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Point de vue de Stacy :

Mon téléphone vibra contre ma cuisse. Lola. Je décrochai, vérifiant d'un coup d'œil que la porte de ma chambre était bien verrouillée.

— Allô ? T'es bien rentrée ?

— Oui, et toi ? Tes geôliers t'ont laissé respirer ? demanda-t-elle.

— À peine. Ils m'ont harcelée de questions sur Mathieu. J'ai l'interdiction formelle de lui adresser la parole. C'est... étouffant, Lola. J'en peux plus.

Un silence passa. Je sentais les murs de ma chambre se refermer sur moi. J'avais besoin d'air. De danger, peut-être. Juste pour me prouver que j'étais vivante et libre.

— On va au skatepark ? proposai-je sur un coup de tête. Juste toi et moi.

— Tu es suicidaire ? Si tes frères l'apprennent, ils t'enferment dans une tour jusqu'à tes trente ans.

— Qui a dit que je leur demanderais la permission ?
— Stacy... C'est une mauvaise idée.

— Je m'en fous. Je te retrouve là-bas dans dix minutes. Si tu viens pas, j'y reste seule.

Je raccrochai avant qu'elle ne puisse protester. Mon cœur battait la chamade, un mélange d'adrénaline et de terreur pure. Je gardai mes vêtements du matin, enfilai mes baskets et ouvris doucement ma fenêtre. Le silence régnait dans le couloir. Je descendis les escaliers comme une ombre, priant pour que le parquet ne craque pas, et me glissai dehors.

L'air frais du soir fouetta mon visage, mais au lieu de m'apaiser, il me donna la chair de poule.
Le skatepark n'était pas loin, mais à cette heure-ci, le soleil déclinait déjà, étirant des ombres menaçantes sur le béton.

J'arrivai la première. Lola n'était pas là.
Je m'assis sur un banc en métal froid, mes genoux serrés l'un contre l'autre, scrutant l'horizon. C'est alors que je les vis.

Cinq garçons. Plus vieux, plus bruyants. Ils traînaient près de la rampe, mais leur attention se détourna très vite de leurs planches pour se fixer sur moi.
Des prédateurs repérant une proie isolée.

Ils s'approchèrent. L'odeur rance de la cigarette et de l'alcool bon marché m'envahit les narines avant même qu'ils ne parlent.

— Salut, la jolie, lança le premier, un sourire en coin qui n'avait rien d'amical. T'attends ton prince charmant ?

Je fixai le sol, le cœur au bord des lèvres. Ne réponds pas. Ils vont partir.

— T'es muette ou quoi ? cracha le deuxième en s'approchant encore plus.

— Laissez-moi tranquille, murmurai-je, la voix tremblante.

— Elle parle ! s'exclama le troisième, le leader visiblement. Allez, viens t'amuser avec nous. On va bien s'occuper de toi.

Ce n'était pas une invitation. C'était un ordre.
Avant que je puisse réagir, deux d'entre eux me saisirent les bras. La poigne était brutale, douloureuse.
— Lâchez-moi ! A L'AIDE !

Je me débattis comme une forcenée, mais ils étaient trop forts. Je vis quelques passants au loin détourner le regard, accélérant le pas. Personne ne viendrait. J'étais seule.
Ils me traînèrent de force derrière les modules de skate, dans un coin sombre, à l'abri des regards indiscrets.

La panique m'aveugla.
— Arrête de bouger, salope !

L'un d'eux attrapa l'ourlet de mon t-shirt. Dans un bruit de tissu déchiré qui résonna comme un coup de tonnerre dans mes oreilles, je sentis l'air froid sur ma peau.
Je hurlai, un cri animal, désespéré. Je n'étais plus qu'en soutien-gorge. La nausée me submergea, violente. Leurs mains sales sur ma peau, leurs rires gras... Je fermai les yeux, priant pour que ça s'arrête, pour disparaître.

ᴍʏ ᴘʀᴏᴛᴇᴄᴛᴏʀs Où les histoires vivent. Découvrez maintenant