SHYNESS 2

CHAPITRE 22

QUINTON HARTLEY

- Bordel, Maddy, tu sais très bien que tu n'as pas besoin de frapper avant d'entrer.

Ce mec avait toujours une longueur d'avance, ça en devenait presque agaçant.

Poussant doucement la porte en bois, j'eus un petit temps d'arrêt en revoyant l'intérieur de cette pièce qui avait autrefois était l'un de mes repères. Rien n'avait changé. C'était comme si ces sept derniers mois n'avaient jamais existé.

- Je te fais peur ?

La voix grave du garçon à qui appartenait cette chambre me sortit de mes pensées. Tournant mon regard vers lui, je le vis installé sur son fauteuil de bureau, ce fameux fauteuil digne d'un geek. Il était dos à moi, tourné vers la fenêtre de sa chambre, regardant dehors comme s'il surveillait la rue.

J'eus un pincement au coeur, me remémorant Jackson, à peine quelques instants plus tôt, tourné, lui aussi, vers la vue qu'offrait l'extérieur.

Comment leur famille, que j'avais à l'époque tant de fois enviée, en était-elle arrivée à ce stade si déplorable ?

À cause des choix de Quinton, me susurra ma conscience, toujours présente pour me ramener à la réalité.

- Peut-être, murmurais-je, répondant à sa demande.

Sa réponse fut immédiate, tandis qu'il pivotait avec son siège vers moi :

- Pourquoi ?

- Parce que j'ai l'impression de ne plus te connaitre, de me retrouver devant un mauvais souvenir.

Son regard noisette se voila d'une douleur perceptible avant de redevenir dépourvu d'émotions. Il souffla longuement, frottant ses paumes contre son jogging gris.

- Je n'aurais pas qualifié ce souvenir de "mauvais", pourtant.

Je ne savais même pas ce que je pouvais lui rétorquer, ni lui demander. C'était comme si, maintenant que j'étais face à son visage fermé, je perdais tous mes moyens.

Hors de question.

J'allais ouvrir la bouche pour déverser, une fois de plus, un ouragan de haine que je réservais pour le clan, mais je le vis bouger. S'aidant des muscles de ses jambes, il se dirigea vers son bureau, et sortit un sachet en plastique de son tiroir. Je le vis le triturer distraitement avant de sortir une cigarette de sa poche.

C'est à ce moment que je compris ce que contenait ce petit pochon.

Il n'osait quand même pas ?

M'avançant à une vitesse me surprenant moi-même, je lui arracha le sachet des mains. Il redressa son visage vers moi, me lançant un coup d'oeil énervé, puis tenta de rattraper ce qui lui appartenait. J'eus un mouvement de recul à temps, l'empêchant de le récupérer, avant de me diriger vers son lit.

Je m'assis sur le matelas, recouvert d'un drap noir, fixant ce petit sachet dans ma paume, analysant scrupuleusement ce qu'il contenait.

- Du cannabis, tu es sérieux ? crachais-je, tentant tant bien que mal d'éviter de l'insulter.

- Rends-moi ça, Madeleine !

Il s'approcha de moi, à son tour, posant un bras derrière mon dos pour m'empêcher de reculer sur le lit. Je serrais le paquet entre mes doigts, tandis qu'il essayait de le récupérer en serrant sur ma main.

Mon souffle se raccourcit, lorsque je me rendis compte de notre proximité. Son torse n'était qu'à quelques centimètres de moi, me frôlant presque, sa main enserrait la mienne, son regard était rivé sur l'intérieur de mon poignet.