Chapitre 8

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Mardi:
19h30

Voilà 20 bonnes minutes que nous roulons à une vitesse folle sur la route départementale en direction de Seattle. Le vent glacé et vivifiant me mord les joues, les faisant tout autant rougir que le contact du dos de Paul, pressé tout contre ma poitrine. Le contraste entre son corps, bouillant, et l'air frais de ce mois de novembre est plus que saisissant, et je me cramponne à sa veste, lui volant ainsi un peu de sa chaleur. Les odeurs de cuir tanné et de musc qui l'environnent imprègnent tous mes sens et je me sens comme galvanisée par une excitation inconnue qui m'agite et me paralyse tout à la fois. Le bourdonnement sourd du moteur atténue tous les autres sons autour de moi, si bien que je distingue à peine la voix enrouée de mon compagnon.

Paul: Ça va derrière ?
Je sens les muscles de son dos et de ses épaules se contracter tandis qu'il penche légèrement son corps vers l'arrière, sans doute pour être sur que je parvienne à l'entendre.

Moi: Oui, oui. Tout va très bien merci. Dis donc, tu n'avais pas menti, il va vite ton petit bijoux !
Comme pour me répondre, Paul embraye d'un coup sec, faisant rugir le moteur de plus belle et me poussant par la même occasion à resserrer ma prise sur son torse sous un effet de surprise. Je peux sans peine imaginer un petit air narquois plaqué sur son visage en cet instant précis, certainement fière de sa bêtise. Il est incorrigible !

Paul: Saches, pour ta gouverne, que je ne mens jamais ma belle ! On devrait atteindre la ville dans environ une dizaine de minutes si je me dépêche, alors accroche toi bien à mon corps d'apollon, je vais te montrer de quoi la bête est capable !
Ni une, ni deux, l'embrayage s'affole à nouveau, projetant une nouvelle fois mon corps vers l'arrière, me faisant ainsi pousser un hoquet de surprise n'échappant pas à l'ouïe fine de mon conducteur fou. La sensation de vitesse m'embrase et je me sens plus vivante que jamais en cet instant précis. Une adrénaline nouvelle me gagne et je me sens comme une enfant sur son premier manège à sensations. Si bien, que les mots s'extirpent de ma bouche sans même que je n'y eu prêté la moindre attention.

Moi: Plus vite !
Paul éclate en un rire franc face à mon euphorie et accède à ma demande sans se faire prier. Mes muscles se tendent et je me mord la lèvre inférieure, prise d'une extase tout simplement délicieuse. Petit à petit, mes doigts s'engourdissent lourdement face à la froideur intense de l'atmosphère ambiante. D'humeur trop aventureuse pour m'en soucier dans l'immédiat, je me décide à  simplement glisser mes mains sous le blouson de mon ami, collant ainsi le cuir gelé de mes gants contre ses abdominaux, tout juste recouverts de sa sa fine chemise blanche. Je l'entends pousser un grognement rauque, un râle presque, traduisant sa surprise. Embarrassée, j'entreprends de retirer mes mains en un mouvement de recul, ne voulant pas le déranger plus que de raison.

Paul: Non, laisse les.

Moi: Mais je ne veux pas te...

Paul: Si tu les enlèves, je serais obligé de venir les chercher moi même pour les remettre à leur place, alors sois gentille et laisse tes mains au chaud.
Son ton tout d'abord autoritaire, se radoucit finalement sur la fin de sa phrase, alternant à la fois le chaud et le froid; le feu et la glace, tout comme son corps brûlant pressé contre le mien, bravant la froideur automnale. Je ferme les yeux, apaisée par la chaleur de Paul ainsi que par les battements calmes et réguliers de son cœur. Là, tout contre lui, je me sens plus femme que jamais, à la fois en proie à une fragilité touchante, mais aussi plus forte que je ne le fus auparavant. Le ronronnement de moteur de ce destrier de métal devient plus doux, régulier, rassurant, sonnant presque comme une mélodie à mes oreilles. Ma tête prise en étau dans mon casque repose à présent sur le dos de Paul, tandis que j'inhale la fragrance qui émane de lui par grandes goulées, comme droguée par son arôme si particulier.

ImprégnéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant