Chapitre 3

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_ Tu en es sûr ?

La voix de Rafaella me paraît légèrement tremblante à l'autre bout du fil. J'ai décidé de la mettre au courant de mon projet concernant Cyara, projet consistant à attirer cette dernière à Paris.

_ Ouais... À peu près. Mais bon, faut bien que je fasse quelque chose. Je vais lui téléphoner et lui dire de préparer ses affaires. Elle restera ici avec moi jusqu'à la naissance du bébé.
_ Jusqu'à quoi ?! Ney, tu es fou ? Tu as pensé à sa famille ? A sa vie ici au Brésil ? Que veux-tu qu'elle fasse à Paris pendant 6 mois ?
_ Elle aura qu'à se la couler douce à mes crochets.

   J'ai été un peu dur et je m'empresse de me rattraper :

_ Ne t'inquiète pas pour elle. Je prendrai soin d'elle. Et ne dis rien à personne pour le moment.

   Sur ces mots, je raccroche et compose le numéro de Cyara :

_ Allô, Cyara ?
_ Neymar !!!

   Elle est visiblement ravie de mon appel et durant quelques minutes, je me borne à l'écouter me raconter tout et n'importe quoi. Puis à la première occasion, je lance le sujet qui me tient à cœur :

_ Prépare-toi, je t'enverrai un jet privé dans deux jours. Tu viendras ici, en France et tu y resteras jusqu'à la naissance de l'enfant.
_ Quoi ?

   Tout ravissement a disparu de sa voix qui se met à tressauter :

_ Mais Neymar, qu'est-ce que je vais faire en France ?
_ Tu vas t'éclater, tu vas voir. Préviens ta famille et ton entourage.
_ Mais je ne peux pas les quitter comme ça ! Je-
_ Tu m'as dit de prendre mes responsabilités, c'est ce que je suis en train de faire. Alors ferme-la et fais ce que je te dis !

   Un silence plane à l'autre bout du fil et je me mords la lèvre avec la pleine conscience d'agir comme un connard. Je prends une profonde inspiration avant d'ajouter beaucoup plus doucement :

_ Excuse-moi, Cyara. C'est que je suis vraiment sur les nerfs, ces derniers temps. Je n'aurais jamais dû te parler comme ça.
_ Ne t'en fais pas, Neymar. Je ne t'en veux pas.
_ Vois-tu, la raison pour laquelle je veux que tu viennes ici, c'est parce qu'actuellement c'est compliqué pour moi de me déplacer. Je ne peux pas rater les entraînement et les médias ne doivent se douter de rien nous concernant. Tu comprends ?
_ Je comprends. Alors je viendrai.

   Le soulagement me fait soupirer :

_ Vraiment ?
_ Oui. C'est pour le bien de notre bébé, non ?

   Inconsciemment, je grince des dents avant de répondre :

_ Ouais, c'est ça.
_ Et notre mariage, Neymar ?

   Merde. Je me tape le front avec ma main, agacé mais m'efforce de rester calme :

_ Un problème à la fois, d'accord ? Tu viens ici et on en parlera. Bon, je vais y aller. Fais en sorte que ton départ du Brésil se fasse le plus discrètement possible, d'accord ?
_ D'accord.
_ A dans deux jours.
_ Oui, à dans deux jours. Et... Je t'aime, Neymar.
_ Ouais, bisous.

   Je raccroche sans plus de façon. Non mais elle se prend pour qui ??

~~

_ Eh les gars ! Regardez qui arriiiiiive !

   Marquinhos m'accueille avec enthousiasme dans les vestiaires, suivi par tous nos autres coéquipiers. Il faut dire que mon sourire éclatant y est pour quelque chose. Je me sens enfin de bonne humeur et prêt à faire le fou avec mes amis. Bien sûr, j'appréhende l'arrivée de Cyara mais avec un conseiller tel que Marcos à mes côtés, je suis sûr de pouvoir gérer. En parlant du conseiller...

_ Ça s'est arrangé ? Elle a accepté de venir ?
_ Oui, nickel. Le seul problème, c'est : où est-ce que je vais la loger ? Pas question de la mettre dans un hôtel.
_ T'as raison, ce serait pas très pratique pour 6 mois... Pourquoi ne pas lui trouver un appartement ?
_ J'y ai pensé mais après, si les gens commencent à me voir faire des aller-retour entre ici et son appart, la presse va commencer à se poser des questions. Les médias vont chercher à creuser pour tout savoir.
_ Bah loge-la chez toi et basta !
_ Tu rigoles ? Elle n'ira pas chez moi !
_ Alors tu vas la planquer où ? Dans le coffre de ta voiture ?!
_ Qui va planquer quoi dans le coffre de la voiture de Neymar ?

   On sursaute avant de nous tourner vers Leandro. Ce dernier nous fixe avec un petit sourire et je tremble intérieurement, me demandant s'il a tout entendu de notre conversation.

_ Qu'est-ce que tu veux Paredes ?, lui lance Marquinhos.
_ Bah je vous regardais de loin et Ney avait l'air contrarié. J'ai voulu savoir ce qui se passe. Un souci, Neymar ?

    Il se tourne vers moi et me fixe. Un air sérieux flotte sur son visage et durant une seconde, je me demande s'il pourrait aussi me conseiller. Puis je me ravise et décide de garder le secret. Un grand sourire hypocrite trône sur mon visage tandis que je lui réponds :

_ De la drogue, Leandro ! Je vais planquer de la drogue dans le coffre de ma voiture.

   Il me regarde avec des yeux ronds et j'éclate de rire en me dirigeant vers le terrain d'entraînement :

_ Je plaisantais, mec ! Desserre ton string !

   J'ai crié ma dernière phrase tellement fort que les autres joueurs se tournent vers moi, l'air stupéfait. J'agite les bras dans leur direction avant de pointer le ciel du doigt :

_ Regardez, les gars ! Regardez ! Le soleil, le soleil à Paris !
_ C'est bon, on a perdu Neymar, souffle Marco Verratti en me dépassant.

   J'éclate de rire avant de donner un grand coup de pied dans un ballon posé là par hasard. Le ballon s'envole et va rebondir sur la tête de... Thomas Tuchel.
Mes coéquipiers qui ont assisté à la scène poussent une exclamation d'horreur et se tournent vers moi, les yeux exorbités et une main sur la bouche. Oups... Ça va être ma fête.

_ Neymar Da Silva Santos Junior !!! PEUT-ÊTRE QUE 10 TOURS DE TERRAIN AU TROT VONT TE CALMER !!!

   Mes amis pouffent de rire tandis que j'entame mes tours de terrain en ricanant. En passant près de lui, j'entends mon coach marmonner à l'un des membres du staff :

_ Ces gosses vont finir par me tuer ! J'ai parfois du mal à croire que certains d'entre eux sont père de famille !

   Je souris en continuant de courir avant de prendre une inspiration. Si je veux gérer mes problèmes avec brio, il va falloir que j'allège d'abord mon coeur. Et après tout, n'est-ce pas ma devise ? « La vie est certes sérieuse mais pas tant que ça. »

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