Chapitre 10

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23h50:

Il pleut des cordes, et l'orage n'en finit plus de déchirer le ciel de ses éclats de feu et de tambour, tandis que Paul et moi restons lovés l'un contre l'autre sans qu'aucun de nous ne semble vouloir briser notre étreinte. Je regarde ma montre, minuit sonnera bientôt, alors que la pluie diluvienne ne cesse de s'écraser rageusement contre le bitume. A contre cur, je m'extirpe des bras de mon beau complice pour lui désigner, presque résignée, le féroce rideaux de pluie s'abattant au devant de nous.

May: On fait quoi maintenant ? J'imagine qu'il n'est plus vraiment question de retourner à Forks avec une météo pareille.

Paul acquiesce silencieusement tout en hochant la tête d'un air à la fois contrit et entendu.

Paul: On va trouver une cabine téléphonique, il y en a une à quelques rues d'ici. Comme ça tu pourras appeler ta grand-mère pour la rassurer un peu et la prévenir que tu ne rentreras pas ce soir, et puis, j'ai un coup de fil à passer.

00h01:

Après avoir passé quelques minutes au téléphone avec Nana, non sans subir ses remontrances et sa mauvaise humeur causée par une fatigue teintée d'une inquiétude à peine dissimulée; me voilà à nouveau blottie sous un large porche, emmitouflée dans mon blouson, en attendant que Paul ne finisse son appel sur le trottoir d'en face.

Il me rejoint bientôt en quelques enjambées rapides,- lui valant une énième douche glacée ce qui ne semble pas le perturber le moins du monde -.

Paul: J'ai eu un vieil ami au téléphone, il habite Seattle et il est d'accord pour nous héberger ce soir, pas besoin de se casser la tête à chercher un hôtel !

Il me tire un large sourire triomphant dont lui seul a le secret, et m'entraîne à sa suite sans plus attendre en direction de son bolide. Devant la bécane rutilante, je marque un arrêt alors que Paul enfile déjà son casque ainsi que ses gants avant de me fixer, interrogatif.

May: On prend ta moto finalement ? Mais t'es complètement malade, on va finir trempés jusqu'à la moelle !

Je débite ma dernière phrase d'un seul trait, un air idiot plaqué sur le visage, tout en effectuant de grands gestes et en remuant les mains pour venir chasser l'air autour de moi. Ce faisant, je dois être particulièrement ridicule puisque mon acolyte éclate d'un rire cristallin tout en m'observant d'un air à la fois tendre et amusé.

Paul: Et dis moi princesse, tu comptais y aller comment ? A pieds peut-être ? Avec tes toutes petites jambes on y sera encore demain matin. Aller, enfile ton casque et tes gants et grimpe ; puis si t'as froid t'as qu'à me serrer fort contre ton ptit corps pour te réchauffer.

Il se met alors à me mimer une midinette grelottante au regard de biche égarée, ce qui finit de m'agacer complétement. Ni une, ni deux, je lui flanque un coup de coude dans les côtes en m'installant derrière lui, le faisant rire de plus belle.

May: Dans tes rêves, abrutis arrogant !

Paul: Aux dernières nouvelles, tu étais blottie dans les bras de l'abrutis arrogant il n'y a même pas vingt minutes.

Le connaissant, je peux sans peine imaginer un petit rictus satisfait étirer ses lèvres en un sourire narquois, fier de sa bêtise, mais surtout, fier d'avoir raison.

May: Mouais, c'est ta belle gueule qui te sauve, rien d'autre. D'ailleurs, fais moi penser à te remettre à ta place aussi souvent que faire se peut, sinon ton égo de mâle imbibé de testostérone risque de se gonfler d'orgueil jusqu'à m'exploser à la figure.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 28, 2022 ⏰

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