Locked up heart (Sterek)

1

Derek tira sur sa cigarette. La fumée emplit sa gorge et ses poumons, et il ferma les yeux, savourant ce moment seul avec lui-même. Même s'il avait froid et que cette clope serait sans doute son seul dîner ce soir, il n'avait pas à se soucier d'assurer ses arrières.

Boyd et Erica étaient en bas, il entendait leurs rires. Ils étaient complètement défoncés, comme souvent. Derek regarda à travers le carreau cassé de la fenêtre de l'étage. C'était la nuit, la lune le narguait, là-haut dans le ciel, alors que lui était bien ancré dans la réalité. Bien trop ancré dans cette sale réalité.

Seule l'extrémité de sa cigarette projetait une lueur rouge. Le rayon de lune éclairait son visage encore tuméfié de la veille, un coquard ornait son œil gauche et sa lèvre avait éclaté sous un coup de poing. Il s'était battu, encore une fois, avec ce tocard de Jackson. Ce fils de riche, qui jouait les squatteurs, et qui revendiquait son droit sur la maison dans laquelle Derek et sa bande habitaient. C'était plus fort que lui, à chaque fois que Derek voyait son visage, il avait envie de le cogner. Boyd était plus calme, plus diplomate. En vérité, personne n'avait envie d'énerver Boyd, il faut dire qu'il était plutôt balèze.

Derek arrivait bien trop rapidement à la fin de sa cigarette. Il l'écrasa contre le mur et jeta le mégot à travers le trou de la fenêtre. Puis il soupira, avant de descendre l'escalier qui menait à la pièce principale, celle qu'ils occupaient.

Elle était plutôt petite, simplement éclairée par une lampe à huile. La seule source de chaleur était un réchaud à gaz qui servait à beaucoup de choses – la cuisine, allumer les clopes et les joints, chauffer la pièce. Dans un coin, il y avait une espèce de banquette qui servait de lit à Erica – même si elle préférait souvent dormir dans le lit de Derek. Elle était recouverte d'un plaid mité. À côté, une armoire dont les portes étaient défoncées, qui servait à ranger leurs maigres possessions.

Au milieu trônait une table bancale, avec des chaises dépareillées, sur laquelle se trouvaient différents sachets, un jeu de carte, une casserole vide, deux briquets, un jeu de cartes jauni, du tabac, des feuilles et des filtres.

De l'autre côté, se trouvait un canapé marron, en dessous de la fenêtre aux volets constamment fermés. Boyd avait pour habitude d'y dormir. À la suite, un meuble qui ressemblait vaguement à un buffet. Et au fond, dans une sorte d'alcôve, c'était le lit de Derek. Il y tenait farouchement, c'était son espace.

Erica et Boyd étaient attablés et baragouinaient en gloussant. Derek leva les yeux au ciel et se dirigea vers son lit pour se coucher, espérant toujours qu'il se réveillerait dans un autre monde, une autre vie, un monde où il n'aurait pas à se soucier de la faim, du froid, de la menace de Jackson et ses sbires. Un monde où ses parents et sa sœur étaient toujours en vie.

La soirée était glaciale. Stiles frissonna dans son blouson, un peu trop fin pour ce mois d'octobre. Les lumières des réverbères se reflétaient sur le goudron imbibé par la pluie. Son souffle formait des petits nuages de condensation. Il se hâtait en direction de son appartement. Il faut vraiment que j'aille chercher ma voiture chez le garagiste.

Il sentait des présences autour de lui, des mouvements dans sa vision périphérique. La rue qu'il avait empruntée n'était pas vraiment bien fréquentée et il commença à paniquer, la paranoïa prenant le dessus. Des rires se faisaient entendre au loin. Stiles pressa le pas, anxieux.

Son portable sonna brusquement dans sa poche, ce qui le fit sursauter. Il l'attrapa de sa main tremblante. L'écran indiquait « Scott ». Le jeune homme souffla pour calmer son cœur qui battait à cent à l'heure, et décrocha.

- Allô ?

- Salut ! Écoute je me demandais si ça te dirait qu'on aille boire un coup demain soir avec les filles ?