Yaya regarde calmement le beau monde qui se trouve devant elle et sourit calmement.
« Je ne vais pas utiliser le micro, est ce que ma voix porte assez loin ?»
Les jeunes lui répondirent ''oui'' en écho. «D’accord, alors le problème est réglé. Bonsoir tout le monde. C’est un vif plaisir de découvrir devant moi assez de femmes, oui, car vous serez toutes des femmes demain, , des épouses, des dames. Quand la fondation dede ‘’Femmes Inspirantes’’, m’a contactée epour me parler de ce projet, j’ai été très honorée d’accepter mais je le suis plus encore, quand je vois le nombre que vous faites. Des filles, des jeunes filles venues de presque toutes les sphères du département du Plateau et du Littoral et ceci mérite de grands encouragements. Ce matin, j’avais préparé un speech, un exposé sur notre thème. Mais j’y ai réfléchi en route et je me suis dit que je n’en avais pas besoin. Je suis sûr que vous avez effectué des recherches et même de ce fait là, qu’il n’y a pas vraiment de recherches à effectuer, parce que vous tous autant que vous êtes ici connaissez de quoi nous allons parler. Mais je présume que vous voulez poser des questions quand j’aurai fini. Mais nous ne procéderons pas ainsi. Tout ce qu’il y à savoir, vous le saurez sur les réseaux sociaux, ou dans les livres, ou encore dans les revues littéraires ou simplement dans la vie active. Mais vous ne pourrez saisir complètement le sens et l’importance de ce thème. Je vais plutôt vous raconter une histoire. Alors êtes-vous prêts, pour m’écouter ?»» De la salle jaillit un oui, unanime.
Alors, allons-y.
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« Il y a de cela 10 ans j’étais une jeune fille fraîchementfraîchement sortie de l’ISMA,, Institut Supérieur des Métiers de l'Audiovisuel avec mon diplôme en Journalisme. Je me suis mise en quête de stage dans les médias audiovisuels. Chaque mois qui passait sans qu’on ne m’appelle me faisait faisait déprimerer. Je voulais être présentatrice, une des plus grandes présentatrices du Bénin et pourquoi pas de l’Afrique aussi. J’y croyais dur comme fer. Lorsque ‘'Dahomey TV’’ a retenu mon dossier, j’ai sauté sur l’occasion. D’un contrat de trois mois de stage, je suis passéee à six mois, puis 9 et enfin 12 mois. Alors, c’était naturel pour moi de me voir signerer un contrat d’embauche. Ce qui effectivement eutt lieu. Je m’étais sacrifiéee, j’avais fait des courbettes, des heures supplémentaires, j’ai vu les grands de cette boîte me faire la tête, on m’a piétinéee, mais je ne savais pas que le plus dur restait à venir. J’étais nouvelle journaliste officielle de la maison, mais je connaissais déjà les rouages du métier. Alors, j’attendais patiemment ma promotion de présentatrice, ce qui n’est jamais venu. J’ai laissé passer deux ans et demi sur cet aspect de ma carrière qui me tuait à petit coup. Pendant ce temps, d’autres filles moins expérimentéess et moins désignéess pour le boulot, réussissaient là où j’échouais. Pourtant, je me donnais à fond au boulot, et vraiment, je m’appliquais, je n’hésitais pas à faire tout ce qu’on me demandait, à innover, à vouloir être meilleuree. Un soir, alors que je rentrais, un de nos chefs, s’était proposé de nous payer une sortie tous ensemble. Ce que j'accepte, priée par mes collègues. Ce fut autour des verres qu’un collègue hardi, un peu saoul, commenta la beauté de la nouvelle présentatrice. Cette partie de la discussion commençait vraiment par m’énerver. Je m‘apprêtais à finir mon verre pour prendre congé quand je l’entendis me dire : « Et toi Yaya, tu passes toujours à côté d’une belle promotion. Toujours à mettre tes robes strictes et larges et à ne jamais penser à te soigner avec ta peau toute noire. »
Le soir dans ma chambre, je me suis mise à vraiment réfléchir à sa phrase. « Mes robes, mais qu’avaient-elles ? » C’est vrai que je n’étais pas mode tendance, à mettre de petits trucs, mais au moins je me savais présentable. Et ma peau, j’étais noir. D’un noir café même si je l’aimais pas si bien ma peau. Moi mon salaire, je le dépensais à prendre soin de mes frères, de mes parents et sur un projet qui me tenait à cœur.
