Chapitre 1 : Ma vie

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Dans l'air flotte un bruit lointain. Ce bruit résonne depuis un moment déjà et ne cesse de faire écho dans mon esprit. C'est insupportable. Je tente de trouver sa source en m'aventurant dans l'ombre. Puis, tout bascule et un violent choc s'abat sur ma tête. Puis, accompagné d'un éclat de lumière, tout devient clair.
Me voilà par terre à côté de mon lit, les pieds en l'air. En grognant, je me hisse de nouveau sur mon lit à la recherche de mon téléphone qui sonne. Avec difficulté, je regarde qui m'appelle de bon matin.  Alors que je décroche en grognant un « Allo ? », mes tympans explosent.
- C'EST PAS VRAI ! T'ES ENCORE DANS TON LIT ?!
- Aaaargh ... Zoé , ne crie pas comme ça de bon matin.
- NON MAIS JE RÊVE ?! T'AS VU L'HEURE QU'IL EST ?!
- Bah il est 10h, pourquoi ? C'est pas un problème pour un dimanche matin.
- Anna, on est Lundi.
Tout à coup, mon coeur rate un battement. Précipitamment, je raccroche et cours à ma penderie. Je m'habille en vitesse et descends dans la rue en courant.
Je m'appelle Anna, j'ai 19 ans et, oui, je suis en retard. J'habite seule dans un petit appartement de la ville de Cromwell. N'ayant jamais connu mes parents, j'ai longtemps habité dans un orphelinat. Lorsque j'ai eu 8 ans, j'ai été envoyé au pensionnat. Toute ma vie, je me suis senti différente. Différente des autres et je n'était pas la seule à l'avoir remarqué, beaucoup se moquaient souvent de moi, pourtant je ne suis pas si différente.

Enfin ! Chacun son jugement !
Il est 10h37 lorsque je passe de justesse le portail de l'université. Je continue ma course jusqu'à ma salle de classe où j'entre précipitamment. Ignorant le regard noir de Mme.Philipps, ma prof de philo, je pars m'asseoir au fond de la classe, au côtés de Zoé qui me fait de grands signes. A peine ai-je posé mes fesses sur la chaise, que je reçue un coup sur la tête. Zoé agite sa trousse sous mon nez, me faisant la morale.
- T'es vraiment incorrigible ! Combien de fois vais-je devoir te dire d'être plus sérieuse ?
- Oh, ça va ! Je suis arrivé juste à temps nan ? C'est le principale !
- Pff ...
Sans un mot de plus, Zoé détourne le regard et fait la moue. Zoé est comme une sœur pour moi, elle m'a toujours aidé. Nous étions dans le même pensionnat. C'était son père qui l'avait envoyé là bas. Zoé est une jeune fille très douce et très gentille, mais avec un sacré caractère.

Malgré sa petite taille, Zoé savait se faire respecter.
Alors que le cours commence, on toque et la porte s'ouvre sur le directeur adjoint  et un jeune garçon. Le directeur s'excuse pour l'interruption, murmure à l'oreille de la professeure et se retire. Puis, Mme.Philpps prit la parole.
- Aujourd'hui, nous accueillons un nouvel élève parmi nous, présentez vous.
- Bonjour, moi c'est Peter, j'ai 19 ans.
- Et ?
- Vous n'avez pas besoin d'en savoir plus.
Sans un mot de plus, le dénommé Peter s'avance vers le fond de la classe et s'assoit à deux places de moi. Coupé de court, Mme.Philipps reprend son cour et les autres élèves décollent leurs regards du jeune homme, sauf moi. Quelque chose me dérange chez lui. Il est étrange.

Il se contente de garder sa capuche sur la tête et de garder la tête baissé, les écouteurs dans les oreilles. Tout à coup, je sens un regard sur moi. Je me rends compte que je suis en train de fixer le nouveau et que celui-ci me fixe en retour. Paniquée, je détourne le regard. Peter a aussi détourner la tête mais continue de me regarder de côté, me mettant encore plus mal à l'aise. A partir de là, je sentis une lourde pression tout le reste de la journée, comme si j'étais observée.
A la fin de la journée, Zoé et moi nous sommes rendu à la cafétéria. Alors qu'elle me parlait des derniers potins, je repense à ce Peter et cette aura de mystère et de danger planant autour de lui. Ces pensées firent apparaître des rougeurs sur mes joues, qui ne passèrent pas inaperçu aux yeux de Zoé.
- Ça va, Anna ? T'es toute rouge !
- Hein ?! Oh, oui ça va.
- Mouais ... tu penses au nouveau n'est ce pas ?
- Quoi ?!
- Oh ! Je t'en prie ! J'ai bien vu qu'il te faisait de l'effet ce Peter ! Tu compte aller lui parler ?
- Q-quoi ? Hein ? Non !
- Anna , avoue !
- Mais non je te dit, il ne m'attire pas ! Comme cela serait il possible de toute façon, je ne le connais même pas.
- Le coups de foudre existe.
- Je t'ai dit non, Zoé. Alors, n'en parlons plus, si tu veux bien.
- D'accord, d'accord. Mais tu ne pourras pas dire que je ne t'aurais pas prévenue lorsque tu le verras avec une autre fille à son bras.
- ZOÉ !
Mon amie rit de bon cœur alors que, frustrée, je finis ma tasse de café d'une traite
Les jours se succédèrent et ma vie suivit son cours. Seulement, Peter continue de m'observer jours après jours, avec insistance. Je fais mine de ne pas m'y intéresser, mais cela me trouble tout de même.
Un soir, je marche en direction de mon appartement, pestant contre le temps glacial d'hiver en compagnie de Zoé, qui rigolait en m'entendant me plaindre. Quelque minutes plus tard, nous arrivons à la gare où mon amie doit prendre son train pour rentrer chez ses parents pour le week-end. Après un dernier au revoir, Zoé monte dans le train, me laissant seul sur le quai. Une fois le train hors de vue, je prends le chemin de mon appartement.
Au bout de quelques minutes de marche, j'entends des pas dans mon dos. En jettent un regard discret, je remarque la présence d'un homme marchant lentement derrière moi. Je me hâte alors et slalome entre les immeubles, espérant me faire des illusions. Mais après un coup d'œil, mes doutes furent fondés : cet homme me suivait. Alors, je me mets à courir. Mais, lors d'un carrefour, je prends un mauvais virage et me retrouve coincée dans un cu de sac. Et alors que je me retourne pour faire demi tour, l'homme se trouve là, à l'entrée de la ruelle, un sourire machiavélique étendue sur son visage, caché d'une capuche. Au fur et à mesure qu'il s'avance, je remarque quelque chose de brillant dans sa main : un couteau. Tétanisée, je ne peux que le regarder s'avancer, arme au poing. Alors qu'il était à proximité et qu'il s'apprêtait à m'infliger le coup fatale, je ferme les yeux attendant le moment tragique où je sentirais le froid du néant. Mais ... rien.
A la place, j'entends des bruits de pas anormalement rapide, un gémissement de douleur, un bruit de métal et le son d'un corps s'écroulant à terre. Curieuse, j'ouvre lentement les yeux. Devant moi se tient un deuxième homme de dos, face au corps immobile de l'homme m'ayant suivit. Terrifiée, je tente de me cacher mais, à peine ai-je bougé ma jambe, que mon pied percute une barre de fer, produisant un bruit résonnant dans toute la ruelle. L'homme dos à moi, relève la tête et se retourne lentement vers moi. Pris d'un élan de lucidité, je m'empare de la barre de fer et me mets en position de défense. L'homme soupire puis, délicatement, il retire sa capuche. Cet homme n'était autre que Peter.
Il se tient là devant moi, immobile, me fixant de ses yeux verts sombres. Surprise et rassurée, je l'admet, je me laisse glisser contre le mur, jusqu'à finir les fesses dans la poussière. Dans l'air flotte une sensation que jamais je n'avais ressenti auparavant. Je ne saurais mettre de mot là dessus.
Je suis sortis de mes rêveries par Peter, qui s'était accroupie devant moi. Ne me voyant pas réagir à ses appels, il pose une main sur mon épaule. A ce contacte, je redresse la tête d'un coup et me retrouve face à ses deux yeux indifférents, et pourtant on pouvait y voir une once d'inquiétude.
- Est ce que ça va ?
- Euh ... je crois
- Viens, je te ramène chez toi.
- Oh ! Non je vais rentrer seule, ça iras.
- Tu veux encore te faire suivre pour être assassiner derrière ?
- Non ?
- Ne discute pas alors.
Je n'ai pas le temps de rétorquer que Peter attrape ma main et me tire a sa suite. Sa main est froide. En lui faisant la remarque, il pousse un simple soupir d'exaspération sans un regard vers moi. Le jeune homme me ramène alors chez moi. Comment savait-il où j'habitais ? Peut importe. Alors qu'il faisait demi tour pour me laisser seul devant chez moi, je l'interpelle.
- Peter, attends !
Lentement, il tourne la tête sur le côté, sans pour autant me regarder.
- Euh ... tu veux rentrer un instant ?
Peter se retourne vers moi et me fixe. Il a le don de me perturber au plus haut point avec son regard indéchiffrable. Je parvient tout de même a déceler une certaine hésitation. Pourquoi ? Je ne vais pas le manger !
- Pas longtemps. J'ai d'autres choses à faire.
- Bien sûr.
Nous sommes donc montés jusqu'à mon appartement et nous sommes entrés.
Je lui sers un verre d'eau et m'installe en face de lui à la table de la cuisine. Il ne dit rien et se contente de regarder le fond de son verre. L'atmosphère est pesante. Je tente alors une approche.
- Dis Peter, pourquoi es-tu venue dans notre université ?
- Pour y étudier.
Ok. Cela va être long.
- Je veux dire ... quelles filières t'ont motivé à venir ?
- Mythes et légendes folkloriques.
- Oh ! Comme moi, on va se recroiser alors !
Aucune réponse. Super.
Alors que je me lève pour ouvrir un placard, j'entends Peter pousser sa chaise et partir vers la porte. Je quitte la cuisine précipitamment et attrape la poignée de porte avant lui.
- Et bien, c'était un plaisir !
- Ouais.
- On se voit en cours ?, dis-je en le laissant sortir.
- Ouais, me répond-t-il en s'éloignant.
- Euh Peter !
À mes mots, il s'arrête sans tourner la tête.
- Si jamais tu as besoin de quoique ce soit, n'hésite pas à venir me voir, ok ? Je te dois bien ça.
- Ouais, à plus.
- B-bonne soirée.
Tristement, je referme la porte. Mon cœur bat à un rythme incroyable. Je ... je crois que finalement je vais prendre en compte ce que Zoé m'a dit. En retournant dans la cuisine, je me rends compte qu'il n'a pas bu une goutte de son verre. Après avoir mangé et m'être douché, je me glisse sous mes couvertures et ferme les yeux. Cette nuit, j'ai fais un rêve étrange : j'étais dans une forêt sombre. Devant moi, quatre silhouettes masculines me font face, murmurant mon nom, en me tendant leur main. L'une d'elle me semblait plus que familière. Mais, alors que je l'approche pour voir son visage, mon réveille sonne.
Deux semaines après cette soirée forte en rebondissements, Zoé m'a annoncée qu'elle allait partir pour New York pendant six mois, pour ses études de psycho. Le jour de son départ, je l'ai accompagné à l'aéroport et n'ai pu empêcher une larme de dévaler ma joie alors que son avion disparu dans les nuages. Depuis ce jour, j'ai tout fait pour me rapprocher de Peter en l'invitant à boire un verre, à faire une séance de révision à la bibliothèque et plein d'autre trucs. Je vois bien que je l'agace, mais il finit quand même par céder à mon insistance. Il ne l'avouera sans doute jamais, mais je suis sûr qu'il apprécie ce côté de ma personnalité: absolument insupportable.
Peter et moi devinrent donc rapidement de très bons amis.

Lune écarlateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant