer quelqu'un ?
Cette petite a l'air de me redonner une âme, comme si elle possédait un don. Jamais je ne dois m'en séparer. Je dois la protéger jusqu'à la fin.

-Je t'aime aussi Audrey... *baiser dans ses cheveux*

J'étais apaisé, ce petit être bien endormi me réchauffant. D'ailleurs, comment fait elle pour être confortable sur ce corps pâle et froid ?
Décidément elle me surprendra toujours cette petite bouille !