Chapitre 21

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Lorsque je rentre dans la salle où a lieu les cours de psychologie, Hayden est déjà assis à sa place habituelle. J'essaie de ne pas me décourager et je prends mon courage à deux mains pour aller m'assoir à ses côtés alors que mon envie de m'assoir loin de lui grandit au fur et à mesure que je me rapproche de lui. 

Quelle remarque désobligeante va-t-il encore me lancer ? Va-t-on encore se créper le chignon ? Vais-je encore devoir subir ses accès de lunatisme ? Une chose est sûre, si je ne lui parle pas, j'éviterai tous ces problèmes. 

C'est pour cette raison que je m'assois à ma place habituelle, l'ignorant totalement, ne prenant même pas le peine de lui dire bonjour. Cela n'a pas l'air de le surprendre car il ne tourne ni sa tête et ne me salue pas non plus. À quoi m'attendais-je ? Que cet être impoli me présente des excuses ? Qu'il me dise bonjour ? Il faut que j'arrête de donner de l'énergie en faux espoirs.

Le professeur ne tarde pas à entrer dans la salle. Il dépose ses notes sur le pupitre se trouvant devant un tableau à craie et à côté d'un écran blanc sur lequel il projette la première diapositive de son cours. Je finis de placer mes affaires sur ma table pile au moment où il commence à parler :

- Bonjour à tous, aujourd'hui nous allons parler des crises d'angoisses aigües, aussi appelées attaques de panique.

Je relève le nez de la feuille où j'étais en train d'écrire le titre du cours. Crises d'angoisse ? Comme celles que je fais lorsque je vois du sang ? Je vois du coin de l'oeil Hayden tourner la tête vers moi, surpris d'aborder ce sujet-là. Je ne peux empêcher l'excitation de grandir en moi. 

Je suis ces cours pour mieux comprendre mes traumatismes causés par l'accident qui a couté la vie à mon père. J'aborde enfin, après un mois de cours, les sujets qui m'intéresse le plus et ceux pour quoi j'ai choisi le cours de psychologie. Mon collègue au cinéma s'est redressé, droit sur sa chaise, alors qu'il a l'habitude d'y être avachi, l'air nonchalant.

- Les AP, attaques de panique, sont caractérisés par un début brutal, une intensité maximale des symptômes atteinte rapidement, des symptômes bien limités dans le temps et une décroissance progressive des symptômes avec soulagement.

Je me souviens comme si c'était hier lorsque j'ai été diagnostiquée pour ce trouble. Je racontais à mon ancien psychiatre ce qu'il m'arrivait à chaque fois que je voyais ne serait-ce qu'une goutte de sang. Il ne lui avait pas fallu plus longtemps pour savoir que j'étais sujette aux crises d'angoisses secondaires à mon traumatisme. 

Depuis ce jour là, j'ai appris à vivre avec ces épisodes. Au lycée, on avait fait un travail pratique pour découvrir de quel groupe sanguin on appartenait. J'avais fini à l'infirmerie, pâle comme un linge, en respirant comme si je venais de courir un sprint.

Je tâche de prendre le plus de notes possibles. Ce sont des sujets qui me tiennent à coeur. J'ai l'habitude de noter les cours sur mes feuilles mais je le fais de façon beaucoup plus consenscieuse aujourd'hui.

- Pour ce qui est des symptômes, il en existe plusieurs types. Tout d'abord, il y a les symptômes physiques qui regroupent ceux respiratoires, qui sont les plus courants, caractérisés par une sensation d'essoufflement, mais aussi cardiovasculaires, digestifs. Il a des symptômes psychiques qui tournent autour de la sensation de perte de contrôle et la peur de mourir. Un épisode d'AP peut demeurer unique, réactionnelle à une situation de stress mais peut tout aussi bien être un trouble associé à une pathologie psychiatrique s'il y a une répétition.

Hayden se retourne à nouveau vers moi. Je me doute bien que ce trouble panique est considéré comme une maladie psychiatrique mais le fait de l'entendre me fait quand même de l'effet. Le psychiatre ne m'a jamais dit directement que je suis atteinte d'une maladie psychiatrie. Surtout que de nos jours, rien que le fait d'aller chez le psychiatre nous fait passer pour un fou. 

Hurt like HeavenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant