Perversion 1/3

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« Yukiko ! Monsieur Gäto t'a posé une question. » Réprimanda finalement une voix lointaine, une légère claque derrière la tête fit revenir la jeune fille à la réalité.

Elle se tenait debout, devant un homme d'âge mûr, le teint blafard et les yeux sombres. Il était aussi grand que le jônin mais très peu musclé. Son sourire espiègle lui donnait froid dans le dos, l'ensemble de son être dégageait une aura malsaine.

« Excusez mon absence, pourriez-vous réitérer votre demande ? » Souffla-t-elle en s'inclinant poliment devant le maître de château qui savourait pleinement la vision qui s'offrait à lui, celle d'une fille en tenue de domestique plutôt sexy.

« Mh, es-tu prête à faire l'ensemble des tâches que je te confierai sans me poser de questions ? » Prononça l'homme en arborant un regard qui n'annonçait rien de bon pour la suite des événements.

« Je suis à votre entière disposition. » Elle répondit alors sans hésitation, ne devant pas trahir sa couverture de jeune petite fille naïve et sans défense.

Visiblement satisfait de sa réponse, il invita les deux ninjas à pénétrer dans sa demeure, les laissant découvrir une salle de réception dont la composition était assez commune, aucun élément extravagant, seulement une pièce démesurément grande pour quelques canapés et une cheminée en marbre. Un portrait de l'homme surplombait cette dernière, les ombres inquiétantes des flammes qui se mouvaient dans une danse infernale, lui conférait un air sinistre.

« Tu t'occuperas essentiellement de cette pièce, des salles de bain ainsi que de ma chambre. » L'informa l'homme, une lueur effrayante animait son regard.

« Toi tu n'iras qu'à travailler dans l'écurie à l'extérieur du château. » Ajouta-t-il à l'intention du garçon aux cheveux argentés qui se tenait à ses côtés.

Imaginer son sensei dans le fumier des chevaux fit esquisser un sourire en coin à la jeune fille, qui n'échappa évidemment pas du ninja qui prévoyait déjà de lui faire ravaler son insolence. 

« Pour les chambres, tu en as une disponible à l'étage, ton frère pourra emprunter celle du rez-de-chaussée. » Acheva enfin le maître de château s'installant dans un fauteuil à proximité de la cheminée, observant avec attention la jeune fille qui contemplait naïvement les lieux.

La mission venait de prendre un tournent inquiétant, d'abord l'homme était parvenu à dissimuler son agacement face à l'arrivée imprévu du garçon, et il arrivait habilement à retourner la situation dans sa faveur en les séparant pour des tâches différentes mais aussi pour dormir faisant de Yukiko une proie idéale. 

« Quand souhaitez-vous que l'on commence à travailler ? » Demanda-t-elle finalement  en interrompant le silence pesant qui s'était installé.

«Maintenant. Les produits ménagers sont dans la cuisine, et toi tu n'as qu'à aller dehors et suivre l'odeur du fumier. » Grommelait-il visiblement agacé par la présence du jônin qui s'exécuta sans un regard pour la jeune fille, voulant éviter des soupçons encombrants.

Le plus troublant était le fait qu'il mette tout en oeuvre pour se rapprocher physiquement de la jeune fille, toujours à la surprendre pendant ses tâches ménagères l'obligeant à subir différents attouchements à l'abri des regards. 

Cela faisait bientôt quatre heures qu'elle n'avait pas pu apercevoir le garçon aux cheveux argentés, complètement démunie face à cet ignoble personnage. Mais consciente que sa mission dépendait entièrement  de sa performance, elle devait garder le silence, et accepter docilement de se faire tripoter.

Parfois le maître de château frôlait ses hanches faisant mine d'ouvrir un tiroir près d'elle, posait ses mains sur les siennes lorsqu'elle s'apprêtait à ouvrir certaines portes où l'accès lui était interdit comme celle qui mène à la cave, ou encore ses cuisses lorsqu'elle s'efforçait d'atteindre les toiles d'araignées debout en équilibre sur une chaise en bois.

Commençant à désespérer à l'idée de ne jamais apercevoir l'homme qui faisait battre son coeur. Contrainte à ignorer les agissements condamnables du quinquagénaire qui arborait en permanence un sourire vicieux, craignant le pire pour la nuit à venir. Et son angoisse ne cessait d'augmenter à mesure que le ciel s'assombrissait laissant apparaître une pleine lune, peu réconfortante.

Elle savait pertinemment qu'attendre l'heure du dîner en espérant croiser le regard bienveillant du ninja, était inutile : l'homme avait veillé personnellement à ce que leurs chambres soient éloignées mais que leurs pauses soient prises à heures différenciées, les empêchant donc de se croiser et par la même occasion d'échanger des informations à propos de leur mission. 

C'est en saluant poliment le maître de château qu'elle s'empressa de regagner la chambre qui lui avait été attribué, à l'étage : à proximité de la sienne... Un frisson de dégout l'envahit, en l'imaginant pénétrer à son issue, le lieu où elle serait endormie... Cette journée n'avait pas été fructueuse, ainsi elle devrait maintenir sa couverture jusqu'à recueillir des informations intéressantes : savoir de lui que c'était un pervers averti ne suffisait évidemment pas. Même si l'envie de lui assener une claque monumentale la tenaillait, souhaitant ardemment lui ramener les pieds sur terre. Mais malheureusement, elle savait pertinemment que des énergumènes dans son genre existaient, et dans un nombre exponentielle.

Vérifiant une énième fois que sa porte était bien verrouillée de l'intérieur, elle ne prêta pas attention à la décoration de la chambre, préférant se défaire rapidement de cette robe vulgaire. Porter ce type de vêtement devant son sensei ne la gênait pas, appréciant les effets qu'elle pouvait produire sur le garçon réputé pour son indifférence parait à toutes épreuves. Mais le regard que le maître de château portait sur elle l'a répugné à un point inimaginable. 

Désormais en sous-vêtements, elle se laissait tomber sur le lit à la renverse. Agréablement surprise, le matelas était moelleux et accueillant la faisant soupirer de bien-être. Après cette longue marche qui s'étaient enchainée avec une journée de travail épuisante, ses membres inférieurs étaient endoloris.

L'absence du ninja aux cheveux argentés se faisait cruellement ressentir, permettant à un sentiment désagréable et jusqu'à aujourd'hui bien enfoui, de refaire surface embarquant la jeune fille dans des souvenirs tumultueux. Sa chaleur apaisante laissait place à un grand vide qui envahissait l'ensemble de son être, la faisant sombrer dans l'obscurité. C'est ainsi que ses larmes venaient s'abandonner sur les draps du lit, l'entrainant dans un sommeil tourmenté.

« Kakashi-sensei... » Murmura-t-elle en frémissant de terreur, ne pouvant lutter contre l'endormissement qui la tirait dans les abysses du néant.

L'enfant de la NeigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant