La fenêtre

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Une sonnerie lointaine me réveille et je peste mentalement contre cette fichue sonnette. Prête à l'ignorer, je m'enfonce dans l'énorme coussin avec lequel je dors depuis des années et je rabats la couverture sur moi lorsque je sens un corps chaud et nu se lover contre moi et grogner à cause du bruit qui le dérange.

J'ouvre les yeux d'un coup et les souvenirs de la veille me reviennent en tête. La crémaillère chez Abigaïl et Matthias. La rencontre avec Amaury et mon chemisier tâchée. Amaury et sa gentillesse. Tristan et les fichues caisses. Amaury et sa gentillesse, à nouveau. Les bières. Amaury qui m'embrasse. Amaury et moi qui couchons ensemble. Le plan de travail. La douche. Le lit.

* Merde on l'a vraiment fait trois fois ? *

Je rougis rien qu'aux souvenirs précis de ces ébats sexuels et je me dégage de son étreinte pour regarder l'heure. Huit heures. Mais qui c'est qui peut bien venir me déranger à cette heure-ci ? J'enfile un peignoir — même si je suis chez moi et que personne (excepté l'homme qui dort dans mon lit) peut me voir nue, le fait de savoir que quelqu'un sonne chez moi m'oblige à me camoufler — et je me dirige vers le parlophone. Le visage de ma mère et de ma grand-mère me tétanisent. Que font-elles là si tôt ? On avait dit qu'on se verrait cette après-midi après avoir récupéré mes affaires chez Tristan. Pas au matin, pas si tôt, pas après avoir passé une nuit torride avec un homme que je ne connais pas.

Au lieu de répondre au parlophone, je retourne dans ma chambre.

<< — Amaury, réveille-toi.

— Hmm.

— Amaury, s'il te plaît, je gémis en paniquant. Ma mère et ma grand-mère sont là, il faut que tu partes tout de suite. >>

Mon ton est plus ferme et il ouvre les yeux aux mots « grand-mère » en affichant un air confus.

<< — Tu es bien majeure rassure-moi ?

— Quoi ?

— Hier soir, tu m'as bien dis avoir vingt-trois ans, on est bien d'accord ?

— Bah oui mais quel est le rapport ?

— Le rapport ? C'est que tu me réveilles flipper parce que ta mère et ta grand-mère sont là ! il se tait et quelque part il a raison. Mais tu es une adulte, tu peux avoir des relations non ? rajoute-t-il fasse à mon silence.

— Oui mais... S'il te plaît. Pars. Elles vont débarquer d'une minute à l'autre. Je suis sûre qu'elles ont déjà sonné sur toutes les autres sonnettes et qu'un voisin leur a ouvert.

— Pas très malins ces voisins, blague-t-il.

— Amaury !

— Ok, j'ai compris. Tu me jettes dehors, je m'habille et je sors. >>

Je le remercie du regard et je file sous la douche afin d'avoir l'excuse d'être en train de me laver et donc de ne pas avoir eu la possibilité de leur répondre. Je ne fait que me mouiller de la tête au pied et j'entoure une serviette autour de moi et une autre autour de mes cheveux. Amaury est en train d'enfiler ses chaussures dans la pièce à vivre.

<< — T'es encore là ? >>

Ok je manque de tact et je suis certainement horrible avec lui qui a été si gentil mais il faut qu'il s'en aille et vite !

* Le pauvre mec. Il baise une grosse certainement à cause de l'alcool et par pitié et cette grosse le fou dehors. Il doit vraiment regretter sa gentillesse. *

<< — J'ai rangé ce qu'on a... dérangé et j'ai réunis toutes les bouteilles de bières dans ce sachet afin de ne laisser aucune trace de ma présence.

Entre tentations et confusionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant