Soleil parisien

Chapitre 4

   Cyara descend du jet et je m'empresse d'aller l'accueillir. Elle traîne derrière une énorme valise, bien que je lui dit de n'emmener que le strict nécessaire.
Dès qu'elle m'aperçoit, elle pousse un cri et court vers moi, abandonnant la valise entre les bons soins du steward. Je la réceptionne dans mes bras et elle me serre fort contre elle comme si elle craignait que je m'envole.

_ Neymar ! Je suis si heureuse de te retrouver !
_ Ouais, moi aussi.

   J'aurais pu être plus chaleureux mais le regard appuyé du pilote et des hôtesses me l'en empêche. Ils doivent sûrement se poser des questions sur l'identité de Cyara mais bon, je n'ai pas que ça à faire.
Je récupère la valise et on se dirige vers ma voiture, ma compagne refusant absolument de me lâcher le bras. En marchant, je coule un regard sur elle et je ne m'étonne pas trop du fait que j'aie décidé de la draguer. Cette fille est une vraie bombe visuelle, typiquement brésilienne avec ses longs cheveux bruns ondulés, ses formes généreuses et son visage d'ange. Quant à sa personnalité, je me souviens avoir apprécié discuter de tout et de rien avec elle de par le passé, allongés tous les deux dans mon grand lit après une nuit endiablée. Je l'apprécie, certes mais pas au point de tomber amoureux d'elle et encore moins d'avoir un enfant avec elle.

_ Et tu comptes me faire visiter Paris ou ?

    La voix de Cyara me tire de mes pensées et immédiatement, mon agacement disparu depuis quelques jours revient au galop. Je ne sais pourquoi mais elle a le don de m'agacer. A chaque fois qu'elle me fait une requête ou qu'elle agit comme si on était un couple, j'ai juste envie de me jeter sous les pneus d'un camion.
Je lance un peu rudement sa valise à l'arrière de la voiture avant de monter à côté d'elle, côté chauffeur bien sûr.

_ Non, Cyara. Tu resteras dans mon appartement.

   Oui, Marcos a finalement réussi à me convaincre de la garder chez moi. N'est-ce pas la solution la plus facile ?

_ D'accord mais genre je pourrai sortir de temps en temps-
_ Tu sortiras accompagnée. Je trouverai bien une personne qui pourra le faire pour moi.
_ ... Mais pourquoi tiens-tu tellement à me cacher de tout le monde ? Est-ce que quelqu'un sait à part Rafaella et ma famille que je suis ici ?

   Je me garde bien de la regarder en répondant :

_ Non. A part Marcos, non.
_ Pourquoi ? Tu as honte de moi ? Tu as honte de notre enfant ?

   Je pousse un soupir à fendre l'âme. Qu'est-ce qu'elle peut me gaver... Je me demande si je n'aurais pas mieux fait de la laisser au Brésil.

_ Laisse-moi, Cyara. Écoute, que les choses soient claires : je t'ai fait venir ici pour pouvoir m'occuper de toi jusqu'à l'arrivée du bébé. Puis, tu repartiras avec lui au Brésil et je viendrai vous voir à chaque fois que je pourrai, ok ? Cet enfant, je m'en occuperai comme il se doit. Je ne-
_ Tu ne parles que de l'enfant. Et moi ? Que comptes-tu faire de moi après la naissance du bébé ? Vas-tu te marier avec moi, Neymar ?
_ Non.

   Ma réponse est tombée, dure dans le silence de la voiture. Je n'ose pas regarder Cyara mais j'imagine très bien la tête qu'elle doit faire.

_ Tu es un vrai salopard, Neymar.

   Sur ces charmantes paroles, elle se mure dans un silence boudeur et ne comptez pas sur moi pour relancer la conversation.

~~

_ Fallait s'y attendre.

   Fidèle à lui-même, Marquinhos a pris la situation avec légèreté et insouciance.

Je suis assis au salon, téléphonant à mon meilleur ami pendant que Cyara range ses affaires dans ma chambre que je lui ai généreusement cédé. Bien sûr, le fait qu'elle dorme là et moi dans la chambre d'amis ne lui plaît pas du tout mais elle va devoir s'y faire.

_ Elle me fait la gueule...
_ Je te l'ai dit, fallait s'y attendre. Cuisine-la quelque chose de bon. Il faut que vous partez sur de bonnes bases si vous voulez tenir pendant 6 mois sous le même toit. Quand allez-vous faire le test de paternité ?
_ Ouhhh en parlant de ça...

   Je passe une main sur mon visage :

_ Il faut engager une procédure judiciaire pour faire un test de paternité prénatal légal. Et je me vois mal courir partout à rassembler les documents à fournir, ça va éveiller des soupçons. Et puis je n'en ai pas le temps. Je pense que je vais attendre la naissance du bébé pour faire un test.
_ Tu as raison. En attendant, trouve un terrain d'entente avec Cyara.
_ Compris. Merci Marqui'.

   Je raccroche avant de me lever du canapé. Je peux entendre Cyara s'affairer dans la chambre et je décide de lui cuisiner un plat français, histoire de fêter son arrivée en quelque sorte. Tiens, je vais lui cuisiner des escargots...

~~

_ Ney ? Quelle est cette étrange odeur ?

   Je me tourne pour voir la jeune femme sur le pas de la cuisine, un sourcil levé. Elle a attaché ses longs cheveux en un chignon légèrement défait et une fois de plus, sa beauté me prend de court mais je ne laisse rien paraître.

_ Je t'ai préparé un petit truc.
_ Oh...

   Elle a l'air surpris et je baisse mon nez sur mes casseroles. Soudain, deux bras entourent ma taille et je me crispe immédiatement. 

_ Merci, Ney. Tu es adorable, elle souffle dans mon cou et je me retiens de la repousser.

   Je n'ai aucune envie de vivre une quelconque romance avec elle, elle est là juste parce qu'elle porte mon (?) enfant. Je me dégage doucement de son étreinte et me baisse pour ouvrir les placards à la recherche du sel.

_ Je vais mettre la table. Où sont les assiettes ?
_ Là-bas, dans le placard du dessus.

   Elle s'exécute en chantonnant et je pousse un soupir de soulagement. Peut-être que ces 6 mois ne seront pas si terribles que ça...
Mais... Si j'avais su ce qui m'attendait...