Le lendemain au boulot, la machine dans ma tête continuait de tourner, tic tac, tic, tac. A la pause, alors que je déjeunais avec deux collègues qui étaient en effet en même temps mes copines inséparables, je ne sais pas ce qui me prit de leur demander. « Stella, Awa, j’ai un souci avec ma façon de m’habiller ? . » « Aie, qui t’a réveillée ? », me lança joyeusement Stella. « Réveillée comment? parlez moi sérieusement là. » Et à elles de me dire, « bon disons que tu t’habilles, mais pas assez joli. Ce n’est pas que ce n’est pas joli mais bon pas assez. Tu es journaliste Yaya, il faut que tu sois belle, présentable, pourquoi crois-tu qu’on te met toujours derrière les écrits et pas à la présentation ? » Déjà ma tête faisait encore tic-tac, tic-tac. Ce que mon esprit refusait de voir depuis longtemps s’était ouvert en moi. C’était ça le souci. Toutes les autres présentatrices qui n’étaient même pas aiguisées comme moi, avaient quelque chose que je n’avais pas. La beauté, la prestance dans leur apparence. « Si tu veux, on peut t’aider », me dit Stella de sa petite voix. Je regardai tour à tour mes amies. Awa et Stella étaient belles. Et vraiment. De teint clair, de taille fine, toujours maquillées avec soin avec leurs styles vestimentaire toujours à la mode et leurs cheveux toujours tressés à la perfection je les admirais vraiment.
Le samedi qui suivit notre discussion, j’avais accepté de me faire embarquer dans notre trio pour me rendre présentable. Et nous voici à Tokpa, de Missêbo, au coin de la galerie marchande, en passant par les étages, nous étions passées partout. Des robes, bien courtes et jolies j’avoue, des jupes, des pantalons, des chaussures, et même des mèches, moi qui détestait me tresser. Quand ce fut le tour des crèmes, nous nous sommes retrouvées sous un étage chez une belle dame. Elle avait tout ce qu’il fallait. De la pommade, au savon, en passant par les crèmes. J’avais tout payé. »
Yaya Souré fait une pause pour observer ses spectatrices toutes assises et attentives. Elles étaient vraiment plongées dans son histoire. Alors, elle continue.
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«Si j’ai constaté que j’avais changé ? Eh oui. Je me sentais différente. C’était ma peau qui m’extasiait le plus. Elle était devenu lisse, éclatante et je commençais à prendre des couleurs. La transformation fut fulgurante. Et au boulot aussi. J’étais devenue reporter pour des événements capitales. J’allais aussi représenter mes patrons aux assises. Je me voyais bénéficier, d’une hausse de mon salaire, des perdîmes, et d’autres offres dans d’autres médias. Le succès me tournait la tête. J’étais jeune, intelligente et maintenant je découvrais mon corps qui de jour en jour devenait de plus en plus attirant. Alors, j’ai multiplié les pommades, j’ai diversifié mes vendeuses et je n’hésitais pas à mettre des sommes extravagantes pour des crèmes et lotions de corps. Je suis devenue celle que vous avez devant vous. Une femme claire. Je poursuivais aussi mes études en cours du soir pour l’obtention de mon doctorat. J’ai su gravir les échelons, bénéficié des promotions, j’ai voyagé et je continuais de financer mes crèmes. De jour en jour, de mois en mois, sans m’en rendre compte, j’avais changé. Les autres diront en bien, mais un jour je me suis rendu compte, que j’étais devenue vraiment différente. J’étais devenue un masque. J’étais devenue ceci». Yaya Souré dit ces derniers ces derniers mots tout en se montrant elle-même à l’aide de ses mains. Puis elle avance légèrement au devant de la salle, plus près de ses auditeurs. Lentement, elle dénoue petit à petit les manches de sa tenue tailleur et montre ses coudes. Elle fait de même pour son pantalon qu’elle plie petit à petit et dévoile ses chevilles. De grosses taches noires, couraient le long de ses chevilles pour aller se perdre un peu plus haut. Elle se tait et observe ses auditrices.
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Le Prix d'une vie
Short StoryYaya Souré est une jeune Femme Musulman. Noire, jolie et intelligente elle se laissera gagné par l'ambition, parce que voulant être comme les femmes de nos jours: peau clair, silhouette fine. Hélas, la dépigmentation lui laissera une assez arri...