Lou'

37 4 0
                                        

Je glisse ma main dans mon jean pour attraper mon portable, mais mon poignet frotte contre ma hanche et me fais mal. Enfin je réussis à le sortir, mais quelques secondes après l'avoir sortis, je sens un liquide chaud me couler le long du poignet qui me brûle. J'ai du faire une sacrée tête car Harry remarque que quelque chose ne va pas.

- Lou, ça va ?
- Je suis désolé Harry, il faut que j'y aille, je suis vraiment désolé, c'est urgent.
- Je ne te retiens pas plus alors t'inquiète pas c'est rien. Allez, file.
- On s'appelle ok ?
- D'accord.

J'ai eu un peu de mal à entendre son "D'accords" car je suis déjà à quelques bons mètres de lui et que je dois rentrer le plus rapidement possible. Mes plaies se sont ouvertes. Vous allez peut être vous demander "quelles plaies ?" Je me mutile. Certains d'entre vous ne comprendrons pas, d'autre si, parce qu'ils sont déjà passé par là. Pour les autres, je vais simplement vous dire que pour moi, la douleur que prodigue la mutilation me rappelle que malgré tout les problèmes que j'ai pu endurer, je suis encore en vie, et c'est la douleur qui me le prouve. Beaucoup me disent "arrête, c'est mauvais pour toi" mais ce qu'ils ne comprennent pas, c'est qu'une fois que l'on a commencé, il est difficile de s'arrêter. C'est comme demander à un fumeur de s'arrêter, c'est compliqué. Certes, pas impossible, mais difficile.

J'arrive chez moi à toute vitesse, fais couler l'eau chaude du lavabo, retire mon gilet, mon pull et passe directement mon bras sous l'eau.
Le contact me brûle le poignet et l'eau devient rouge instantanément. En frottant mon poignet contre mon jeans tout a l'heure quelques coupures se sont rouvertes et le sang a trempé ma manche en quelques minutes. Heureusement que mon appartement n'est pas loin du parc ou on était.

Je ne peux pas le dire à Harry. Ça l'effraierait sans doute, et la dernière chose que je veux, c'est de le faire fuir, lui qui ne m'a pas repoussé après que je lui ai dis que j'étais gay et après que nous nous soyons embrassés. Ces personnes sont rares, donc j'ai appris à apprécier plus ou moins chaque personne capable de reconnaître que l'homophobie est un tort et que l'homosexualité ou la bisexualité n'est pas une anomalie. 
Harry est différent parmi les différents. Il m'accepte comme je suis, malgré sa sélection d'amis très restreinte. Il s'ouvre à moi alors qu'aux autres non. Que pense-t-il de moi ? Je n'en sais encore trop rien, mais il ne pensera rien de positif si il apprenait que je me mutile. C'est mon premier lourd secret. Vient ensuite mon orientation sexuelle, enfin, ce n'est pas un secret, mais c'est lourd de vivre avec ça tous les jours.

Une fois que j'ai finis de nettoyer le sang qui avait commencé à coaguler sur mon bras, je coupe l'eau, attrape le désinfectant et de quoi me faire un bandage. Après avoir finis, je pousse un long soupir et m'affale sur mon lit. Je déverrouille mon portable et cherche le numéro d'Harry dans mes contacts, sauf que je m'aperçois que ça ne fait seulement que 20 minutes que l'on s'est quitté. Je l'appellerais plus tard. Il va penser que ça ne devait pas être très "urgent" sinon.
Je cherche donc une occupation, mais rien de me fait envie. Je me sens terriblement seul. Harry me manque déjà. 
Je déambule dans la maison qui me paraît trop silencieuse. Pour remédier à ça, j'allume la chaîne Hifi et y branche mon portable. La musique sort des enceintes et rien qu'aux premières notes, je me sens partir ailleurs. Pour moi, la musique est un remède à tout. Je ne peux pas vivre sans elle, c'est tout pour moi. J'adore chanter aussi, mais je ne le fais que quand je suis seul, car je ne considère pas ma voix comme étant belle, et je trouve sa pire sur les enregistrements. Je la trouve beaucoup trop aiguë.

La musique m'inspire. je sort mon carnet, parce que oui, je tiens un journal intime, l'ouvre a la dernière page sur laquelle j'ai gribouillé vite fait un dessin d'Harry. Il remplit chacune de mes pensées, et bientôt chaque page de ce journal contiendra son nom. Je me plonge dans le récit de mes pensées, que je n'ai aucun mal a coucher sur les feuilles vierges du petit cahier.

"Inapproprié"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant