Chapitre 1 - Lily

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Voici le premier chapitre ! 

J'espère que ça vous plaira ! Si c'est le cas, n'hésitez pas à liker :) Je vous rejoins très vite dans les coms ! 

Bises, 

Lila


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Inspiration.

— C'est de la délation !

Expiration.

— Une machination !

Je repose mes haltères, en sueur. Chloé, ma meilleure amie, me fixe comme si je venais de débarquer de la planète Mars. Elle s'arrête de pédaler, légèrement moins essoufflée que moi.

Moins énervée aussi !

— Rappelle-moi déjà...

Ah non, elle ne va pas recommencer !

— Je crois qu'il vaut mieux que tu te taises, je lâche avant d'avaler de grandes gorgées de ma bouteille d'eau.

Elle s'approche, bienveillante. Pitié, qu'elle ne m'offre pas sa sollicitude. Je n'en ai pas besoin.

— Tu vas perdre ton job ?

Forcément que non ! Mon regard hargneux vaut toutes les réponses du monde.

— Tu risques de te retrouver à la rue ?

Irritable comme jamais, j'attrape ma serviette et la passe sur mon cou. Elle me suit dans les vestiaires et, dépitée, m'observe m'asseoir sur le banc, la tête entre les mains. Je nage en plein cauchemar et je vais me réveiller, ce n'est pas possible autrement.

— Je t'accorde que ce n'est pas très glamour de vous faire racheter par l'industrie de la capote, c'en est même risible... Durasex, c'est vraiment naze comme nom. Mais, ça va vous sauver la mise ! Avec le COVID, nous avez perdu gros. Sans eux, tu pointerais à Pôle Emploi, ça, c'est certain.

Comment une boîte de deux-cents personnes, star nationale des produits de beauté bio, a réussi à tomber si bas ? Depuis quatre ans que j'y travaille, je n'ai pas compté mes heures, ai pris peu de vacances, me suis investie à fond, et tout ça, pour quoi ?

— Je crois que je préférerais pointer au chômage, figure-toi !

Il va bien falloir que je lui crache le morceau. C'est sûr qu'avec mes réponses hors-propos, elle ne risque pas de comprendre.

De me comprendre.

Je soupire, épuisée par mes trois nuits blanches consécutives. Pour une fois, ce n'est pas de la faute de mon fils, Léo. Mon petit bonhomme, qui vient de fêter ses cinq ans, a enfin pris un rythme normal. Il était temps.

— Franchement, si on met de côté leur nom débile, moi, leurs préservatifs, j'adore ! Surtout le super fin avec les petits...

— Stop ! je l'interromps. Ils pourraient être en peau de chameau que je m'en tamponnerais le haricot. Ce n'est pas ça, le problème, dis-je d'une voix plus sérieuse.

Ses yeux s'arrondissent de surprise. Ma meilleure amie me connaît aussi bien que je la connais. Depuis notre rencontre à l'ESSEC, nous partageons tout. Nos bons comme nos pires moments.

Elle a le droit de savoir.

— Marcel m'a fait lire les papiers de rachat, et...

Ma gorge se serre, mes yeux deviennent humides. La tristesse me quitte rapidement. Je suis en colère. Foncièrement en colère.

Mon Boss, Marcel Deschamps, n'avait pas trente-six-mille options pour nous sauver la mise. Prêt à prendre sa retraite depuis l'an passé, la crise que nous venons de vivre a fait chuter notre chiffre d'affaires de soixante-dix pour cent. L'acheteur s'est défilé. Soit, il mettait la clé sous la porte, et nous avec, soit il trouvait quelqu'un de suffisamment sérieux.

— Lily, parle-moi.

Sa main posée sur la mienne, elle tente de me transmettre le courage qu'il me manque. Je renifle, perdue. Comment vais-je faire pour aller au travail demain ?

— Il... Je...

Je respire un bon coup. Ces dernières années, j'ai dû me battre contre vents et marées pour arriver là où j'en suis. Rien n'est insurmontable. Rien.

Ni personne.

— Durasex a nommé un nouveau patron France, le précédent est parti en Chine s'occuper de tout le marché asiatique.

Mes yeux se baissent fixant le bout de mes chaussures. Merde, merde, merde, comment est-ce possible ? Quand je relève et pose mon regard sur elle, je lâche de but en blanc :

— Thomas a pris les rênes de la société.

Elle blêmit instantanément.

— T...

— Oui, cet enfoiré.

— Tu...

— J'hésite encore à l'émasculer directement avant notre première réunion, prévue à dix heures tapantes, demain matin.

Comme si mes paroles lui passaient au-dessus de la tête, elle me demande, totalement chamboulée par la nouvelle :

— Ton Thomas ?

Je réponds, stoïque :

Mon Thomas.

***

— Je l'ai couché de bonne heure, aucun cauchemar ne l'a réveillé. Il a mangé toute sa soupe, et a pris deux portions de pâte bolognaises. Il n'avait plus faim pour le dessert, donc je n'ai pas insisté.

J'entends ma grande sœur, Clémence, mais l'écoute à peine. Je n'en reviens toujours pas. En moins de quelques heures, mon monde s'est écroulé. Des ruines m'entourent de partout. Je ne sais pas si, cette fois-ci, j'arriverai à me relever.

— Tout va bien, Lily ?

Non, tout ne va pas bien. Mais, elle a tellement fait pour moi ces dernières années, que je me sentirais affreusement mal de lui confier... ça. D'ailleurs, je crois bien qu'elle prendrait d'elle-même un sécateur tout rouillé pour aller lui tailler ses roubignoles.

— Je suis juste crevée, dis-je en me laissant tomber sur mon canapé.

Elle me rejoint, inquiète. Comme je me veux de lui mentir.

— C'est le rachat qui t'angoisse ?

— Non, non... Tout est sur les rails.

Elle me regarde triturer mon annulaire gauche.

— Tu devrais...

Je la coupe, agacée.

— L'enlever, je sais.

Elle soupire, perdue. Depuis des années, elle ne fait que ramasser les pots perdus. Les miens, de surcroît.

Je me lève, prête à pleurer. Je refuse de verser une larme de plus devant elle. Elle ne mérite pas ça.

Je ne la mérite pas.

— Merci pour Léo. Ça m'a fait du bien de me défouler. Tu devrais rentrer, Paul va s'impatienter.

Elle passe une main douce sur mes cheveux, comme pour m'apaiser.

— Tu sais que je suis là à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Jamais je ne te laisserai tomber. Jamais.

Je la remercie silencieusement avant d'aller m'enfermer dans la salle de bain. Comme souvent, elle claquera la porte en sortant.

Trop, c'est trop.

Une seconde de plus et je me serais effondrée devant elle.

Dire que ça commençait enfin à aller mieux. Pour moi, mais surtout pour Léo. Comment vais-je bien pouvoir affronter ce nouveau coup du destin ? Avouer au vrai père de Léo, mon tout nouveau boss, que je n'ai jamais avorté ? Chose que je lui avais promise, avant que nos chemins se quittent, il y a bientôt six ans... 

Mon BOSS... le pire ex de ma vie !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant