𝐏𝐀𝐏𝐄𝐑 𝐏𝐋𝐀𝐍𝐄𝐒

𝙿𝚛𝚘𝚕𝚘𝚐𝚞𝚎

Je fais toujours ce même rêve. Je suis debout, sur une plage, les pieds nus, mes baskets à la main, les vagues venant chatouiller mes orteils puis mes chevilles au fur et à mesure que la marée monte. Je suis immobile, incapable de bouger le moindre membre de mon corps d'un seul millimètre, excepté pour la respiration dans mes poumons qui est régulière et heureuse tandis que j'inspire cet air marin qui m'a tant manqué. Des fois c'est calme, il ne se passe rien, mais le plus souvent cela tourne au cauchemar, et je me retrouve à me noyer dans un gigantesque océan tandis que je laisse la vague du tsunami se fracasser sur moi. Cette plage je la connais par cœur, je la reconnaîtrait d'entre mille, c'est la plage au bord de la petite ville où j'habitais avec mon père pendant mon enfance. Cette vie d'avant, ou je vivais heureuse dans notre maisonnette aux bords des ruines en train de plier des papiers pour faire des avions en papier avec mon père.

Les avions en papier. Mon père m'en a offert un à mon anniversaire de 4 ans. A cette époque nous avions peu d'argent alors il voulais économiser. Il m'avait promis que mon «vrai» cadeau d'anniversaire, arriverait plus tard mais l'avion en papier me suffisait amplement. J'étais fascinée qu'on pouvait reproduire quelque chose comme un avion sur une simple feuille de papier, sans faire de dessin.

J'avais déjà vu de l'origami mais je n'avais jamais songé à en faire moi même auparavant.

«Papa! Apprends moi à faire des avions en papier s'il te plait!»

Notre vie était simple, on vivait dans une petite ville, au bord de la mer. C'était, à mon avis, le plus bel endroit du monde et je ne voulais jamais le quitter. Mon père m'aimait de tout son cœur, et même si nous étions pauvre il s'arrangeait pour que je ne manque de rien.

Des fois j'en voulais à ma mère de ne pas nous aider financièrement, mais je ne compris que plusieurs années plus tard, qu'elle nous avait laissé pour prendre soins d'elle.

Nous de notre côté avec mon père, on vivait un petit paradis, vraiment. Il avait toujours été plein d'amour envers moi, et on faisait des origami ensemble tout les soirs, créant de nouvelles figures à chaque fois, mais ce serait mentir si je disait que les avions en papier ne me fascinaient pas par dessus tout.

Voler... transformer ce petit bout de papier volant, cela me fascinait au plus haut point pour une raison que je ne savais expliquer.

Quand je repense à cette époque, je pense à notre maison au bord de la mer, à mon enfance insouciante, mon père, les origami et notre petit paradis.

Quand je repense a mon enfance, je repense aussi au jour lorsque j'avais onze ans où tout cela vola aux éclats.

Je rentrais des cours de sixième, et lorsque j'aperçus les voitures de police devant notre maison je couru vers chez nous pour me faire bloquer le passage par deux policières. Je vis, entre leurs bras, des policiers menotter et embarquer mon père dans leur voiture et une dame avec les cheveux en une queue de cheval serré noire comme les miens m'approcha, c'était ma mère. Elle était accompagnée d'un homme, apparemment son petit ami actuel.

Les explications sont floues dans mon cerveau et on ne m'a jamais dit ce qui est devenu de mon père que j'aimais tant, ni pourquoi on l'avait embarqué, mais après ce jour j'ai déménagé, pour aller désormais vivre avec ma mère et son petit ami. C'était si rapide, si brutal, on ne s'est même pas dit au revoir, il ne s'est pas retourné et il n'a pas osé me regarder lorsqu'il s'est fait embarqué, laissant sa petite fille chérie, là avec sa mère, une parfaite inconnue à ce stade.

Je ne sais toujours pas vraiment ce qu'il s'est passé le jour où mon paradis s'est brisé, mais je souhaites toujours revoir mon père du fond du cœur et à nouveau faire voler des avions de papier dans le ciel avec lui.

ᵖʳᵒˡᵒᵍᵘᵉ/684 ᵐᵒᵗˢ

✰✰✰

Alors ce prologue? Sûrement un peu tôt pour que vous formuliez une opinion concrète sur tout cela, mais en tout cas un grand merci à tout ceux qui ont lu et j'espère que ma prose vous aura plus! ;)

Filez lire la suite!