Chapitre 5

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En rentrant, je ne tiens plus. Je lui écris des textos en commençant par des banalités, lui affirmant que j'ai apprécié le moment et que je souhaiterai le revoir. J'essaie, tant bien que mal d'amener le sujet.

"- J'aimerais te parler de quelque chose mais tu vas sans doute me trouver super bizarre..."

"- Non vas-y, j'ai envie de te dire quelque chose aussi."

Suite à cela, j'envoie mon SMS, lui décrivant le désir intense que j'ai ressenti pour lui sur le tatami et lorsque je l'envoie, je reçoit son message. Réponses synchronisées!

Je lis " Tu me plaîs beaucoup." Mon cœur s'emballe. Je ne lui plaîs pas, je lui plaîs beaucoup!

J'ai un peu honte de mon texto à caractère bien différent du sien. Mais il me rassure aussitôt en m'avouant qu'il a ressenti des choses similaires, et qu'il n'avais jamais vécu cela avant.

Je suis aux anges. Bien au-delà d'un soulagement, ses aveux dépassent mes espérances. Je passe une excellente nuit et dors comme un bébé.

                                                                                        ...

Pendant le reste de la semaine, nous échangeons des SMS et MMS, contenant tantôt des citations et poèmes. De ceux que l'on trouve dans les papillotes au chocolat. Chaque échange est une invitation à la réflexion et à la rêverie... Nous crééons d'autant plus de lien.

Le vendredi, il me propose de co-voiturer jusque Torigny ensemble, pour un cours de judo . Du judo? Bien sûr que j'accepte. Surtout, je veille à rester naturelle, et ne rien laisser transparaître. Je ne peux me permettre de m'exposer trop rapidement vu ma sensibilité.

Je gare ma voiture près du dojo de Marigny, un des rares lieux que nous connaissons tous les deux, étant donné que c'est là que nous pratiquons notre cours du lundi. Il stoppe sa voiture à côté de la mienne. Je balance mon sac dans le coffre et monte à ses côtés.

Vieille bagnole dégueulasse, en bordel, et vieil autoradio CD. Je souris intérieurement. A l'ancienne, quoi. J'ai le sentiment de revivre les années de fin de lycée et les premières caisses pourries achetées d'occasion. Cela me ramène dix ans en arrière. La musique est sympa en tout cas, gaie, entraînante. Les paroles sont en espagnoles alors, évidement, je ne comprends pas un mot.

Avec lui, je garde mon attitude fermée et sur la réserve. J'ai encore besoin d'observer et sonder.

Cette attitude ne me lâchera pas pendant tout le cours. Je remercie Michel intérieurement, de ne pas me lancer de regards ou de sourire qui en dise long. Oui, on a échangé des texto et oui, on est venus ensemble.

Le groupe de Torigny se montre accueillant. Les gens plaisantent, s'amusent et s'entraident dans la pratique. Les exercices sont similaires à ceux de lundi, cela me conserve dans ma zone de confort, sur ce point. Je feins de ne pas m'intéresser une seule fois à Romain, bien que je lui lance parfois quelques regards discrets. Nous saisissons tout de même l'occasion d'un randori au sol. Peut-être simplement poussés par la curiosité de savoir si oui ou non, la tension sexuelle se ferait sentir une fois de plus entre nous. Pour ne rien vous cacher, elle était toujours bien présente.

L'entraînement était très sympa. Ok, vendu! Je reviendrai aux cours du vendredi, et pas uniquement pour Romain. Le judo reprend peu à peu possession de moi. Ce sport me passionne et je revis à travers lui . C'est un peu mon grand amour finalement.

Judo et sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant