Point de vue de Stacy :
— LÂCHEZ-MOI !
Mon propre cri me déchira la gorge, me propulsant hors du sommeil. Je me redressai brusquement, le souffle court, la peau moite.
Autour de moi, le campement de fortune s'anima instantanément. Cinq ombres bondirent.
— Stacy ! On est là !
C'était James. Il avait déjà la main sur mon épaule, prêt à frapper un ennemi invisible.
Je clignai des yeux, la réalité reprenant le dessus sur l'horreur du cauchemar. Je n'étais pas dans cette ruelle sombre. J'étais dans ma chambre, entourée de mes frères.
— Désolée... soufflai-je, la voix brisée. Encore un cauchemar.
— Ne t'excuse pas, gronda doucement Nick en s'asseyant près de moi. Jamais.
Ils s'approchèrent pour me rassurer. Un mouvement collectif, instinctif. Je vis leurs bras se tendre. Pendant une fraction de seconde, mon corps se raidit. Un réflexe de survie stupide. Je vis la lueur de douleur passer dans les yeux de Louis, mais je pris sur moi et me laissai aller contre eux.
Nous finîmes par nous rendormir, une grappe humaine soudée par la peur et l'amour.
Le lendemain, le soleil était déjà haut quand j'ouvris les yeux. 10h00.
Le lycée... Tant pis. Je n'avais pas la force d'affronter les regards, le bruit, le monde.
La maison était silencieuse. Je me levai, attrapant le premier vêtement qui traînait : un immense sweat à capuche gris appartenant à Blake. Il m'arrivait à mi-cuisses et flottait autour de moi comme une armure de coton. C'était exactement ce qu'il me fallait. Cacher mon corps. Disparaître sous le tissu.
En descendant, je les trouvai tous dans la cuisine. L'ambiance était faussement détendue. Blake et James s'affairaient aux fourneaux, une pile de pancakes grandissant sur le plan de travail.
— Bonjour, la belle au bois dormant, lança Léo avec un sourire forcé.
Je m'assis sur un tabouret, remontant mes genoux contre ma poitrine.
— On a eu une idée, déclara James en posant une assiette devant moi. Pour te changer les idées.
— Ah oui ?
— La fête foraine, annonça-t-il. Celle sur les quais. Tu adorais y aller quand tu étais petite. Barbe à papa, manèges, tirs à la carabine... Ça te dit ?
Je vis l'espoir dans leurs yeux. Ils voulaient tellement réparer ce qui avait été brisé. Je ne pouvais pas leur dire non, même si l'idée de la foule me nouait l'estomac.
— D'accord, murmurai-je en tentant un sourire. Ça a l'air sympa.
L'atmosphère se détendit immédiatement, comme si je venais de désamorcer une bombe.
Deux heures plus tard, nous marchions au milieu des stands colorés. Mes frères formaient un pentagone impénétrable autour de moi. Personne ne pouvait m'approcher à moins de deux mètres.
Malgré leur protection, je sursautais au moindre éclatement de ballon ou cri de joie.
— Une glace ? proposa Blake en désignant un stand un peu plus loin, vers la sortie.
— Volontiers.
Nous nous dirigeâmes vers le marchand.
— Je... je dois aller aux toilettes, dis-je soudainement.
Ils se figèrent tous.
— On t'accompagne, dit immédiatement Chris.
— C'est juste là, indiquai-je en pointant le bâtiment en briques à dix mètres. Vous m'attendez devant la porte ? S'il vous plaît... Je ne vais pas m'enfuir.
Ils échangèrent un regard inquiet, puis Blake hocha la tête.
— On reste devant la porte. Tu as deux minutes. Pas une de plus.
J'entrai dans les sanitaires déserts. L'odeur d'eau de Javel me prit à la gorge. Je passai de l'eau froide sur mon visage, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur.
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ᴍʏ ᴘʀᴏᴛᴇᴄᴛᴏʀs
Ficção AdolescenteAprès la mort de ses parents, Stacy se retrouve sous la responsabilité de ses grands frères. Des hommes profondément protecteurs, parfois trop, pour qui leur sœur représente un trésor inestimable. Un joyau qu'ils refusent de voir se briser. À tel po...
