Chapitre 13

1 1 0
                                    

Je suis épuisée. Au bout de mes forces. J'ai tellement pleuré durant les deux dernières heures que j'ai l'impression d'avoir nagé un cent mètres crawl. J'ai eu le temps de remettre toute ma vie en question. De peser le pour et le contre, de partir pour de bon et de les laisser vivre leur vie sans avoir à porter un fardeau comme moi. Je m'en veux d'être aussi nulle, aussi bête et aussi naïve. Je ne peux m'empêcher de m'insulter alors que je sais pertinemment que ça ne changera rien à ma vie, à par faire baisser l'estime que j'ai de moi-même.

Mes parents ont continué de s'engueuler bien après que je sois partie dans ma chambre. Même si je ne faisais pas spécialement attention à leur discussion, j'entendais les intonations de voix devenir de plus en plus fortes. Par chance, Teddy et Maxence ne sont pas venus me voir dans la chambre. J'avoue que je n'aurais pas été en état pour les consoler. Malheureusement, ils doivent prendre l'habitude. Ils doivent s'imaginer qu'une relation amoureuse se base uniquement sur des conflits et des disputes à répétition. Alors que j'aimerais tellement qu'ils se rendent compte de la beauté de l'amour, même si les parents n'en donnent pas le bon exemple.

Je suis enroulée dans ma couette, mon portable à la main. Je scrolle les pages d'Instagram sans vraiment faire attention aux photos qui défilent. Mon cerveau n'est plus apte à réfléchir, mais j'ai besoin de penser à autre chose tout de même.

Je regarde l'heure sur mon smartphone qui indique dix-neuf heures trente lorsque j'entend quelqu'un frapper à ma porte.

Pensant que ce sont mes petits frères, je leur répond.

- Votre sœur n'est pas disponible pour le moment, veuillez réessayer ultérieurement.

- Ce ne sont pas tes petits frères.

Je soupire en entendant la voix de ma mère. C'est vraiment la dernière personne sur cette terre à qui j'ai envie de parler.

- Je peux rentrer ? Demande-t-elle d'une voix toute douce.

J'ai envie de lui dire "non dégage, je ne veux pas te voir", mais je sais pertinemment que si je lui dis ça, elle viendra quand même me voir, donc autant lui faire face tout de suite.

- Mouais, je lui réponds sans grande conviction.

Elle rentre sans faire de bruit. Je lui tourne le dos en remettant la couette sur mon visage. J'accepte sa présence ici, mais je ne veux quand même pas la voir.

Je sens qu'elle s'approche et s'assoit au bord du lit. Elle toussote un peu avant de prendre la parole.

- Excuse-moi ma puce. C'est juste que je m'inquiète pour toi.

C'en est trop pour moi. Venir me voir toute mielleuse après avoir dit des horreurs sur mon dos. Je ne supporte pas.

- Alors quand tu t'inquiètes pour quelqu'un, tu l'insulte dans son dos ? Je rétorque. faudra que tu m'apprennes parce que je ne connaissais pas la technique.

J'attends une réponse cinglante mais je n'ai le droit qu'à un silence de plomb. Puis, au bout de quelques secondes de réflexion, elle répond.

- Mais non, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.

- En tout cas, c'est ce que j'ai compris, je conclut sèchement.

J'entends dans mon dos un début de sanglot, mais je ne me retourne pas. je veux qu'elle voit dans quelle situation je suis. Mais une voix masculine vient couper ce moment de faiblesse.

- Oh Eden.

Je l'entends s'approcher à son tour et prendre maman dans ses bras.

Je ne le comprends pas. Ils se prennent toujours la tête entre eux. Elle lui fait tout le temps des reproches mais lui reste quand même à ses côtés lorsqu'elle ne va pas bien.

Un jour, nous serons libresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant