Chapitre 3

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Tobias

Il est 3 heures du matin quand je rentre chez moi, éreinté. Le vendredi n'est qu'une préparation au rush qu'on vit le samedi tout au long de la journée. Le week-end n'a pas encore commencé que je n'ai plus d'énergie. Je traîne des pieds jusqu'à ma chambre sans prendre la peine d'allumer. Je me déshabille et abandonne mes fringues sur le sol, c'est au moment de me glisser sous les draps que je découvre que le lit est déjà occupé.

— C'est une blague ! Une putain de blague !

Jessica est là, assoupie comme si elle n'avait jamais quitté la maison, faisant comme si notre rupture n'était qu'un cauchemar duquel on pouvait s'échapper en ouvrant les yeux. Malheureusement pour moi, ce cauchemar est toujours réel, et il est inconcevable de partager mon lit et d'entrer dans son jeu. En gentleman, je récupère mon oreiller et redescends dormir sur le canapé. Bien qu'intrigué par le retour de ma femme au domicile, je ne tarde pas à trouver le sommeil, qui je l'espère me videra l'esprit.

— Putain ! crié-je en me réveillant en sursaut, trempé.

Il est tout juste 8 heures et Jessica a décidé de me tirer du sommeil à coups d'eau glacée. Elle est derrière le canapé, les bras croisés sur la poitrine et le regard assassin. Dans une main, elle tient un verre vide à présent.

— Qu'est‑ce que tu fous là, Tobias ?

— Pardon ? demandé-je avec incompréhension.

— Ne me force pas à me répéter, je ne suis pas d'humeur.

Je sens la colère me gagner peu à peu. Plus le temps passe et moins je ne peux supporter ma femme.

— Parce que tu penses que j'étais d'humeur à me faire réveiller à coups d'eau sur le visage ?

— Je n'en ai rien à faire, tu es chez moi.

— C'est aussi chez moi, réponds-je du tac au tac.

— Je croyais avoir été claire dans ma lettre, je veux garder la maison.

— Qu'est‑ce que tu t'imagines ? Que ce que femme veut, femme l'obtient ? Tu pensais que ton courrier minable serait suffisant pour que j'accède à la moindre de tes exigences ?

Jessica balance le verre qu'elle tient directement sur la table basse. Il explose dans un bruit assourdissant. Elle ne s'attendait pas à me voir prêt à combattre de bon matin, sauf qu'il va falloir qu'elle s'y fasse, après son coup tordu d'hier je resterai sur mes gardes chaque heure du jour et de la nuit.

— Dégage de là ! me hurle-t‑elle au visage.

— Sinon quoi ?

— J'appelle les flics.

— Pour leur dire quoi au juste, Jess ? Que ton mari est dans votre maison ? Ne sois pas ridicule.

J'observe ma femme bouillir et devenir rouge de colère. Je sais que j'ai eu le dernier mot pour cette manche, et ça ne lui plaît pas du tout. Le temps qu'elle trouve un nouveau reproche à me faire, je me demande comment on en est arrivés là si rapidement. Je nous revois il y a deux mois arpenter les rues de Chicago en donnant chacun une main à Sydney. Je me souviens aussi que nous faisions l'amour tendrement quand notre petit ange dormait depuis longtemps. Nous parlions même d'un deuxième enfant, et maintenant on se déchire. Je regarde ma femme, celle que j'ai aimée et pour qui aujourd'hui je n'éprouve que du dégoût.

— Où est Syd ?

— Chez ma mère, dit‑elle sèchement.

— Je veux la voir.

Come & Get me [Collection &H]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant