Chapitre 6

3 1 0
                                    

Je suis totalement tétanisée, mortifiée à l'idée de me retrouver seule avec un garçon. Je ne me suis jamais intéressée aux garçons de mon école et voilà que demain soir j'ai un rendez-vous au cinéma avec un mec plus âgé que moi. Au cinéma !

Lucie est tellement absorbée par ses films à l'eau de rose, qu'elle a réussi à mettre en place le premier rendez-vous le plus cliché du monde. Ca aurait été le pompon si elle lui avait demandé de venir me chercher chez moi. Même si elle en aurait été capable.

Il faut absolument que je me calme et que je dorme sinon demain c'est avec une tête d'enterrement que je vais l'accueillir au cinéma. Attention, Halloween avant l'heure, préparez vos plus gros cris d'horreur. !

J'entends mon réveil sonner à neuf heure, je l'éteins et me lève de mon lit. Je me regarde dans le miroir de ma chambre. Comme je l'aurais imaginé, j'ai des cernes tellement marquées qu'on dirais que je me suis pris deux coup de poings dans les yeux. C'est affreux. Je me fais peur à moi-même juste en me regardant dans le miroir alors je n'ose imaginer la réaction de Noah lorsqu'il va me voir ce soir. Il voudra très certainement partir en courant et ne plus jamais me parler. Je ne cesse de ronchonner et de me dire que Lucie a les pires idées du monde. Et puis toute cette histoire m'a fait passer une nuit horrible. J'ai à peine fermé l'oeil de la nuit et quand j'arrivais enfin à m'endormir, je faisais des cauchemars sur ce rencard. Un désastre total à chaque fois.
Pour me libérer la tête je décide de mettre mon jogging et mes baskets et aller courir un petit moment. J'ai besoin de prendre l'air et de penser à autre chose. Rester dans cette chambre toute la journée en attendant l'heure fatidique va finir par me rendre folle.
Je n'ai pas pour habitude de courir. En général, le sport et moi, ça fait deux. Mais dans certains cas de stresse intense comme celui-ci, je n'ai pas trouvé mieux pour me soulager, ne serait-ce qu'une heure, de mes pensées tordues. Je fais le tour du pâté de maison en évitant par dessus tout de passer devant la maison de Noah. Je n'ai pas très envie qu'il me voit et me dise ce soir "Oh tiens tu fais du sport ? Je t'ai vu ce matin, tu avais les cheveux collés sur le front tellement que tu transpirais". Je sais pourtant qu'il ne me dirais jamais ça, enfin je l'espère.
Je me concentre et tape mon meilleur sprint pour les derniers mètres. J'arrive devant le porche de la maison en sueurs et à bout de souffle. J'enlève mes écouteurs de mes oreilles et rentre dans la maison. Je me dirige vers la cuisine et désaltère d'un grand verre d'eau bien frais. Je me sens beaucoup mieux après cette course. Mon esprit s'est oxygéné un peu et j'arrive à ne plus penser à lui pendant quelque instant.

J'entends la porte de la maison s'ouvrir et vois ma mère qui rentre dans la cuisine.

- Dis donc tu es matinale ma puce. S'exclame-t-elle avec un grand sourire et un sac de courses dans les bras.

- Oui j'avais besoin de prendre l'air un peu.

J'essaye d'être la plus naturelle possible. Je n'ai pas envie qu'elle me pose des questions pour le moment.

- Il se passe quelque chose ? Me demande-t-elle intriguée.

- Non, je mens.

- Lylia, je suis ta mère, je connais ton fonctionnement depuis seize ans maintenant. Je sais que lorsque tu vas courir ce n'est jamais pour le plaisir.

Voyant que je ne veux pas répondre, elle insiste.

- Alors c'est à cause de quoi ? De l'école ?

Mais elle sait aussi que je suis têtue et que je ne lacherais pas le morceau si facilement. Je n'ai pas très envie de lui parler de pauvres histoires de coeur d'une adolescente. Ca ne l'a regarde pas.

- Non.

- Des filles ? Tu t'es pris la tête avec elle ?

Je lui réponds non mais au fond de moi j'ai envie de lui dire que Lucie ne perd rien pour attendre et que je vais me venger un jour ou l'autre.

Un jour, nous serons libresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant