Chapitre 4

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Après leur moment de « jeu », les deux amies flânèrent quelque peu dans cette allée si animée et si différente des chemins de leur village. Ici pas d'échoppe à ciel ouvert, pas de magasin dont la façade principale n'était fermée que par un rideau savamment tissé à la main, pas d'animaux qui traînaient de-ci de-là. Mais des vitrines plus magnifiques les unes que les autres pour attirer l'œil, ou bien plus discrètes, mais qui attirent quand même, étant une tâche plus terne au milieu de bâtiments bariolés. Elles étaient époustouflées, chaque fois qu'elles allaient en ville, par la grandeur des bâtiments. Par leur stature imposante, comme d'énormes rochers qui les surplombaient. Il était rare, en effet, que leurs maisons fassent deux étages. Et encore plus rare, qu'elles soient fabriquées en brique. Beaucoup trop compliqué à déplacer lorsqu'on faisait migrer la communauté pour ne pas éveiller les soupçons des non-magique. Mais ici, tout était fixé. Les sorciers s'étaient installés et avaient réussis à fonder une ville magnifique se dirent les deux femmes. Autour d'elles les passants flânaient, faisaient léviter à bout de baguette des colis visuellement assez lourds, en discutant joyeusement. Certains faisaient rétrécir des paquets pour les mettre dans leur poche, d'autres réchauffaient d'un mouvement fluide leur tasse de thé ou café lorsqu'ils étaient attablé depuis trop longtemps dans un restaurant. Ici, un adolescent aux lunettes rondes fit apparaître un bouquet de fleurs d'un moulinet du bras pour l'offrir à la demoiselle rousse de tout à l'heure, qui faisait manifestement semblant, pour une obscure raison, de ne pas en vouloir. Les deux filles qui l'entouraient, elles, visiblement ravies du geste, piaillaient, criant presque, à tel point c'était mignon. Là, un commerçant nettoyait sa devanture à coup de lame d'eau jaillissant de sa baguette. Au fur et à mesure de leur parcours, les visages des deux amies perdirent un peu de leur joie. Dans les deux têtes, était apparu un autre problème que celui de faire accepter Mayeka comme consultante ou apprentie dans un hôpital ou un laboratoire. Mayeka marchait, sa main reposant à l'intérieur du coude plié d'Akatcheta quand elle entendit celle-ci murmurer une incantation complexe, si bas, que seul Mayeka entendit. Puis, reprenant plus haut et s'adressant dans leur langue natale à son amie :

" - Nous ne passerons jamais inaperçus si nous n'avons pas nous aussi un bout de bois.

- Il me semble qu'ils appellent ça une baguette.

- Oui... Peut-être.

Un silence s'étendit tandis que les deux jeunes femmes réfléchissaient.

- C'est quand même fou, repris Aka, que le Grand-Chef nous envoie en Angleterre, qu'il pense à nous mettre en garde contre ce dingue mais qu'il ne nous informe pas que les sorciers utilisent des baguettes magiques pour leurs sorts.

- On n'était pas vraiment censé être là.... Nota Maye.

- Le Grand-Chef n'est-il pas censé tout savoir ?

- Il n'est qu'humain.

- Ou alors il s'amuse à nous envoyer dans des situations impossibles. Grogna Aka.

- Tu vois le mal partout. Soupira Maye.

- Pas le « mal », juste des « pièges ». Ce n'est pas pareil. Rétorqua Aka comme si elle parlait à une enfant. Elle utilisait toujours ce ton lorsqu'elle essayait de se justifier alors qu'elle savait que Maye avait, si ce n'est totalement, à moitié raison.

Elles s'assirent sur un banc et observèrent en silence les personnes passer dans un camaïeu de style et de couleur. Un moment passa, sans que l'une ou l'autre n'émette de sons ou ne fasse un geste, quand Maye posa la question qui les taraudait depuis qu'elles s'étaient aperçues qu'il leur fallait une baguette.

- Est-ce que.... Est-ce que tu penses que l'on peut en acheter une ?

Akatcheta jeta un regard à son bras droit.

La famille RogueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant