CHAPITRE 45

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ADDISON JACOBS, DIXIE SMITH



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Deux semaines. Quatorze jours. C'était le temps qui s'était écoulé depuis le soir de la course.

Le soir où j'avais risqué ma vie.

Le soir où Quinton m'avait emmenée au Five Guys.

Le soir où j'avais dormi chez lui.

Le soir où nous avions, une nouvelle fois, eu une relation intime.

Nous n'avions pas couchés ensemble, et, si j'en crois la réaction des filles lorsque je les avais appelées en rentrant chez moi, le lendemain, c'est, selon Mads, inadmissible, selon Dixie, stupide, et, selon Charlie, une grande erreur, sans compter Lauren qui avait balancé quelque chose comme "Tu as bien trop de self-contrôle, mon dieu, saute-lui dessus, qu'est-ce que t'attends ?".

Et, ces derniers jours, la question avait, effectivement, fait son chemin dans mon esprit.

Qu'est-ce que j'attends ?

Pourquoi je n'ai pas sauté le pas, alors que j'en avais envie ?

La réponse était pourtant d'une simplicité déconcertante : j'avais bien trop peur de ne pas être à la hauteur, qu'il regrette, qu'il ne m'accorde plus la même attention après cet acte.

Et mes craintes s'étaient accentuées lorsque j'étais retournée à l'université, le lundi suivant, puis encore un peu plus chaque jours où je l'avais croisé au détour d'un couloir.

Il ne venait pas vers moi, c'en était même à la limite de l'ignorance.

Pourquoi ?

Le clan adoptait désormais le même comportement. Excepté quelques regards, nous n'avions eu droit à aucunes paroles, aucunes nouvelles.

Et, en toute honnêteté, il est possible que ce soit encore plus douloureux que lorsqu'ils étaient absents.

L'ignorance est le pire des mépris, comme l'aurait dit ma grand-mère.

Mais qu'ai-je eu le malheur de faire pour qu'ils me méprisent ?

***

- Fais attention ! grogna une voix aiguë, lorsque mon épaule percuta un autre corps de plein fouet.

- C'était plutôt à moi de dire ça, connasse, râlais-je, entre mes dents.

Les écouteurs vissés dans mes oreilles, la voix d'Olivia Rodrigo hurlant dans mes tympans, j'étais si perdue dans mon monde que je n'avais pas vu cette grande latina foncer dans ma direction. Mais, après tout, elle n'avait qu'à dévier avant de me percuter.

- Tu es encore d'une humeur exécrable, soupira Dixie.

Je ne l'avais pas vue arriver à mes côtés, si bien que mes yeux s'agrandirent en plongeant dans la couleur chocolat de ses iris. Ses cheveux, d'un noir corbeau, étaient relevés en un chignon mal fait, et, vêtue d'un jogging mauve et d'un sweat-shirt à capuche noir, elle semblait tout droit sortie d'un film à l'eau de rose ; il ne lui manquait plus que le pot de glace d'un litre et des traces de mascara sur les joues pour jouer parfaitement la scène de la pauvre adolescente déplorée dans son canapé après une dispute avec son arrogant de petit-copain.

- Je pourrais te retourner le compliment, répliquais-je, continuant d'analyser sa tête de six pieds de long.

Dixie haussa les épaules, levant les yeux au ciel, m'indiquant que j'avais, effectivement, vu juste quant à son apparence bien moins soignée que d'habitude.

SHYNESS 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant