Soleil parisien

Chapitre 11

     Je tape rageusement le code de sécurité tandis que Marquinhos, debout à mes côtés, tourne la tête dans toutes les directions, comme s'il a peur qu'un fantôme surgisse des murs.

_ Qu'est-ce que t'as à t'agiter comme ça ?, je grogne en ouvrant le lourd battant de la porte.
_ Bah je regarde si quelqu'un ne nous a pas pisté jusqu'ici.
_ Et pourquoi quelqu'un nous pisterait ?
_ On n'est jamais trop prudents. Tu sais, dans l'émission policière que j'ai regardé hier soir-
_ Ta gueule, tu vas réveiller Cyara.

    On entre à pas de loup dans l'appartement noyé d'ombres. Il est à peine 21 heures et pourtant manifestement, la brésilienne a décidé de se coucher tôt. Aucun bruit ne vient troubler le silence... Enfin jusqu'à ce que Marquinhos bute sur un des fauteuils du salon et s'effondre dedans dans un grand fracas :

_ AÏE ! Je me suis cogné à quelque chose !!

    Je me pince l'arête du nez avant d'aider mon meilleur ami à se relever. Plus la peine de jouer aux ninjas, cet abruti a sûrement réveillé la moitié de l'immeuble.

_ Neymar ? C'est toi ?

    La lumière inonde d'un coup le salon, m'agressant les yeux par la même occasion. Cyara, une main sur l'interrupteur, nous lance un regard surpris. Sûrement ne s'attendait-elle pas à me voir de sitôt.
Je frotte mes mains sur mon jogging, gêné :

_ Je... J'ai reçu ton message et j'ai décidé de revenir.

    Elle ne dit rien et son regard coule vers Marcos encore vautré dans le fauteuil :

_ Hum... Marqui' a voulu m'accompagner-
_ Ouais ouais et c'est bon, je vais repartir, il me coupe en se levant d'un coup.
_ Mais non, passe la nuit ici, il est tard, dit Cyara.

   Je me tourne en même temps que Marquinhos vers la jeune femme, le visage empreint de la stupeur la plus complète.

_ Ah mais non, je veux pas déranger. Et puis, je veux rentrer chez moi. Neyney, je te laisse en charge de tout.

    Et ce traître, après un grand sourire, disparaît dans le couloir. Je me retrouve seul face à Cyara, dans un silence plus que gênant.

_ Je... Hum... Tu as dîné ?, je bégaie et elle hoche la tête.

   Quelques secondes s'écoulent puis elle décide enfin de dire quelque chose :

_ Merci d'être revenu.
_ Il n'y a vraiment pas de quoi, je marmonne en me dirigeant vers la chambre d'amis alias ma nouvelle chambre depuis maintenant plus d'un mois.

    Elle m'emboîte le pas en resserrant le plaid autour de ses épaules.

_ Je suis désolée, Ney... Je n'aurais pas dû m'emporter comme ça ce matin. La situation n'est pas facile pour chacun de nous deux. Je n'ai pensé qu'à moi, je suis désolée.
_ Pas grave, je t'ai dit pas mal d'horreurs aussi. Je m'excuse.
_ On fait la paix ?
_ On fait la paix.

   On se sourit mutuellement et alors que je ressors mes affaires de mon sac à dos, la jeune femme ajoute presque timidement :

_ Tu... tu voudrais pas qu'on passe la nuit ensemble ?

   Je me tourne vers elle, le « non » sur le bord des lèvres mais je me ravise en voyant son air suppliant :

_ Ouais, pourquoi pas.

   Immédiatement, un sourire heureux s'affiche sur son visage et elle déclare :

_ D'accord. Alors... Je t'attends dans notre chambre.

   Et elle sort de la pièce sans me laisser le temps de placer un mot. A contrecœur, je me déshabille et vais prendre une douche rapide. Cela fait, je prends soin de me revêtir d'un teeshirt et d'un short et vais dans ma vraie chambre.
Cyara est déjà calée dans le grand lit. Elle n'a plus son plaid, elle est en petite tenue. Tout simple, rien de provocant mais... je sais déjà ce qui va suivre. Alors autant mettre les choses au clair dès maintenant :

_ Écoute. Ce n'est pas qu'on a fait trouvé un terrain d'entente qu'on va déraper, ok ? Je t'aime bien mais franchement, je ne veux pas qu'on ait une quelconque liaison, d'accord ? Pour moi, tu es juste la mère de mon enfant et je te respecte comme telle.

   Elle se redresse sur ses coudes pour me regarder. Dans ses yeux brille une flamme d'agacement mais je m'en bats les steaks.

_ C'est bon, j'ai compris ! Viens !

    Avec réticence, j'obtempère et me faufile entre les draps le plus loin possible d'elle. Ça n'a pas l'air de lui plaire et elle grogne quand je lui tourne carrément le dos. La lumière s'éteint et je tache de trouver rapidement le sommeil.

   Évidemment, c'est sans compter sur la jeune femme qui, après quelques minutes d'indécision, vient soudainement me chevaucher.

_ Mais je- ! Qu'est-ce que tu fais ?!

    Ok, même pas 5 minutes qu'on est dans le même lit et je suis déjà furieux. J'ai besoin de dormir, ma journée a été assez éprouvante avec ma discussion avec Nasser, les paparazzis et mon entraînement raté.

_ Descends de là !
_ Non !

   Je tente de la repousser d'abord doucement mais elle s'agrippe à mes épaules, luttant de toutes ses forces. Finalement, dans un sursaut d'énergie, je la renverse d'un coup de l'autre côté du lit. Je n'ai aucunement eu l'intention d'être violent mais pas le choix. Elle tombe lourdement sur le matelas avant de se relever, échevelée et hurlant de rage :

_ Pourquoi ?! Pourquoi tu ne veux pas de moi ?! Jusqu'à quand me repousseras-tu, Neymar ?!?

   Je dégage d'un este les draps et me lève rapidement. J'ai pris sur moi, j'ai laissé passer. Maintenant, ce n'est plus possible.

   Alors qu'elle est encore sur le lit en pleurs, je me tourne une dernière fois vers elle en lui lançant :

_ Décidément, j'ai pris la mauvaise décision. Demain, tu partiras d'ici. Tu retourneras au Brésil. J'en ai ma claque de toi.

   Et pour la deuxième fois de la journée, je pars en claquant la porte derrière moi.