le prix d'une vie

1 0 0
                                    

Les autres diront en bien, mais un jour je me suis rendu compte, que j’étais devenue vraiment différente. J’étais devenue un masque. J’étais devenue ceci». Yaya Souré dit ces derniers ces derniers mots tout en se montrant elle-même à l’aide de ses mains. Puis elle avance légèrement au devant de la salle, plus près de ses auditeurs. Lentement, elle dénoue petit à petit les manches de sa tenue tailleur et montre ses coudes. Elle fait de même pour son pantalon qu’elle plie petit à petit et dévoile ses chevilles. De grosses taches noires, couraient le long de ses chevilles pour aller se perdre un peu plus haut. Elle se tait et observe ses auditrices. Certaines détournèrent leurs regards, d’autres baissèrent la tête, ou simplement fuirent son regard. Elle arrange sa tenue et garde le silence. D’interminables secondes de silence passèrent. Aucun bruit, aucun son, aucune parole. Puis, la conteuse reprend lentement en détachant chaque syllabe de ses mots. 

« J’a-vais chan-gé. Trop changé. Je ne supportais plus trop de chaleur. Ma peau au contact d'un peu de chaleur me donnaient des sensations de brûlures vraiment intenses. J’ai changé de crème, ce qui ne résolvait pas mon problème. Je me blessais assez souvent et prenais tout un temps avant de guérir car ma peau était devenue très fragile,  ce que je supportais vraiment mal. Imaginez! Une petite blessure mettait plus d’une semaine à cicatriser ou guérir. Des tâches noirs apparaissent aux coudes, aux jambes à mes doigts et me mettaient assez mal à l’aise, surtout en public. Car elles étaient vraiment noires et boutonneuses parfois aux coudes. J’étais en nage avec un peu de soleil et mon odeur corporelle n’était pas vraiment agréable à sentir quand j’étais en sueur. Ce qui m’amena à payer tout un monticule de parfums et déodorants, ce que je n’aimais vraiment pas. Et mon visage, il n’est plus frais et sans tâche. Ne vous fiez pas à ce que vous voyez. Ceci n’est que le résultat des merveilles du maquillage. J’ai un visage assez blanc, plein de tâches. Quel malheur sait que de rentrer, de se démaquiller et de ne pouvoir se mirer. Ou de courir encore se maquiller quand tu as une simple visite ou que tu as juste envie de sortir marcher un peu. J’en suis devenue esclave. La beauté à un prix, oui, mais ce prix serait-il ce que je vis? Et ce que la plupart des femmes vivent ? Je dis non. 

Il y a de cela quelques années, j’aurais bien aimé avoir quelqu’un qui puisse me conseiller. ‘’Yaya, change plutôt ton style vestimentaire, essaye de te trouver des pommades pour rendre ta peau lisse et brillante et claire’’. J’ai créé le centre ‘’ Les Orchidées’’ et depuis je me bats contre la dépigmentation de la femme. La femme est une fleur, elle a besoin de soin, d’eau et d’air et un peu de lumière pour grandir. Certainement pas de ces produits chimiques qui la tuent à petit coup, la dénature et en font une esclave. Non. Mon centre guide la jeune fille adolescente à faire son entrée dans la vie d’adulte en maîtrisant son corps. Par la revue de magazine ‘’Masque blanc, Peau noire’’ que les jeunes du centre animent eux même, beaucoup de jeunes filles de par l’Afrique apprennent les méfaits de la dépigmentation. Comment entretenir son corps, naturellement, que l’on soit, noir, café, ébène, clair, métisse. Comment à base de nos produits naturels ou des plantes, la femme peut rehausser sa beauté et la garder à jamais. Vous devez être en mesure de marcher fièrement la tête haute. Vous devez être en mesure d’être fière de vous, de votre peau, de votre corps, de votre physique, de votre beauté. A base d’un peu de sport si vous vous voyez un peu trop grosse, d’une alimentation saine si vous vous voyez un peu trop maigre. Même si je vous l'affirme, vous êtes toutes belles. Essayez, avec votre propre imagination, vous pouvez concocter vos pommades, et mes jeunes le font avec passion et amusement, vous verrez que ce n’est pas de la magie. Et s’il y en a, alors c’est celle de la nature. 

Aujourd’hui tes amies te diront, tu sais il y a l’évolution de la science, il y a des produits qui ne laissent pas de traces, qui peuvent t’éclaircir merveilleusement bien, comme ce qu'utilisent nos artistes et nos stars. Mais à quels prix ?  Voyez vous le revers de la médaille de leur côté ? Non. Alors, ne vous y aventurez pas. Voulez-vous, regardez dans le miroir et voir le prototype de la science et non de la nature ? Vous imaginez vous briller par vous-même que de briller à travers des projecteurs ? Quand ces projecteurs s’éteignent alors vous ne brillez plus. Tout comme la science évolue, c’est ainsi aussi qu’il y a aussi pleins de gammes de produits pour rehausser la beauté de la femme noire. Que choisirez-vous ? Si je pouvais certainement revenir en arrière, je le ferais sans aucun remord, j’aurais eu toutes les armes en mains pour pouvoir choisir moi-même la destinée de mon corps et de ma beauté, parce que c’est ce qui fait de moi une femme. Restent sur ce corps les profondes cicatrices d’une ambition fleuve. Le remord est trop loin. Mais vous, vous devez savoir et vous dire : Je ne suis pas juste intelligence, mère, épouse, sœur ou amie, mais je suis aussi beauté africaine et c’est l’un des plus grands atouts que le ciel m’ait offert. Mon corps, mon temple. La dépigmentation n’est pas juste un fait, non, elle est aussi une violence sur la femme, car beaucoup de femmes ont recours à ce procédé pour plaire aussi ou pour ne pas laisser aller un conjoint. Dans la société fuyez ces personnes qui fustigent la peau noire, qui parlent de notre couleur comme d’un fardeau. Comme si naître noir de peau est abject. Ces personnes qui vous demandent d’être assez belle pour eux, ou d’être assez claire pour eux. Ceci est votre peau. Et si vous rencontrez des gens qui n’en veulent pas, passez votre chemin, prenez soin de vous et un jour, vous en tirerez grande avantage. 

Mais ici, à cet instant, j’ai devant moi des jeunes filles toutes autant belles les unes que les autres et j’aimerais qu’elles le demeurent aussi longtemps que c’est possible. Et chaque jour j’y travaille, pour que le Bénin porte fièrement ses filles, belles et rayonnantes. Ce sera mon prix de rachat, mon prix de vie »

Toute la salle fondit en acclamations, les filles s’étaient levées et manifestaient leurs joies. Oui, certainement cette histoire, leur aura appris plus que des cours, et des développements de thème sur le sujet. Des questions, il n’y en avait pas. Non. Tout le monde avait compris et garderait ce témoignage dans un coin de son coeur. 

FIN

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Oct 02, 2020 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Le Prix d'une vie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant