"Et merde."

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"Je ne pensais pas que je le ferais un jour. Ça : ouvrir un carnet complètement vide et écrire. Parce que oui, j'ai choisi d'y écrire. Je le fais pour ne pas avoir à déballer ma vie à une vulgaire inconnue, et contrairement à ce que vous pensez, ce n'est pas de la lâcheté, juste une profonde flemme et un mauvais à priori de la société de nos jours. Mais pensez ce que vous voulez. Après tout, le monde passe son temps à mentir, pourquoi me croiriez-vous ?

Je le fais uniquement  pour faire plaisir à la meilleure amie de ma mère, Pauline. Elle est psy et elle pense que ça peut m'aider. Le problème, c'est que je n'ai pas besoin d'être aidé.

Mes parents pensent que j'ai développé une sorte de renfermement et que je vais finir par faire une dépression si je ne m'ouvre pas aux autres. Ils ne comprennent pas. Ma solitude me plaît. Je dois sans doute avoir perdu le goût de la société. Tout ce monde, totalement hypocrite, menteur, égoïste, ça a fini par me dégouter. Du coup, je vais à l'université mais c'est comme si je n'existais pas, je passe incognito. Je me suis pris un appartement, seul. J'ai des amis, et ce n'est pas parce que les gens en général me dégoutent, que je ne les apprécie pas, bien au contraire. Ils savent comment se comporter avec moi la plupart du temps car je passe du temps avec eux, mais ils ne me connaissent pas. Du moins, je fais le tri dans ce que je leur laisse apprendre de moi. Eux aussi pensent que c'est un problème, ce renfermement. Je m'en moque, ils ne réclament jamais trop longtemps, sinon ils savent que ça sera pire. Chaque personne entretient des relations différentes, les miennes sont comme ça. Distantes.

Voila, moi c'est Harry Edward Styles, j'ai 19 ans et, d'après les autres, je suis clairement en train de vouloir me foutre en l'air, mais moi, je le vis bien."

Je referme le carnet, le range dans le tiroir de mon bureau et m'affale sur mon lit. Je contemple le plafond blanc de la chambre de mon appartement en réfléchissant. Je vais bien, alors pourquoi je fais ça ? Perte de temps. Mais bon, si ça peut soulager ma mère et qu'elle arrête de toujours être sur mon dos, autant continuer. Je ferme les yeux et m'endors doucement, épuisé.

                                                                                                    *

Le bip strident de mon réveil me tire brutalement de mon sommeil. J'y jette un coup d'œil avant de le pousser par terre d'un geste brusque. 7h30.

- Et merde.

Je vais encore être en retard à mon cours d'histoire. Chaque lundi matin, c'est pareil. Le réveil sonne une fois a 6h15, je le mets en rappel et me rendors, il se remet à sonner à 6h30, puis à 6h45, à 7h00, à 7h 15 et ce n'est qu'au bout de la 6ème fois qu'il sonne que je me réveille. Et comme tous les lundis matin, en première heure, j'ai histoire. Eh bien c'est l'heure que je rate quasiment tout le temps.

Je saute hors de mon lit et frissonne en voyant par la fenêtre la neige recouvrant ma rue . Génial, je vais devoir faire 5km à pieds à une température maximale de 0°. J'enfile un jean noir, un t-shirt gris clair et file dans la salle de bain pour arranger le tas de boucles brunes qui me sert de cheveux, en vain. Elles font n'importe quoi. Je me brosse rapidement les dents et quitte mon appartement sans rien manger. Tant pis, je grignoterais à la cafétéria du campus après les cours.

Arrivé dans la rue du campus, je me mets à faire le reste du trajet en courant. Je rentre dans l'enceinte du bâtiment et le traverse pour aller rejoindre la salle d'histoire. Je ralentis quand j'aperçois la porte, j'entre et vais me placer dans un coin tranquille de la salle. Quelques regards se sont posés sur moi quand je suis entré, y compris celui du prof. C'est comme une petite habitude que j'arrive en retard désormais. Je suis le cours pendant le temps qu'il reste, puis à la fin, mon portable vibre.

"Inapproprié"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant