Chapitre 9

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Le temps est comme figé. Il n'y a plus que nous, nos corps, notre enfièvrement. Ses allés-et-venus sont lents, contrôlés. Nous savourons cet interlude de douceur. Je le sens dans le moindre détails. Nos bouches se rencontrent et s'échangent tendrement bien plus que des baisers. Nos langues, nos lèvres se caressent et communiquent des non-dits. Mon cœur semble exploser dans ma poitrine. Nos souffle se synchronisent.

Je m'offre à lui, lâche prise. Un court laps de temps. Une bulle momentanée dans laquelle je lui appartient. Mon corps, mon cœur s'abandonnent. A tout moment, je risque de craquer, de fondre. Une brèche s'est ouverte en moi. Nos corps ne font plus qu'un et ils savent ce que nous nous interdisons de reconnaître.

Dans un élan de lucidité ou de peur, Romain reprends le contrôle. Je le sais, il l'a senti aussi, cet interlude, cet espace temps où l'on ne s'interdisait rien. Il accélère ses coups de rein pour faire monter mon plaisir. Mes mains agrippent son corps. La sensation et la vue de tous ses muscles tendus sous mes doigts me font perdre pied. Son ivresse trouble son regard.

L'effervescence est telle que je presse et titille mon clitoris pour accélérer mon orgasme. Je sens le plaisir m'envahir. Mes muscles se tendre. Mon bassin se colle au sien pour garder sa virilité bien au fond de moi.

Ma jouissance est démesurée. Mon périnée et mon vagin se contractent. Mon clitoris envoie des décharges dans tout le bas de mon corps. Je m'envole.

Mon sang encore en ébullition sous ma peau, je reprend peu à peu ma lucidité. L'absence d'orgasme de sa part me désole et me fait me sentir égoïste d'avoir pris ce plaisir seule. J'ai toujours privilégié le plaisir des hommes au mien et j'ai tellement envie de lui faire du bien. De lui offrir la satisfaction qu'il m'a apporté.

Par ailleurs, mon amant ne semble pas frustré. Je me demande s'il n'a pas juste voulu se protéger, protéger son cœur, son âme. J'en suis persuadée, lui aussi, a senti cet interlude étrange de passion dévorante mêlé de tendresse inexpliquée. Et je sens que, d'une certaine façon, il a peur de perdre le contrôle. Nos règles nous servent de repère. Comme un phare dans l'obscurité. Nous nous aventurons chaque fois un peu plus loin, alors,  si l'inconnu nous effraie nous revenons vers sa lumière tels des papillons de nuit.

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