Chapitre 1

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19h30:

Je viens enfin de finir de déballer mes derniers cartons, il était temps ! Je suis arrivée à Forks il y a de cela une semaine afin d'y emménager pour le temps d'une année. Il y a environ un mois, une énième altercation avec mon paternel m'a finalement donné l'élan nécessaire afin de prendre une décision mûrement réfléchie. A savoir, quitter définitivement le domicile familiale. Je suis donc tout naturellement venue me refugier au sein du seul foyer que je n'ai jamais connu, auprès de Nana, ma grand-mère maternelle, me disant qu'une année sabbatique me ferait le plus grand bien avant de reprendre le chemin des études. Ce changement de climat ne peut être qu'une aubaine pour moi !
Me voici loin de la ville, de mes problèmes et surtout, de mes parents. Place au calme et à la nature, je vais enfin pouvoir mener ma vie pour moi, et pour moi seule. Plus besoin de jouer quelque rôle que ce soit, ici je n'ai rien à prouver à personne.

10h30:

Mon réveil sonne. Je me lève péniblement avant d'étirer mon dos en un craquement sourd.
C'est en traînant les pieds que je me dirige vers la salle de bain attenante à ma chambre.
Face à mon miroir, je défais mon chignon, laissant mes cheveux blonds tomber sur mes épaules. Je me déshabille ensuite avant d'entrer paresseusement dans la cabine de douche. L'eau brûlante coule le long de ma peaux, dénouant peu à peu les noeuds de mon dos, et réveillant également mes muscles endoloris par une nuit visiblement agitée.
Sous le jet brûlant, je cogite.
Les récents événements me reviennent soudainement en mémoire. Mon père,- un homme borné à l'esprit abrupt et étriqué -, me répétant sans cesse le même refrain :
"Dans la vie d'un adulte responsable, il n'y a pas de place pour les rêves et les enfantillages, seul le travail compte !"
Ou bien encore,
"Crois-tu vraiment arriver à quoi que ce soit un jour avec tes dessins et tes romans de gare ?! Si tu savais à quel point tu me déçois...".

Jamais en 19 ans, je n'ai réussis à faire quoi que ce soit pour le rendre fière rien qu'en étant moi même. Mes notes n'étaient jamais assez bonnes, mes efforts pour lui plaire restaient toujours vains, il en attendait toujours plus, - trop même -. Avec le temps et les déceptions accumulées, j'ai finis par comprendre que ses ambitions à mon égard resteraient à jamais insatiables.

Malheureusement, - lorsque j'ai ouvert les yeux -, je n'ai pu que constater l'état dans lequel ces années d'études acharnées m'avaient plongée : une profonde solitude.
D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été plutôt réservée et atteinte d'une certaine timidité. Me faire des amis n'a jamais été mon fort, et je me complaisais très bien dans ma rêverie solitaire. Il est vrai qu'aujourd'hui encore je me perd plus facilement dans mon imagination en étant seule. Mais je me suis récemment surprise à envier mes compères pour les liens tissés entre eux. Ce regard sur moi-même m'avait en fait amenée à voir la vérité en face, je n'avais finalement ni famille, ni amis à mes côtés...

Une fois ma toilette terminée, - de même que mes songes pour le moins déprimants -, je sors de la salle de bain, une serviette blanche nouée autours de mon buste. Un petit tour dans ma penderie et me voilà parée d'un col-roulé de couleur crème, d'un  jeans simple, ainsi que de grosses bottines de randonnée, le tout complété par une veste en jeans doublée de laine.
Après les avoir vaguement séchés, j'attache mes cheveux en une queue de cheval négligée et je tente désespérément de dompter ma frange qui, ce matin encore, refuse d'obtempérer. Une fois mon combat contre ma masse capillaire mené à bien, j'enfile une grosse écharpe à carcan écossais, mon fidèle sac à dos rempli de mon matériel de dessin, et me voilà dévalant les escaliers quatre à quatre en direction du salon.

Arrivée en bas, je découvre Nana, sortant une délicieuse fournée de cookies aux pépites de chocolats du four. À pas feutrés, je me glisse sournoisement dans son dos avant de déposer un furtif baiser sur sa joue tout en chipant un cookie fumant sur le plateaux, toujours entre ses mains.

ImprégnéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant