Le teinturier

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La reste de la semaine passe rapidement et le week-end arrive sans que je ne m'en rende compte. C'est à peine si j'ai eu le temps de finir tout le travail que j'ai eu à faire. Entre terminer le tâches de l'ancien poste et entamer celles du nouveau, je n'ai pas eu une minute de repos. C'est pourquoi lorsque jeudi matin lorsque le teinturier (où Amaury a amené mon chemisier samedi passé) m'a avertie qu'il pouvait me le livrer dès l'après-midi, j'ai directement su qu'il serait compliqué pour moi de le réceptionner. C'est pourquoi, j'ai décidé d'aller moi-même chercher mon chemisier. Mais jeudi matin, quand j'ai convenu que je viendrai le chercher ce samedi, je ne savais juste pas que c'était à l'autre bout de la ville — presque à l'entrée de la ville d'à côté — et qu'il fallait au moins quarante-cinq minutes en bus. Voilà très certainement pourquoi Amaury avait insisté sur le fait qu'on pouvait le livrer jusqu'à chez moi.

* Tu aimes tellement te compliquer la vie. *

Le trajet est long mais je finis par trouver l'endroit exacte grâce à une application de localisation. La teinturerie de l'extérieur semble épurée et classique. Et lorsque j'y entre, l'intérieur me confirme ma premiere impression. Les tarifs de cette teinturerie ne doivent pas être très abordables ! Une dame d'un certain âge est déjà en train de discuter avec le teinturier je crois et j'attends mon tour en regardant la boutique dans les moindres détails, j'adore observer ce qui m'entoure car ça me permet d'apprendre sur ce qu'on ne voit pas toujours. Parfois les choses qui sont autours de nous, nous parlent plus que les gens qui se cachent derrières un masque. Ça permet aussi de découvrir tels ou tels aspects de la personnalité de ces fameuses personnes. La manière dont on organise notre espace et notre image en dit long sur notre vie.

<< — Bonjour Mademoiselle, puis-je vous aider ? finit par me demander l'homme de la réception après un petit moment d'attente.

— Oh ! bonjour monsieur... je viens chercher mon chemisier.

— Votre chemisier ? À quel nom ? Quel numéro de référence ?

— Élisabeth Lefèvre, réponds-je sans certitude qu'Amaury ait retenu mon nom et l'ait donné au teinturier. Le numéro j'en ai auc-

— Je reviens, me dit-il alors que je n'ai pas le temps de répondre le moindre mot. >>

Il referme un cahier où il a retrouvé, je crois, les informations concernant ma demande et s'en va dans l'arrière boutique. Je prends mon téléphone en main afin de regarder l'heure et la porte du magasin s'ouvre. Le tintement retentit dans un bruit si caractéristique des vieux carillons et une voix d'homme lance automatiquement un « bonjour » sans émotion particulière. Je réponds vaguement en rangeant mon portable dans la poche de ma veste et souffle en constatant que le teinturier met du temps. Je sens le regard de la personne se poser sur moi et de nature timide, je baisse la tête.

<< — Élisabeth ? m'interpelle-t-on surpris. >>

Je me retourne vers l'homme en question et je réagis sur le même ton.

<< — Amaury ! Que fais-tu ici ?

— La même chose que toi me semble-t-il. >>

* C'est tellement logique, quelle idiote. *

<< — Tu n'as pas eu la possibilité qu'on te livre jusqu'à chez toi ? déduit-il en ayant plus ou moins vu juste.

— J'ai préféré venir moi-même et ne pas abuser des frais de livraison.

— Cela ne me posait aucun problème, cette teinturerie est loin de chez toi...

— Je... je passais dans les environs, dis-je en mentant. >>

Entre tentations et confusionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant